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Caïn et Abel

Caïn et Abel

Titel: Caïn et Abel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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sur le lac de Tibériade que le Christ apaisait, et les filets qu’il remplissait d’une pêche miraculeuse. Ou bien encore c’était l’ascension du mont Hermon : Jean qui, en compagnie de Pierre et de Jacques, suivait Jésus jusqu’au sommet. Et tous trois assistaient, emplis d’effroi, à la Transfiguration du Christ :
    « Son visage resplendit comme le soleil et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Et voilà que Moïse et Élie apparurent, et qu’une nuée lumineuse les couvrit, et une voix se fit entendre, disant : “Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances. Écoutez-le !” »
    Jean avouait qu’il s’était, comme Pierre et Jacques, jeté au sol, fermant les yeux, bouche ouverte contre la terre, saisi d’une grande terreur. Jésus s’était approché, l’avait touché et avait dit :
    « Levez-vous, ne craignez point, écoutez-moi ! »
     
    À nouveau, Jean se cachait le visage entre les mains et sa voix exprimait le désespoir et la colère.
    Car les hommes n’avaient pas entendu le Christ. Ils n’avaient pas reconnu qu’il était homme et Dieu, ayant choisi de souffrir comme un homme, allant jusqu’à la mort, le corps déchiré par la flagellation, le front et la nuque percés par la couronned’épines, les membres troués par les longs clous de la Crucifixion, le flanc ouvert par la lance d’un soldat. Il avait été supplicié comme le plus misérable des hommes, voleur, esclave ou criminel ; il était mort comme l’un d’eux, dans la souffrance, et il ne s’était pas épargné l’instant du doute, quand la Bête était venue flairer l’homme sans défense à l’agonie.
     
    Mais la Résurrection annoncée s’était produite et Jean avait pénétré avec Pierre dans le tombeau vide. Puis, avec les apôtres, il avait vu et écouté le Christ ressuscité. Et il avait été, avec Pierre, l’une des colonnes de l’Église du Christ. Elle s’élevait, elle devait annoncer aux hommes la Grande Nouvelle, l’Évangile.
    Jean avait prêché à Jérusalem. Il avait été emprisonné avec Pierre et les juges du Grand Conseil avaient voulu qu’on les lapidât, puisque ces deux hommes se proclamaient disciples de l’Imposteur, ce Jésus qui s’était prétendu Messie et qu’on avait crucifié, et que Ponce Pilate, le procurateur romain, avait désigné par dérision, pour blasphémer, insulter le peuple élu, comme étant Jésus de Nazareth, roi des Juifs.
    Ce qui est écrit est écrit.
     
    Mais, au sein de ce Sanhédrin qui jugeait Jean, un rabbin, Gamaliel, « docteur de la Loi, précieux pour tout le peuple », éleva la voix :
    « Israélites, dit-il, prenez garde à ce que vous allez faire de ces hommes… Éloignez-vous d’eux et laissez-les, car si leur entreprise ou leur œuvre vient des hommes, elle se défera, et si elle est de Dieu, vous ne pourrez la défaire. Que jamais on ne vous trouve adversaires de Dieu ! »
    Les juges du Sanhédrin firent confiance à Gamaliel.
    « Nous fûmes rappelés devant les juges du Sanhédrin, racontait Jean. Nous attendions la mort, les pierres qui fracassent la tête, martèlent le visage, mais on se contenta de nous faire battre à coups de verges en nous ordonnant de ne plus parler au nom de Jésus. »
    À chaque fois qu’il parvenait à ce moment de son récit, Jean interrogeait Prochoros :
    « Et que crois-tu que nous fîmes ? »
    Prochoros riait, car c’était devenu entre eux deux un rituel attendu.
    « Tu te rendis au Temple, Maître, et tu enseignas et annonças le Christ Jésus. »
    Et Jean ajoutait :
    « La parole de Dieu croissait, le nombre des disciples à Jérusalem s’amplifiait, et une grosse foulede prêtres obéissait à la foi. Alors nous décidâmes, nous, apôtres du Christ, de trouver parmi la multitude des disciples sept hommes de renom, pleins d’esprit et de sagesse, pour nous assister, et tu fus l’un d’eux, Prochoros, et j’en remercie Dieu. Il y avait Philippe, Nicanor, Timon, Parménas, Nicolas, qui venait d’Antioche, et Étienne, plein de foi et d’Esprit saint, qui accomplissait des prodiges et que le peuple écoutait, car il était toute grâce et puissance. »
     
    La voix de Prochoros tremblait quand il évoquait Étienne, sa parole drue, le courage qu’il avait montré lorsqu’il avait été convoqué devant le Sanhédrin :
    « Nuques raides, avait-il crié, incirconcis de cœur et d’oreilles, vous n’arrêtez

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