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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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tenu pour responsable d’une politique gouvernementale qu’il ne choisit pas, et pourtant contraint d’en être solidaire. Surtout, il n’est plus aujourd’hui porteur de valeurs morales ou humanitaires, il apparaît plutôt comme compromis par l’exercice du pouvoir, et, en même temps, plus gravement encore corrompu par les « affaires ».
    J’en reviens au résultat du Nord : le PS n’est plus le rempart idéologique contre le Front national. Il est contraint, au moins dans cette 4 e  circonscription du Nord, de laisser la droite affronter, en champion de l’antiracisme, Jean-Marie Le Pen.
    29 janvier
    Édith Cresson vient vendre, sur le plateau du 20 heures, le rapprochement industriel entre Bull et IBM. Elle répond aux questionsde PPDA avec application. Manifestement, pourtant, le cœur est ailleurs : lorsqu’elle quitte le plateau et revient dans le salon de maquillage de Cognacq-Jay, le silence est à couper au couteau. Pas un mot, pas un geste, pas un sourire. Pour essayer d’établir un soupçon de dialogue, je lui demande si elle a eu le temps de dire ce qu’elle voulait, et tout ce qu’elle voulait.
    « Non, me répond-elle, je n’ai pas dit : y en a marre ! »
    31 janvier
    Pas un jour sans sa crise.
    Hier, c’était la crise Habache 4 . Celui-ci, malade, est arrivé à Paris dans un avion de la Croix-Rouge. Georges Habache à Paris ! Mitterrand n’était apparemment pas au courant. Mais comment soutenir que ni François Scheer, secrétaire général du Quai d’Orsay, ni Bernard Kessedjian, son directeur de cabinet, n’aient prévenu leur ministre, Roland Dumas ? Comment le directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, Christian Vigouroux, n’a-t-il pas davantage cherché à mettre Philippe Marchand au courant ?
    Claude Cheysson, que j’ai eu tout à l’heure au téléphone, ne voit pas comment, ni qui d’autre que Roland Dumas aurait pu prendre la responsabilité de l’atterrissage de l’avion d’Habache. Il me dit que celui-ci est en effet très malade, et s’indigne devant la « lâcheté » – c’est son mot – de Dumas, qui laisse condamner ses collaborateurs sans mot dire.
    Il souligne deux erreurs grossières commises par son successeur au Quai d’Orsay. La première est que personne n’a cherché à vérifier si, oui ou non, Habache était mourant : c’est ce qu’on a dit. Il aurait fallu savoir dans quel état Habache avait quitté, au Bourget, l’avion qui l’avait amené à Paris 5 . La seconde est que personne ne se soitassuré, avant de lui donner l’autorisation d’atterrir en France, qu’aucune instruction en cours ne se déroulait contre lui.
    « François Scheer, convient-il, a certes été léger dans cette affaire. Dans ce cas, c’est néanmoins au ministre de présenter sa démission. »
    Cette affaire montre à quel point les rouages de l’État fonctionnent mal. Une fois de plus, le Premier ministre n’a même pas été mis au courant.
    « Tout cela, ajoute Cheysson, pose aussi le problème de la responsabilité de Mitterrand. Celle d’Hubert Védrine, aussi. »
    Pourquoi Védrine ? D’une voix aigre, Cheysson se montre inexplicablement sévère à son endroit, sans que je sois en mesure de savoir si ce qu’il m’a dit est fondé ou pas. Il le rend responsable de trois erreurs majeures de Mitterrand. La première, l’été dernier, a été le jugement porté par Mitterrand sur le putsch de Moscou, et la précipitation avec laquelle le Président a reconnu l’existence et presque la légitimité du putsch. La deuxième a été le télégramme de remerciements envoyé au roi du Maroc après la libération de prisonniers politiques détenus depuis quatorze ans ! « La troisième bourde, conclut Cheysson en raccrochant, est celle-ci. »
     
    François Mitterrand était en voyage à Oman où il a appris, semble-t-il, la nouvelle. Fureur : une heure de retard au dîner du soir. Et, en plus, une scène de ménage avec sa femme parce qu’il avait invité au dîner officiel la blonde Suédoise qui le suit partout...
    3 février
    À Oman, avant que la France s’énerve à propos de l’affaire Georges Habache, Mitterrand (Jean-Luc Mano, qui le suivait pour TF1, me le dit aujourd’hui) était déjà au comble de la mauvaise humeur.
    Inutile de dire que lorsqu’il apprend que Georges Habache est à Paris, sa mauvaise humeur se change en violente irritation. Il chasse Jean Musitelli 6 , porteur de la

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