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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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plaisir à l'UDF et surtout à Matignon où Barre en a plus qu'assez, paraît-il, des recommandations du président du RPR en faveur de la relance, Jacques Chirac ne serait-il plus qu'un rat dans une lessiveuse ? Qu'un animal enfermé trottant inlassablement dans sa cage ?
    Mauroy et Labbé, les éternels seconds, même combat ?

    5 juillet, toujours
    Jacques Chirac insiste auprès de Bernard Lefort 46 , qui me le raconte, sur son sentiment ambigu vis-à-vis de l'Europe. Il est hostile à l'entrée de l'Espagne dans le Marché commun : « Je suis contre, je l'ai toujours dit ! » D'où son embarras face aux futures élections à l'Assemblée européenne. Son leitmotiv est : « Trop d'Europe tue l'Europe. »
    Il souhaite donc être vigilant pour que le pouvoir ne dérape pas. Le problème est de savoir jusqu'où il peut aller.
    C'est d'ailleurs plus largement l'équation qu'il a à résoudre depuis la victoire de la majorité il y a trois mois. Il tourne en rond, persuadé que, sans lui, Giscard n'aurait pas gagné, que lui, Chirac, ne profite pas de la victoire qu'il lui a apportée sur un plateau, et qu'il fait du surplace. Il piaffe, donc, rendant tour à tour responsables ses conseillers – y compris, me dit-on, Marie-France Garaud et Pierre Juillet – et les parlementaires et autres militants RPR, bien capables de se rallier à Giscard vainqueur.

    6 juillet
    Rencontre entre Jean de Lipkowski, proche de Chirac, et François Mitterrand, chez Édith Cresson qui sert d'intermédiaire. Chirac y était-il ? C'est ce qu'on murmure. Jean et Édith démentent avec la plus grande vigueur. Je ne suis pas en mesure de connaître la vérité.

    17 juillet
    Rencontré une nouvelle fois Pierre Mauroy. L'accord auquel il est parvenu avec Mitterrand samedi dernier (il y a plus de dix jours, après sa sortie au secrétariat du Parti) lui paraît très problématique et peu durable. Même si Mitterrand n'a pas voulu déclencher la lutte contre lui, que de sujets de conflits prévisibles dans les mois qui viennent ! Il les énumère : la représentation au comité directeur doit-elle être régionale, ce qui couperait le PS en autant de baronnies régionales ? Mauroy n'est pas chaud.
    Plus grave lui paraît la façon dont il est traité par la « bande » à Mitterrand, comme il dit maintenant : lors de la réunion de la commission interne sur le règlement intérieur, que préside Mauroy, tous les conventionnels amis de Mitterrand se sont fait remplacer par leur suppléant. Pourquoi ? Pour ne pas être là, tout simplement, pour ne pas être liés par une discussion avec Mauroy.
    Plus il en parle, plus il s'énerve. Lorsqu'il est revenu à Lille, après le samedi où avait eu lieu l'affrontement avec François Mitterrand, il a trouvé, m'assure-t-il, des militants de sa fédération pour lui dire : « Pourquoi n'as-tu pas été plus loin ? Pourquoi ne pas te débarrasser de lui ? »
    Curieux destin que celui de Mitterrand. Pourquoi ne prend-il pas du recul ? Pourquoi ne prépare-t-il pas son départ ? Faut-il y voir, comme le suppose Maurice Faure, le réflexe qui a amené Napoléon à Waterloo, de Gaulle au référendum fatal, et peut-être Hitler en Russie ?
    Il reste que – Mauroy ne le conteste d'ailleurs pas – Mitterrand a raison lorsqu'il dit que tout le monde a été d'accord, au PS, pour signer, entre les deux tours des élections législatives, l'accord avec le Parti communiste, le 13 mars dernier. Et que ceux qui le lui reprochent aujourd'hui sont donc malvenus de le faire.

    Fin juillet
    J'ai décidé de me changer les idées et de quitter pour quelques semaines la vie politique intérieure. Puisque tout le monde fait du surplace, inutile que j'en fasse, moi aussi ! Le coup d'État à Nouakchott m'amène à partir pour Rabat.

    Fin août
    Désagréable, très désagréable sondage pour François Mitterrand en cette fin d'été. L'image d'un Mitterrand trop atteint pour défendre les intérêts du Parti socialiste et, en même temps, d'un Parti socialiste, toujours fort dans l'opinion publique, qui lorgne vers Michel Rocard.
    Ainsi Mitterrand apparaît-il aujourd'hui, en dépit de tous ses efforts, comme un leader usé, qui a derrière lui trop de campagnes perdues, trop de grandes marches. Un leader dont la ligne politique est remise en cause, une partie des socialistes commençant à envisager une ligne sociale-démocrate. Il reste le premier secrétaire du PS, mais il n'est

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