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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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sans doute pas. Il parle de « l’enfermement de Juppé », pour dire aussitôt : « Allons donc, il est aussi celui de Chirac depuis 1995. »
     
    À peine arrivés, on se retrouve dans une salle de bistrot psychédélique avec 20 personnes seulement. Degré de conviction de l’assistance : très moyen. Des questions qui émanent plutôt de partisans du Front national, du genre : « D’après ce que j’ai compris, si une entreprise portugaise recrute des agents français, elle n’est pas obligée de payer des charges sociales ? – Non, non, proteste Balladur, ce n’est pas cela du tout ! » Autre question : « Je travaille en France, mais je paie mes impôts et mes charges sociales au Portugal : que faire ? » Manifestement, ces gens ont un problème avec le Portugal, et Balladur ne leur est pas d’un grand secours.
     
    Puis meeting à Bourg-en-Bresse. Pour le coup, je ne sens plus aucun élan : à la tribune, les orateurs ne croient même plus à ce qu’ils disent. Les derniers sondages les plombent. L’assistance aussi.
    Nous reprenons l’avion. Je dis à Balladur que tout cela était un peu triste, malgré tout le mal qu’il s’est donné pour paraître assuré de la victoire.
    « Vous le savez bien, n’est-ce-pas, que nous avons perdu ? »
    La brutalité avec laquelle il m’a dit ces mots n’est pas dans sa nature. Il ne sera plus Premier ministre, pas plus que Séguin, Madelin ou Léotard.
    Je me demande à quoi il pense en cet instant : pense-t-il que s’il avait été élu en 1995, tout aurait changé ? Est-il plutôt content queChirac ait perdu la partie, ou plutôt navré de voir disparaître ses chances de revenir au gouvernement ?
    De toute façon, c’est encore prématuré : le vote a lieu après-demain.
    1 er  juin
    Les sondages ne se sont pas trompés : 313 élus communistes et socialistes. J’ai la réponse à la question que je me posais hier à propos de Balladur. Il a été le premier à commenter, tout à l’heure, les premiers résultats, à 20 heures et cinq minutes, en mettant en cause Chirac, sans le dire, et ceux qui ont fait tant de promesses qu’ils n’ont pas pu tenir.
    2 juin
    Ce matin, au cours de la réunion du bureau national du PS, Jospin a peu parlé de ce qui s’est passé avec Chirac, le matin même. Il a en revanche livré tous ses commentaires sur la victoire de la gauche. Le second tour a pris la forme d’un vote-sanction envers le Premier ministre. Il a montré une adhésion aux propositions socialistes et le rejet d’une manipulation, la dissolution. Il a aussi été la démonstration que, selon sa formule, « l’union fait la force de chacun ».
    Voilà : demain, ce sera la passation des pouvoirs.
    Cette élection est une histoire remarquable : Chirac disposait d’une large majorité, la gauche était prise de court par des élections anticipées. Trois semaines plus tard, elle a gagné après une campagne que Chirac avait voulue courte pour que, justement, l’opposition n’ait pas le temps de se préparer.
    Pourquoi Chirac a-t-il joué cette carte de la dissolution, comme au poker ? Parce qu’il ne voulait pas se débarrasser de Juppé, comme le disent certains ? Parce qu’il pensait ne pas avoir de Premier ministre de rechange ? Parce qu’il n’a pas su passer à temps l’éponge sur la candidature Balladur ? Parce que la fameuse note de conjoncture établie par Bercy lui laissait penser qu’il ne s’en sortirait pas, que la France ne satisferait pas aux critères de Maastricht, et que cela, c’était pire que tout ? Tout cela, sans doute, en même temps.
    La France entre dans sa troisième cohabitation. On le sait, elle durera plus longtemps que les autres : Chirac et Jospin vont devoirse supporter cinq ans. Dès ce matin, Jospin a déjà voulu imposer son style : c’est lui-même et pas, selon la coutume, le secrétaire général de la Présidence, qui, sur le perron de l’Élysée, a annoncé à la France entière que le Président venait de le choisir comme Premier ministre.
    La gauche est-elle prête à prendre les rênes ? Comme me le répète Gilles Martinet aujourd’hui encore, a-t-elle assez travaillé, assez réfléchi ?

INDEX
    A BDALLAH , Émile Ibrahim : 25, 27, 29, 31, 35, 37-38, 373.
    A BDALLAH , Georges Ibrahim : 29, 35, 37, 373.
    A BITBOL , William : 594, 699, 726.
    A DLER , Alexandre : 695, 871.
    A IDENBAUM , Pierre : 777.
    A LEXANDRE , Jacques : 114.
    A LEXANDRE ,

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