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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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exclusif les idées que celui-ci a exprimées ou mises en avant le premier. » Il réfléchit un peu : « D'ailleurs, ajoute-t-il, personne ne l'aime. Pas plus Jean François-Poncet, toujours impeccable, que moi. »
    Enfin, dernière salve : « Giscard fait des erreurs. Ce ne sont pas des erreurs de générosité ; ce sont les erreurs de ses défauts. Disons que, depuis quelques mois, la distance entre l'erreur qu'il commet et la récupération de l'erreur est plus réduite ! »

    11 octobre
    Yves Guéna m'affirme que le langage du Premier ministre crée un grave malaise au RPR. Au conseil politique du mouvement, ces derniers jours, certains, dont Michel Debré (sur le problème européen, notamment), ont envisagé la rupture. Et puis des éléments plus modérés, dont était Yves Guéna, ont conseillé une solution intermédiaire : une sorte de mise en garde au gouvernement. C'est donc lui qui, sur un ton courtois, s'est adressé à Raymond Barre, lors d'une réunion, lundi dernier, pour faire part des inquiétudes du RPR sur l'emploi, sur la place de la France dans la construction européenne, et sur la place du RPR dans la majorité. Au nom de tout le groupe, il a demandé des garanties au chef du gouvernement. Lesquelles ?
    « Eh bien, par exemple, qu'après le vote du budget, on ne nous enfile pas des textes dont nous ne voudrions pas : la proportionnelle aux municipales, le non-cumul des mandats. La réponse apportée par Barre a été claire : ces deux textes ne seront pas à l'ordre du jour de la session parlementaire. Après cela, au comité central du RPR, c'est Chirac qui a tiré les conclusions de ce qui venait de se passer en définissant la ligne du mouvement : trêve au groupe parlementaire, sursis pour le gouvernement. »
    Commentaire final de Guéna sur Barre : « Le RPR a contribué à ouvrir les yeux de tout le monde sur les défauts de Barre. Nous sortirons grandis de l'insuffisance et de la suffisance de ce gouvernement ! »
    Même jour, 11 octobre, Mauroy, hier au téléphone. Il me raconte que la réunion du bureau socialiste a été franchement épouvantable. À l'ordre du jour, les statuts et la réforme du règlement intérieur. Mais, désormais, tout dépasse les querelles de détail et les points subsidiaires. Il me dit avoir assisté, hier, à toutes les combinaisons : Mitterrand-Mauroy contre Rocard, Rocard-Mauroy contre Mitterrand, Mitterrand-Rocard contre Mauroy. Avec quelques échanges du genre :
    Mauroy : « Bon, eh bien, dans ces conditions, il n'y a plus de majorité, chacun de nous présentera son texte au congrès. »
    Mitterrand : « Et qu'est-ce que ça change ? »
    Mauroy : « Tout, peut-être ! »
    Mitterrand comprend très bien le message. Ce que Mauroy n'ose pas lui dire tout en le lui laissant envisager, c'est : « Ce qui change, c'est que je vais m'allier à Michel Rocard, et qu'on va vous foutre en l'air ! »
    Résultat : la trêve entre les combattants, comme entre Chirac et le gouvernement.

    12 octobre
    Réunion informelle de Mitterrand avec les journalistes. Il est drôle, détendu, sans faire aucune allusion aux problèmes internes dont m'a parlé Mauroy.
    Le règlement intérieur ? « Sujet peu intéressant, mais clair. Finalement, comme il n'y avait pas accord entre nous sur le règlement et la réforme des statuts qu'il impliquait, j'ai dit : pas question d'imposer cela si quelqu'un s'y oppose ! Je note donc que le projet d'une réforme profonde n'est pas possible aujourd'hui. »
    La rencontre des socialistes avec Raymond Barre, que ce dernier lui propose entre le 30 octobre et le 9 novembre : Mitterrand n'ira pas. « Je ne suis pas mondain de nature, ironise-t-il. Je ne peux pas aller à tout bout de champ dans les palais officiels pour y entrer et en ressortir aussitôt ! »
    Même ironie sur le RPR, qui est « en train de connaître les inconvénients cumulés de la majorité et de l'opposition ! ».
    Le rêve social-démocrate de Giscard ? « Présenter la social-démocratie comme quelque chose d'un peu sucré, qui pourrait bien lui convenir, est une plaisanterie : les sociaux-démocrates, en Allemagne, en Suède, au Portugal, sont les héritiers des mouvements ouvriers, et plus encore qu'en France ils sont l'expression des syndicats. L'adversaire du socialisme, de la social-démocratie, c'est le capitalisme, voilà tout. »
    Et une pique sur Rocard : « Je trouve normal que les autres socialistes

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