C'était de Gaulle, tome 3
des universités dont je parlais à l'instant. Notre désir est que ce comité, qui sera composé d'hommes neufs et ouverts, recueille les suggestions et les propositions des facultés et des universités de chaque région, pose aux facultés et aux universités les problèmes que ces suggestions et ces propositions soulèvent, et que s'institue un dialogue qui débouche rapidement sur la définition des nouvelles structures de l'Université.
Cet objectif a souvent été désigné par le Gouvernement. Compte tenu des habitudes, il nous paraissait rester un objectif lointain, à atteindre progressivement.
La crise actuelle ouvre les conditions d'une réforme profonde et rapide. Nous sommes résolus, si l'Assemblée nous en donne le moyen, à la surmonter, sans nous laisser intimider par les extravagances, par la démagogie, par la passion politique, par l'aventurisme intellectuel. Le problème de l'Université est un problème national, qui ne peut être réglé dans l'anarchie et la confusion, mais dans une action organique et dynamique.
Nous sommes ouverts à toutes les idées. Nous sommes décidés à faire aboutir celles qui seront raisonnables. Il est encore possible de tirer le bien du mal.
ANNEXE 3
LES VERSIONS SUCCESSIVES DE L'ALLOCUTION DU 30 MAI 1968
On a lu, au chapitre 7 de la VIII e partie, p. 599, le premier état du texte manuscrit.
2 e état : le texte manuscrit complet, rédigé le mercredi 29, à Colombey. Les ajouts au texte du premier état sont imprimés en italique. Les deux corrections portées sur ce manuscrit devant Georges Pompidou ont été omises (voir p. 602).
1. Étant le détenteur de la légitimité nationale et républicaine, j'ai envisagé depuis 24 heures toutes les éventualités, sans exception, qui me permettraient de la maintenir.
J'ai pris mes résolutions.
2. Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J'ai un mandat du peuple, je le remplirai.
Je ne changerai pas le Gouvernement. Il est capable, cohérent, dévoué à l'intérêt public. Il comporte un Premier Ministre dont la valeur, la solidité, la capacité, méritent l'hommage de tous.
Au surplus, un autre gouvernement qui sortirait de la panique ne vaudrait rien dès le départ.
Je ne dissoudrai pas en ce moment le Parlement, qui n'a pas voté la censure.
J'ai proposé au pays un référendum qui donnait aux citoyens l'occasion de prescrire une réforme profonde de l'économie et de l'Université, mais aussi de dire s'ils me gardaient ou non leur confiance, par la seule voie acceptable, celle de la démocratie.
Il est probable que la situation présente empêchera matériellement d'y procéder. Ce serait d'ailleurs la même chose pour des élections législatives. Autrement dit, on entend bâillonner le peuple français tout entier en l'empêchant de vivre, par les mêmes moyens qu'on empêche les étudiants d'étudier, les enseignants d'enseigner, les travailleurs de travailler, je veux dire par l'intimidation, l'auto-intoxication et la tyrannie exercées par des groupes organisés de longue main en conséquence, et par un parti qui n'est qu'une entreprise totalitaire, même s'il a déjà des rivaux à cet égard.
Si donc cette situation de force se maintient, je prendrai, conformément à la Constitution, d'autres moyens que le scrutin immédiat du pays pour maintenir la République. En tous cas, il faut tout de suite que s'organise partout l'action civique. Cela doit se faire pour aider les préfets, devenus une fois de plus les commissaires de la République, dans leur tâche qui consiste à assurer autant que possible l'existence de la population et à empêcher la subversion.
3. Car la France est menacée de dictature. On veut la contraindre à se résigner à un pouvoir issu du désespoir national, lequel pouvoir serait alors
Première page du brouillon manuscrit rédigé à Colombey le 29 mai 1968.
évidemment et essentiellement celui du vainqueur, c'est-à-dire celui du communisme totalitaire. Naturellement on le colorerait au départ d'une apparence moins affirmée, en utilisant l'ambition éhontée et la haine portée au régime par des politiciens au rancart.
Eh bien ! non ! La République n'abdiquera pas. Le peuple se ressaisira. Le progrès, l'indépendance et la paix l'emporteront avec la liberté.
3 e état : le texte dactylographié jeudi 30 mai, tel qu'il était avant l'entretien avec Georges Pompidou. Ce qui diffère du 2 e état est imprimé en italique.
Étant le
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