C'était de Gaulle, tome 3
révisés ; des commandes directes devront pouvoir être passées par des entreprises à des laboratoires universitaires, organisant l'intéressement individuel des chercheurs universitaires aux résultats de leurs recherches. Inversement, des recherches subventionnées sur crédits budgétaires devront être effectuées pour le compte de l'État dans des laboratoires d'entreprises privées, chaque fois que cela sera possible (recherche extra muros).
N.B. - État de ce plan de réformes au mois d'avril 1968
— Les points 2 et 3 (orientation et formation professionnelle) devaient entrer en vigueur à la rentrée de septembre 1968 et s'appliquer intégralement dans les deux académies de Grenoble et de Reims (textes prêts, organismes créés et crédits prévus). Ils devaient ensuite s'étendre progressivement à toute la France de 1968 à 1971.
— Les points 1, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 12, groupés sous le nom de « rénovation pédagogique », avaient fait l'objet d'études préparatoires entre septembre 1967 et février 1968 ; depuis la fin de février jusqu'en mai, la « Commission de la rénovation pédagogique », présidée par le recteur Gauthier, en préparait la mise en oeuvre à la rentrée 1968 par des établissements-témoins (100 écoles primaires et 30 collèges), qui devaient s'étendre de 1968 à 1972 à l'ensemble des établissements primaires et secondaires.
— Les points 13, 14 et 24 (examens et entrée dans le supérieur), après études préparatoires entre septembre 1967 et février 1968, après délibérations de la « Commission de réflexion sur les examens dans les enseignements secondaire et supérieur » présidée par le recteur Capelle, après décisions en Conseil restreint à l'Élysée le 4 avril et en Conseil des ministres le 24 avril, devaient être mis en place à compter de la rentrée 1968 (baccalauréat 1969).
— L'ensemble des points ci-dessus devaient, en vue de leur application à la rentrée, faire l'objet d'un débat à l'Assemblée nationale prévu pour les 14, 15 et 16 mai 1968.
— Les points 16, 17, 21 et 27 faisaient l'objet de textes en préparation.
— Les autres points (10, 11, 15, 18, 19, 20, 22, 23, 25, 26) étaient encore à l'étude.
1 Voir VII e partie, ch. 4, p. 402.
ANNEXE 2
CRISE DE L'UNIVERSITÉ
Texte intégral de la communication d'Alain Peyrefitte devant la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale, le mardi 21 mai 1968.
La crise de l'Université qui a éclaté est devenue aujourd'hui une crise de la société. Il ne faudrait pas en déduire que la crise de l'Université a disparu. Elle subsiste. Elle est profonde. Il est possible qu'elle soit salutaire.
Transformer radicalement l'enseignement et l'Université, c'est l'objectif, qu'en accord avec les éléments les plus dynamiques de l'Université, nous nous sommes donné. Mais nous pensions qu'il faudrait de longues années pour atteindre ces objectifs, dans un domaine où l'on ne peut avancer qu'à pas prudents, puisqu'il est protégé par les franchises universitaires et qu'en pratique à peu près rien ne peut s'y faire sans l'accord des intéressés.
L'explosion à laquelle nous assistons a pour effet non seulement de déchirer les voiles qui masquaient la vérité, mais probablement de faire éclater les obstacles qui se dressaient devant les réformes. Plus personne n'ose dire que construire et recruter suffiront à régler tous les problèmes. Cette erreur, que nous dénoncions, est désormais liquidée. L'Université impériale est moribonde, comme le lycée-caserne impérial est moribond.
La prise de conscience foudroyante dont nous sommes témoins accélérera peut-être un mouvement de réformes que beaucoup trouvaient jusque-là trop rapide, et auquel on reproche, aujourd'hui, d'avoir été trop lent.
Le mouvement qui anime l'Université en ce moment peut donc se révéler positif. Il a dépassé ses causes immédiates. L'intense travail de réflexion auquel participent, dans beaucoup de facultés et d'écoles, les étudiants et leurs maîtres, dépasse en de nombreux cas le langage utopique ou délibérément anarchiste des « enragés » qui furent la cause occasionnelle de cette crise.
Aujourd'hui, une immense cristallisation est en train de se faire. Cette réflexion paraît s'attaquer aux trois maux profonds de l'Université : le manque de participation, l'irresponsabilité et l'éloignement de la vie.
D'abord les étudiants revendiquent leur juste
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