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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Jacques Chirac, n'était pas une démarche nécessaire à Giscard ! » Il précise sa pensée : « VGE avait là la seule occasion d'apparaître au-dessus des partis. Il la perd en apparaissant inutilement comme le candidat de l'UDF. Il n'y gagne rien. »
    D'autant – je termine sa phrase – que l'UDF n'ayant toujours pas réussi à peser politiquement plus que le RPR, c'est, pour Giscard, tenir sa candidature du plus petit des partis de la majorité.

    7 février (J − 77)
    Le congrès extraordinaire du RPR est réuni au Parc floral de Vincennes. Je ne choisirais pas ceux qui ont décoré la salle pour rénover mon appartement : la salle est bleue, les tables recouvertes de feutrine verte, les fauteuils sont rouges ! Il n'empêche : par ses dimensions, par la foule qui s'y presse, par la majesté de la haute tribune au milieu, la cérémonie, puisque c'en est une, a une gueule folle.
    Peu de temps me suffit néanmoins pour m'en convaincre : ce congrès est inutile, fabriqué de toutes pièces pour donner aux uns et aux autres le bonheur de participer à une aventure, celle de Chirac, sur laquelle aucun d'entre eux n'a pesé, et qu'ils acceptent avec joie, certes – à 95 % des voix ! –, mais sans l'avoir décidée. Les « barons » hostiles à la candidature de Jacques Chirac contre Giscard ne sont pas venus : Guichard, Chaban, Peyrefitte et Guéna sont restés chez eux.
    Sans grand intérêt, donc, sauf que j'y vois, comme tout le monde, la confirmation que le gaullisme a volé en éclats. Et ces deux informations :
    – René Tomasini me prend à part pour me raconter que dans son département, l'Eure, il était parvenu à déplacer quatre cents de ses adhérents qu'il avait persuadés de voter communiste au premier tour des législatives de 1978 pour battre son concurrent socialiste ! Ces quatre cents-là, il en fait ce qu'il veut : en tout cas, ils ne voteront Giscard ni au premier, ni au deuxième tour de la présidentielle...
    – Charles Pasqua pense que si Valéry Giscard d'Estaing tarde trop à se présenter, sa dégringolade deviendra irréversible. Il devrait donc faire acte de candidature avant le mois de mars. Sinon, il a de réelles chances d'être battu par Mitterrand.
    Curieux, Charles Pasqua : il tient auprès de Jacques Chirac un rôle éminent, celui d'homme orchestre, tantôt organisateur de meetings, tantôt conseiller électoral, tantôt boute-en-train. Il ne prétend pas, comme Pierre Juillet ou Marie-France, être son directeur de conscience, ni son stratège en chef. Il a compris ce qu'eux n'avaient pas voulu voir : que Chirac n'en faisait jamais vraiment qu'à sa tête et qu'il était loin d'être la sorte de pantin qu'ils croyaient qu'il était.
    La bonhomie de Pasqua, réelle, n'a pas empêché qu'il ait passé, à un moment, pour le patron du SAC, bras musclé, sinon armé, de l'UDR, puis du RPR. Ce qui explique la sorte de considération bizarre dont il est entouré chez les chiraquiens : Pasqua, combien de divisions ?
    En outre, me dit-il, le RPR ne souhaite pas avoir des ministres dans un gouvernement socialiste. En cas de victoire de la gauche, il jouerait le recours.
    Cette confidence-là est plus qu'intéressante : elle montre que Pasqua, pas plus donc que Chirac, ne croit pas à une possible victoire. L'objectif est de prendre date et, surtout, de prendre place.

    Vu Michel Debré après la cérémonie chiraquienne. Impavide, mais déconnecté.

    8 février
    Réflexion faite, Michel Debré me rappelle le lendemain matin pour me dire : « Si vous avez un conseil à me donner, allez-y ! C'est le moment ! »
    Je bégaie. Il insiste. Je n'ose lui dire qu'il faut qu'il se retire : pas par lâcheté, mais parce que, tout simplement, je pense que ce n'est pas mon rôle. Je suis journaliste, pas conseillère. D'ailleurs, je ne me fais aucune illusion : les conseils ne servent à rien auprès de cette race d'hommes qui ne suivent que leur propre pente.
    Je lui dis donc qu'il doit, à mon sens, porter témoignage sans se faire d'illusions.
    Il n'est pas très gai, en m'écoutant.

    Paul-Marie de la Gorce, qui a pour Debré respect et admiration, et avec qui j'évoque cette conversation, me dit dans un style qui n'est pas toujours le sien : « Complètement con : le plus tôt il s'en va, le mieux cela vaudra ! »

    9 février
    Déjeuner avec François Ceyrac, patron des patrons. Il s'anime au cours du repas pour dire que, Programme commun

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