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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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est faite que la France peut se hisser par ses propres moyens au niveau des plus grands. Nous sommes capables d'exister par nous-mêmes. Nous avons un État digne de ce nom.
    « Et en outre, c'est la justification de l'élection populaire du Président. Seul un homme incarnant la souveraineté populaire pourra engager le destin national. Un Président désigné par le système des partis n'aurait jamais la capacité de presser sur le bouton. La dissuasion cesserait aussitôt d'être crédible.
    « Oui, Mururoa, ça récapitule tout ce que nous avons essayé de faire depuis vingt-six ans. Et ça offre une chance que le pays ne retombe pas au fond du ravin quand je ne serai plus là. »
    Vingt-six ans ? Je fais mentalement le calcul : 66-26 = juin 40.
    AP : « C'est pour ça que vous avez parlé de résurrection quand on vous a dit que le tir était réussi ? »
    Le Général a l'air un peu surpris, puis répond : « Oui, c'est une résurrection. Mais elle ne sera complète que si nous fabriquons la bombe H. Tâchez donc de faire avancer les choses. »
    Je n'ose pas encore lui dire ce que j'ai appris à Hao.
    De janvier à septembre, on m'a répété que les expériences en Polynésie seraient thermonucléaires ou, en tout cas, « mettraient en jeu des réactions thermonucléaires ». On me promettait des tirs mégatonniques. Or, il faut se rendre à la raison, aucun tir de cette campagne n'a été ni ne sera de nature thermonucléaire. On m'avoue à Hao qu'il ne s'agit que de « bombes A dopées ». On pourra les doper encore plus l'an prochain, mais ce n'est pas la bombe H, dont on n'a toujours pas découvert le principe.

    « Les Français sont des déprimés permanents »
    La résurrection suppose la mort. Peut-être songe-t-il à cette alternance quand il reprend la parole après un long silence.
    GdG : « L'État est fait pour stimuler les citoyens, et le Président est fait pour stimuler l'État.
    « Les Français sont un peuple fort, mais ils ne le savent pas. Ils peuvent surmonter leurs difficultés, relever les défis, faire des bonds en avant. Mais ils n'y croient pas, tant qu'on ne les en a pas convaincus. Ce sont des déprimés permanents. C'est le rôle du Président de la République de les sortir de là, de leur faire sentir leurs capacités, de leur donner confiance en eux-mêmes, pour les amener à organiser leur existence de manière qu'ils puissent donner le meilleur d'eux-mêmes. »

    « Personne ne pourra plus désormais attaquer la France »
    Conseil du 15 septembre 1966.
    GdG : « Nous venons de faire un tour du monde. »
    Il parle de ce qui concerne l'attitude des territoires et des peuples visités 3 . Puis il vient à ses réflexions sur les tirs nucléaires: « Quant à la bombe, j'ai pu constater la dimension de l'entreprise et l'efficacité de l'organisation sur le terrain. L'ensemble est saisissant. Le personnel est ardent et cohérent. Le fonctionnement est tout à fait satisfaisant. Cela étant, et Pierrelatte s'achevant, le moment vient, dans quatre ans, où nous aurons un arsenal militaire complet, ce qui signifie que personne ne pourra plus désormais attaquer la France. Aux commentateurs, qui ne manquent pas, d'en tirer la conclusion. »
    « Dans quatre ans » : mais il parle de la fabrication en série du système d'armes. Rien n'est donc changé, ni dans son esprit, tel qu'il me l'avait révélé, ni dans les dispositions désormais officielles qu'il prend : les armes en 1970, cela signifie les expériences en 1968. Je frémis en pensant qu'il nous reste seulement un an pour définir les expérimentations de 1968 ; alors que le « truc » n'est toujours pas trouvé. Mais la confiance du Général dans le génie collectif de la France et des Français a quelque chose d'attendrissant.

    Messmer : « Chaque tir est une véritable opération aéronavale »
    Au Conseil suivant, le 21 septembre 1966, Messmer et moi faisons une communication combinée. Messmer indique que chaque tir est une véritable opération aéronavale, qui mobilise une grande partie de la flotte française. Je précise l'importance des retombées scientifiques et techniques : « Nos équipes sont de premier ordre, très jeunes, fières de réussir seules ce que d'autres puissances n'ont pu faire qu'avec l'aide de l'étranger. Nous espérons que les expériences qui suivront mettront en jeu un début de réaction thermonucléaire. (Je ne dis rien, naturellement, de mes inquiétudes sur le fait qu'on ne sait toujours

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