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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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avant ? »
    Bérégovoy, lui, brandit tout simplement la menace de l’application de l’article 16 : si vraiment il appert que le gouvernement est incapable de faire respecter l’ordre public, alors – ce sont ses mots exacts – « le président de la République aurait à imaginer les solutions qui s’imposent 13  ».
    Il a souligné, pour faire bon poids, la nécessité, pour le chef de l’État, « d’assurer le fonctionnement régulier des pouvoirs publics 14  ».
    Il me paraîtrait étonnant que ces questions et ces interventions ne soient pas soufflées par Mitterrand à son ancien ministre ou à l’ancien secrétaire général de l’Élysée... Entre Mitterrand et Chirac, l’atmosphère doit être de plomb.
     
    Tout le reste de l’actualité – nouveau découpage électoral, scrutin majoritaire, campagne de Lionel Jospin contre Dominique Baudis 15 à Toulouse à l’occasion d’une législative partielle, et même l’hostilité des présidents d’université au projet de loi d’Alain Devaquet 16  – paraît à l’évidence secondaire à Mitterrand. L’accord de Stockholm 17 lui-même, qui vient d’être signé entre l’Est et l’Ouest, ne parvient pas à faire oublier que, tandis que les relations entre les États-Unis et la Russie soviétique s’améliorent, c’est entre le Nord et le Sud que la tension maintenant s’accentue.
    À noter pourtant – parce que c’est significatif de la marche de la cohabitation – l’inscription des ordonnances sur le découpage électoral au menu du Conseil des ministres de ce matin, à l’issue d’un processus qui dure depuis juillet, puisque c’est à ce moment-là que Charles Pasqua a confié à une commission de six sages le soin de proposer un nouveau découpage des circonscriptions législatives. En août, le Conseil d’État, saisi pour la première fois, avait demandé à la commission de refaire sa copie. Après ultimes modifications dePasqua, retour jeudi, vendredi et samedi dernier au Conseil d’État, qui a donné à toute allure son verdict globalement positif hier matin.
    Je me suis amusée à suivre l’itinéraire de ce texte dans la journée d’hier mardi : tout frais sorti du Conseil d’État, il a été transmis à Michel Charasse vers 16 h 30 18 . Ce qui prouve en passant que Charasse, avec sa mauvaise humeur, ses gros rires et ses lunettes vissées sur le crâne, est toujours le conseiller politique le plus proche de Mitterrand. Le secrétaire général de l’Élysée, Jean-Louis Bianco, ne l’a eu, lui, que vers 17 h 30. Vers 19 heures, Mitterrand est sorti de son bureau pour remettre, dans la salle des fêtes, au rez-de-chaussée, les insignes de la Légion d’honneur à Georges Fillioud. S’il a analysé la mouture finale du texte, ce ne peut être que dans la soirée, en faisant des heures supplémentaires, après 21 heures !
    Acceptera-t-il l’ordonnance ou pas ? Il a laissé le doute planer sur son attitude ce matin en Conseil des ministres : il prendra le temps, le temps qu’il voudra, pour donner son avis sur le texte qu’il dit ne pas avoir eu le temps d’examiner.

    26 septembre
    C’était couru et je le pressentais : l’Élysée vient de s’étonner de la facilité avec laquelle Mgr Hilarion Capucci, ancien patriarche de Jérusalem, a pu rencontrer hier, dans sa cellule, Ibrahim Abdallah avant de rendre compte, apparemment à Robert Pandraud, ministre délégué auprès du ministre de l’intérieur. « Extravagante visite », dit l’Élysée.
    De là à soupçonner Matignon de négocier avec Abdallah alors même que Chirac affirme le contraire, il n’y a qu’un pas.

    29 septembre
    Je n’ai pas parlé ici des élections sénatoriales qui ont eu lieu dans trente départements, pas plus que des législatives partielles en Haute-Garonne où Jospin se présentait hier contre Dominique Baudis à Toulouse.
    Succès indéniable pour Baudis, qui a gagné trois points à l’issue d’une campagne où il a joué Toulouse contre Paris. Le système de la représentation proportionnelle a fait que Lionel Jospin, sans faire monts et merveilles – en étant même, selon les journalistes qui ont suivi sa campagne, particulièrement dépourvu de brio –, est élu de Toulouse avec un assez beau score : 37,3 % des suffrages. S’il avait obtenu moins de 33 %, il aurait sans doute perdu le premier secrétariat du PS. Il le garde à l’issue du scrutin.
    Quant aux

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