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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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dans le hall, et puis allèrent s’évanouir dans la rue du Gros-Horloge. Le jeune homme soupira. Il se dit qu’Édith était peut-être un peu excessive dans ses paroles, mais qu’elle n’avait pas tout à fait tort. Elle exagérait un peu, il n’était pas malade, mais il n’était pas heureux non plus. Sans le savoir, il avait renoncé au bonheur depuis la fin de la guerre. Combien de femmes n’avait-il pas cherché à séduire ces derniers mois ? Certaines avaient franchi le pas de cette porte, mais aucune n’avait réussi à franchir le seuil de sa vie. Le Bihan sentait de plus en plus – encore que de manière confuse – que cette existence n’était pas celle qu’il avait envie de vivre. L’appartement bourgeois au centre-ville. Les sourires polis et creux adressés aux voisins. Les élèves qui se fichaient des réformes de Colbert comme de leur premier caramel. Ces jolies jeunes femmes dont aucune n’arrivait à lui faire oublier le souvenir de Joséphine.
    Une fois encore, la sonnette retentit. Se pouvait-il qu’Édith soit revenue ? Était-elle plus accrochée qu’il ne le pensait ? Sa confusion fut de courte durée. Ce n’était pas la sonnette qui tintinnabulait, mais la sonnerie du téléphone. Encore un luxe qu’il s’était offert quand il avait décidé de mener une vie respectable. L’objet trônait sur une petite table en bois sombre que sa voisine, la vieille Madame Rivière, qui venait de temps en temps l’aider pour son ménage, avait d’autorité ornée d’un petit napperon en dentelle de Bruges. Une sainte horreur avec laquelle il avait appris à cohabiter au fil du temps.
    Le Bihan décrocha.
    — Allô ? Pierre Le Bihan à l’appareil.
    — Messire... Messire... dit une voix étranglée par la peur.
    — Pardon ? À qui ai-je l’honneur ?
    — Messire... de grâce, j’implore votre aide !
    — C’est une plaisanterie ?
    Très cordial au début de la conversation, le ton de Le Bihan se faisait déjà un peu excédé.
    — Messire, par pitié ! poursuivit la voix de plus en plus angoissée. Venez-nous en aide !
    — Mais Madame, qui êtes-vous ?
    — Mon nom ne vous dira rien. Je me nomme Philippa. Les hommes du roi sont sur le point de prendre la forteresse.
    La voix de la femme trahissait une angoisse profonde. Plutôt qu’une bonne comédienne, elle devait être une vraie démente en détresse.
    — Mais que me racontez-vous ? Où êtes-vous ?
    — À Montségur, répondit-elle à voix plus basse. Mourir ne me fait pas peur, mais notre foi, elle, ne peut point disparaître.
    — À Montségur ? Mais expliquez-vous !
    — Je ne puis continuer à vous parler, cela est trop dangereux. Mais de grâce, je vous en supplie. Aidez-moi ! Aidez-nous !
    La communication fut interrompue, mais Le Bihan attendit quelques minutes avant de raccrocher le combiné. Longtemps, son regard se perdit dans les petites roses ajourées du napperon de Madame Rivière. Que venait-il de se passer ? Le jeune homme s’assit pour réfléchir. Mais quelle réflexion sensée pouvait-il avoir sur ce qui ressemblait ayant tout à une hallucination ?

 
    2
    Michel Joyeux n’en croyait pas ses yeux. Il avait l’habitude d’arriver le premier au collège chaque matin. Et ce jour-là, il avait non seulement la surprise d’avoir été précédé, mais aussi de découvrir la mine contrariée de celui qui l’avait devancé.
    — Pierre ! s’exclama-t-il avec bonne humeur. Ne me dis pas que la petite Édith était à ce point insupportable que tu as préféré dormir au collège !
    — Ne me parle pas d’Édith, répondit Le Bihan sans lever le nez du livre qu’il consultait. Je qualifierais le dossier d’affaire classée. Et je te préviens, si j’apprends que tu as lâché le morceau, tu passeras un mauvais quart d’heure !
    Joyeux (c’est ainsi que Le Bihan avait l’habitude d’appeler son ami) alla s’asseoir en face de son collègue. Il émit un long sifflement avant de lui répondre.
    — Eh bien ! J’ai l’impression que cela ne te convient pas de te lever avec les poules. C’est d’accord, je ne parlerai à personne du dernier épisode apparemment peu convaincant de tes exploits amoureux.
    — Trop aimable, bougonna Le Bihan.
    — Ma parole ! Non seulement tu as décidé de ne plus jouer les Don Juan, mais en plus, tu viens t’instruire de bon matin. Que lis-tu de si passionnant ?
    Il jeta un coup d’oeil au livre dans lequel était

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