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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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le jour où il voudra échapper aux deux colosses américain et communiste.
    « Cuba n'a pas eu à se féliciter d'être devenu le théâtre de la lutte entre les Russes et les Américains. Batista était l'homme desAméricains. Il a été remplacé par Fidel Castro, qui est l'homme des Russes. Mais Cuba n'y a pas son compte. Yalta continue à exercer ses funestes effets. Tout ce qui n'est pas sous la botte communiste est sous protectorat américain. C'est pourquoi le tiers-monde regarde vers la France. »
    Conseil du mardi 1 er octobre 1963.
    Couve expose le problème né de la volonté américaine de modifier leur organisation logistique : « Ils ont annoncé leur intention de raccourcir, par économie, leurs lignes de communication en Europe. Brême remplacerait Saint-Nazaire comme tête de pont de leurs forces. Il se peut aussi qu'ils aient voulu nous être désagréables...
    GdG. — En quoi ça peut nous désobliger qu'il y ait moins d'Américains en France et moins de Français au service des Américains, alors que nous manquons de main-d'œuvre ?
    « Mais leur opération consistait à rétrocéder leurs installations aux Allemands et à transformer leur système en une logistique allemande. Tout ça se faisait tranquillement dans notre dos. Vous pensez bien que nous ne l'accepterons jamais. Le Chancelier m'a écrit qu'il l'avait bien compris. Il me l'a répété dix fois. Nous n'admettons pas qu'on décide de ce qui appartient à la souveraineté française, sans même nous prévenir. »

    « Chacun des deux mastodontes ne voudrait voir aucune tête qui dépasse »
    Après le Conseil, le Général revient sur le sujet :
    « Que les Américains veuillent remplacer Saint-Nazaire par Brême, ça ne m'est pas désagréable du tout. Je n'y vois même que des avantages. Plus tôt ils quitteront la France, mieux ça ira ! Mais ils ont eu une idée abracadabrante. Ils ont essayé de refiler leurs installations en France aux Allemands, en nous cachant soigneusement leurs intentions. Et leur opération aurait failli se faire, si nous n'avions pas été mis très loyalement au courant par la Chancellerie fédérale. Devant ma réaction, Adenauer a mis le holà. Le traité franco-allemand sert quand même à quelque chose : c'est que le Président américain ne peut pas avoir de relations plus étroites avec le Chancelier fédéral que le Chancelier fédéral avec moi. »
    Salon doré, 9 octobre 1963.
    GdG : « Les Russes et les Américains ne peuvent se mettre d'accord que sur ce qui peut garantir leur monopole. Chacun des deux mastodontes ne voudrait voir aucune tête qui dépasse. Les Russes ne voudraient pas plus voir les Chinois se doter d'un armement atomique, que les Américains ne souhaitent que nous menions à bien le nôtre. Les positions de la France et de la Chine sont symétriques. »
    1 C'est bien vu, mais la négociation sur une limitation des fusées intercontinentales ne commencera entre Américains et Russes qu'en novembre 1969 ; elle aboutira aux premiers accords SALT en 1972.
    2 Quartier de Berlin où était établi le gouvernement de la République démocratique allemande, au-delà du Mur.
    3 Chef du Parti et du gouvernement de RDA.
    4 General Agreement on Tariffs and Trade, Organisation mondiale du commerce.
    5 Ministre d'État chargé de la Réforme administrative.

Chapitre 5
    «IL FAUT OSER REGARDER LES AMÉRICAINS EN FACE, ILS FINISSENT PAR S'Y FAIRE »
    Au Conseil du mardi 15 octobre 1963, Couve raconte trois jours à Washington, où il a vu Kennedy, Rusk, McNamara, George Ball, Dillon 1 , plus des parlementaires et des journalistes.
    Couve : « Tout le monde ne pense qu'à l'élection présidentielle de l'an prochain. Il est peu probable que Kennedy ne soit pas réélu, mais sait-on jamais ? Goldwater 2 représente ce qu'il y a de plus réactionnaire face aux Noirs.
    « La crise de janvier, avec notre refus de la Force multilatérale et de l'entrée des Anglais dans le Marché commun, est considérée comme ayant mis fin au grand dessein du Président Kennedy. De là, date un prurit francophobe dans le monde officiel et la presse... Tout ce qui vient de France est supposé riche en arrière-pensées.
    « Au sujet de Moscou, Rusk a mis un soin méticuleux à me montrer qu'il n'y a pas de détente, à l'exception de la non-dissémination de l'arme atomique. Sur ce point, j'ai rappelé que si nous ne voulons pas des accords de Moscou, c'est que nous aurions été le seul pays — avec la Chine

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