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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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e partie, ch. 13 à 15.
    4 Ambassadeur d'URSS à Paris, successeur de Vinogradov.

Chapitre 11
    « ILS VOUDRAIENT ABANDONNER LA BOMBE H ? JE M'EN DOUTAIS »
    Salon doré, 22 septembre 1966.
    Sa plaisanterie m'amène au sujet majeur : l'avenir des recherches atomiques.
    AP : « Il faudrait accélérer le rythme de la mise au point de la tête thermonucléaire. Non plus une campagne d'essais tous les deux ans, mais une campagne annuelle : campagnes légères en années impaires (1967, 69 et à la rigueur 71), campagnes lourdes en 1968 et 70. Il faudrait qu'en 70, soit achevée la mise au point de la tête thermonucléaire, pour que nous puissions nous contenter ensuite de tirs souterrains.
    « Pour ce qui est des tirs souterrains, il faudra en 1969 se préparer à ouvrir un site de manière qu'il soit disponible en 1971. On ne voit à l'heure actuelle que deux possibilités : la Côte française des Somalis ou le Hoggar. Pour ménager ces deux possibilités, il faudrait que la Côte française des Somalis reste dans l'ensemble français : c'est le dernier service qu'elle pourrait nous rendre. Au bout de quelques années d'expériences souterraines, elle aurait justifié les importants sacrifices financiers que nous avons jusqu'à maintenant consentis pour elle sans aucun profit.
    « Quant au Hoggar, il a fait ses preuves : depuis quatre ans, nous n'avons pas eu d'ennuis politiques ni techniques. N'importe quel centre sera plus lourd à créer et plus difficile à faire admettre à l'opinion, que la réactivation de cet ancien centre. Aussi, ai-je décidé qu'on s'arrange pour que l'évacuation soit accomplie sans empêcher la réactivation. Par exemple, on obstruera les galeries au lieu de les effondrer.

    « Vous m'entendez : douze mois ! »
    GdG. — J'approuve cette analyse. Mais je crois bien que si nous renégocions pour la réouverture d'un centre d'expérimentations, Alger voudra obtenir des bakchichs.
    AP. — En contrepartie, nous pourrions proposer d'avancer de quelques années l'évacuation de Mers-el-Kébir.
    GdG. — Mais les Algériens seraient très ennuyés que nous quittions Mers-el-Kébir ! Ils regrettent de nous voir partir ! Ils seront désolés de ne plus pouvoir nous faire chanter ! Plus nous restons, plus ils ont de moyens de pression sur nous ! Alors, ce n'est pas unemonnaie d'échange que de leur proposer de partir plus tôt d'un autre point. Enfin, nous verrons bien...
    « Quant à votre calendrier des essais, c'est le contenu qu'il faut accélérer. La première expérience thermonucléaire, ce doit être en 1968, et la fin de la mise au point des armes en 70. Même en Amérique, on s'étonne que ça dure si longtemps ! »
    Raymond Aron, dans Le Figaro du matin même, a une phrase pour dire que ses amis américains, loin d'être sceptiques devant nos capacités d'atteindre le niveau thermonucléaire, s'étonnent au contraire que nous n'allions pas plus vite. C'est sûrement cette phrase que le Général a retenue.
    Je lui explique à nouveau que ce n'est pas si facile. On ne pouvait faire de progrès en matière de thermonucléaire, tant qu'on n'avait ni les connaissances, ni l'uranium enrichi en quantité suffisante.
    Il reprend vivement : « Mais rien n'empêchait de faire avancer les connaissances avant qu'on ait l'uranium enrichi ! Et un an après que Pierrelatte fonctionnera, tout ça devrait être réglé ! Vous m' entendez : douze mois ! »
    Curieusement, pendant le tour du monde, le Général ne s'est pas montré très incisif sur son exigence thermonucléaire. Comme si la satisfaction intense qu'il avait retirée du tir de Mururoa avait effacé sur le moment ses inquiétudes. Voici donc qu'il revient à la charge.
    AP : « Mon général, on n'a toujours pas trouvé le dispositif opérationnel capable d'enclencher la réaction de fusion, mais on a fait de gros progrès pour la fission. Les résultats des expérimentations, notamment celle à laquelle vous avez assisté, "Bételgeuse ", sont tels que la Direction des applications militaires se fait fort de mettre au point une bombe A "exaltée". Elle aurait une puissance très supérieure. Bien sûr, ça n'est pas la bombe H, mais c'est quand même une fission nucléaire tellement améliorée que la Direction des applications militaires se demande si cette solution n'est pas la plus adaptée. Elle est à portée de main et elle serait donc plus économique.
    GdG (vivement). — Mais alors, ils voudraient abandonner la bombe H ? Je m'en

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