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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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qu'en ont-ils pensé ?
    AP. — Quelles que soient les qualités du procédé français, elles ne sont pas écrasantes par rapport au procédé américain, aux yeux des Soviétiques. La qualité des couleurs, ils n'en sont pas à ça près. Ce qui joue contre nous, c'est que les techniciens soviétiques, depuis dix ans, s'efforcent de copier le procédé américain.
    GdG. — Vraiment, ils copient ?
    AP. — Comme ils copient les Cadillac sous le nom de Zis, et les Boeing sous le nom de Tupolev.
    GdG. — Sans la moindre vergogne ? Et ils l'avouent ?
    AP. — Ils l'avouent. Pas Kossyguine, mais les techniciens ne s'en cachent pas. Ils sont hypnotisés par la technique américaine,et ne songent qu'à la copier dans tous les domaines. Il faudrait qu'ils renoncent à dix ans de travaux, pour se tourner vers un procédé complètement différent.
    GdG. — S'ils font des efforts depuis dix ans, pourquoi ils n'ont pas déjà abouti ?
    AP. — Ce n'est pas si facile, sans l'assistance technique américaine, sans avoir acheté les brevets. Ils sont très en retard. Ils tâtonnent.
    GdG. — Faites attention ! Si vous leur laissez vos appareils, ils peuvent aussi bien copier notre procédé.
    AP. — Si ça doit leur prendre encore dix ans, il n'y auront pas gagné ! Ce qu'ils envisagent maintenant, c'est de nous l'acheter.
    GdG. — Ils ne seraient pas fichus de faire ça tout seuls ?
    AP. — Sûrement pas, ou ça leur demanderait un temps fou. Si nous leur installons leur usine, clefs en mains, elle tournera dans un an.

    GdG. — Comme si c'était un pays sous-développé ?
    AP. — C'en est un à certains égards.
    GdG. — Vous pensez ? (Il a du mal à croire ce que j'ai découvert avec étonnement. La puissance des Russes l'impressionne. Comment peut-elle cacher tant d'impuissance ?)
    AP. — Kossyguine m'a proposé que, dès le mois prochain, il y ait un accord de principe franco-soviétique pour l'adoption du procédé SECAM. Je ne crois pas que ce soit la meilleure formule. Il vaudrait mieux qu'à la conférence de Vienne, les Soviétiques et leurs satellites se déclarent favorables à notre procédé à cause de son excellence, non pour des raisons politiques. »
    1 Voir partie III, ch. 20, les propos du Général sur l'aspect politique des rapports franco-russes.

Chapitre 15
    « SI ON AVAIT DAVANTAGE CRU EN LA FRANCE »
    Le 13 janvier 1965, le Général me fait part d'une inquiétude : « On me dit qu'au Quai d'Orsay, on serait très réservé vis-à-vis de la perspective d'un accord avec les Russes et qu'on préférerait se retourner vers les Allemands. Il n'en est pas question ! » Ces pourparlers franco-russes, à l'évidence, ne doivent pas toute l'importance qu'il leur attache à son seul goût pour la télévision. Il entend bien que rien ne soit fait qui puisse les compromettre.

    « Ne pas courir deux lièvres à la fois »
    Le 28 février, il me fait porter une note manuscrite, sur son papier à en-tête :
    « À propos des entretiens que M. de Laboulaye aura à Moscou au sujet du SECAM, je crois qu'il ne faut pas donner aux Russes l'impression que nous sommes en train de négocier en même temps un arrangement différent avec d'autres et, notamment, avec les Allemands.
    « Ce qu'il faut, c'est amener les Russes à répondre positivement ou négativement sur la question du SECAM et d'un accord entre eux et nous pour le faire adopter par les Européens et, ensuite, pour l'exploiter.
    « C'est seulement dans le cas où les Russes répondraient négativement que nous pourrions peut-être chercher une combinaison avec les Allemands. Mais il n'y aurait là qu'un pis-aller. Ne pas courir deux lièvres à la fois. »
    Une coopération avec les Russes n'est recherchée qu'après l'échec d'une tentative avec les Allemands. Pas question de reprendre langue avec les Allemands, tant qu'on n'est pas au clair avec les Russes.

    « Il n'y a qu'à violer le Cocom »
    Salon doré, 3 mars 1965.
    AP : « L'affaire se présente bien. Laboulaye est parti hier pour Moscou avec un membre de mon cabinet et un des dirigeants de la firme. Je les ai munis des instructions que vous m'aviez précisées. Une difficulté va être soulevée. Les Russes voudront une coopérationtechnique sur les semi-conducteurs, les quartz et les câbles hertziens. On ne peut pas les inclure sans violer le Cocom 1 .
    GdG. — Eh bien, il n'y a qu'à violer le Cocom. Et puis d'ailleurs, tout le monde le viole tous les jours, à commencer par les

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