C'était de Gaulle, tome 3
détenteur de la légitimité nationale et républicaine, j'ai envisagé depuis 24 heures toutes les éventualités, sans exception, qui me permettraient de la maintenir.
J'ai pris mes résolutions.
Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J'ai un mandat du peuple, je le remplirai.
Je ne changerai pas le Gouvernement. Il est capable, cohérent, dévoué à l'intérêt public. Il comporte un Premier Ministre dont la valeur, la solidité, la capacité, méritent l'hommage de tous.
Au surplus, un autre gouvernement qui sortirait de la panique ne vaudrait rien dès le départ.
Je ne dissoudrai pas en ce moment le Parlement qui n'a pas voté la censure.
J'ai proposé au pays un référendum qui donnait aux citoyens l'occasion de prescrire une réforme profonde de notre économie et de notre Université, et en même temps de me dire qu'ils me gardaient leur confiance, ou non, par la seule voie acceptable, celle de la démocratie.
Il est probable que la situation actuelle empêchera matériellement d'y procéder. Ce serait d'ailleurs la même chose pour des élections législatives. Autrement dit, on entend bâillonner le peuple français tout entier en l'empêchant de s'exprimer et aussi de vivre, par les mêmes moyens qu'on empêche les étudiants d'étudier, les enseignants d'enseigner, les travailleurs de travailler. Ces moyens ce sont l' intimidation, l'intoxication et la tyrannie exercées par des groupes organisés de longue main en conséquence, et par un parti qui n'est qu'une entreprise totalitaire, même s'il a déjà des rivaux à cet égard.
Si donc cette situation de force se maintient, je devrai prendre, conformément à la Constitution, d'autres voies que le scrutin immédiat du pays pour maintenir la République. D'autre part, il faut que s'organise, partout et tout de suite, l'action civique. Cela doit se faire pour aider les préfets, devenus ou redevenus commissaires de la République dans leur tâche qui consiste à assurer autant que possible l'existence de la population et à empêcher la subversion à tout moment et en tous lieux.
La France, en effet, est menacée de dictature. On veut la contraindre à se résigner à un pouvoir qui abuserait du désespoir national, lequel pouvoir serait alors évidemment et essentiellement celui du vainqueur, c'est-à-dire celui du communisme totalitaire. Naturellement on le colorerait pour commencer d'une apparence moins affirmée, en utilisant l'ambition et la haine de politiciens au rancart.
Eh bien ! non ! La République n'abdiquera pas. Le peuple se ressaisira. Le progrès, l'indépendance et la paix l'emporteront avec la liberté.
Première page du texte dactylographié et corrigé à l'Élysée le 30 mai 1968.
4 e état : le texte définitif, tel que modifié après l'entretien avec Georges Pompidou. Les ajouts et modifications portés à la main sur la dactylographie sont imprimés en italique.
Étant le détenteur de la légitimité nationale et républicaine, j'ai envisagé, depuis vingt-quatre heures, toutes les éventualités, sans exception, qui me permettraient de la maintenir.
J'ai pris mes résolutions.
Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J'ai un mandat du peuple, je le remplirai.
Je ne changerai pas le
Premier Ministre dont la valeur, la solidité, la capacité, méritent l'hommage de tous.
Il me proposera les changements qui lui paraîtront utiles dans la composition du gouvernement.
Je dissous aujourd'hui l'Assemblée nationale.
J'ai proposé au pays un référendum qui donnait aux citoyens l'occasion de prescrire une réforme profonde de notre économie et de notre Université, et en même temps de dire s'ils me gardaient leur confiance, ou non, par la seule voie acceptable, celle de la démocratie.
Je constate que la situation actuelle empêche
matériellement
qu'il y soit procédé.
C'est pourquoi j'en diffère la date. Quant aux élections législatives, elles auront lieu dans les délais prévus par la Constitution, à moins qu'on entende bâillonner le peuple français tout entier en l'empêchant de s'exprimer
en même temps qu'on l'empêche de vivre, par les mêmes moyens qu' on empêche les étudiants d'étudier, les enseignants d'enseigner, les travailleurs de travailler. Ces moyens ce sont l'intimidation, l'intoxication et la tyrannie exercées par des groupes organisés de longue main en conséquence, et par un parti qui
est
une entreprise totalitaire, même s'il a déjà
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