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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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France à bout de bras. Quand il ne sera plus là, toutes les illusions s'écrouleront. »
    Je précise au Général que les Américains, pour le moment, semblent lutter pareillement contre les deux systèmes européens ; mais dès que le NTSC aura été écarté en raison de ses médiocres performances, ils vont pousser à fond le procédé allemand, qui n'est qu'une variante perfectionnée du leur et qui leur rapportera de fortes redevances. Ils feront tout pour éliminer le procédé français, qui remettrait sérieusement en cause leur suprématie technologique.
    Il dit, sombrement : «Les Allemands font semblant de jouer le jeu européen, mais ils se conduisent mal. » Il reprend à voix plus haute : «Et les Russes, que feront-ils ?

    « Voyez Vinogradov . Mais que tout ça reste secret »
    AP. — On ne sait pas. Ils vont jouer un rôle important, puisqu'ils vont entraîner les démocraties populaires. J'ai demandé à Palewski de plaider la cause du SECAM auprès d'eux à l'occasion de son voyage en URSS. On va voir les suites.
    GdG. — Pourquoi n'iriez-vous pas vous-même après lui? Puisque les Allemands ne veulent pas d'une coopération franco-allemande, peut-être que nous pourrons établir une coopération franco-russe. Voyez donc Vinogradov. Que tout ça reste secret. Inutile pour le moment d'en parler au Quai. »
    Le Général se méfie de « nos bureaux », qui, dit-il, sont « poreux ». Déjà, en 1960, quand il voulait inviter Khrouchtchev, il l'avait fait sonder par l'ambassade soviétique à Paris, non par notre ambassade à Moscou ; il n'en avait pas soufflé mot à Couve. Le Quai n'avait été mis au courant que lorsque l'affaire était bouclée. Il pense que les circuits soviétiques sont plus étanches que les circuits français. Il tient à « toujours agir par surprise ».
    En me raccompagnant, il me dit lentement : « Nous avons une mauvaise tradition française : faire des découvertes sans en tirer parti, inventer sans mettre en valeur. Mais nous avons une bonne tradition : prendre un allié de revers, le Grand Turc pour François I er , les princes protestants pour Richelieu. Tâchons de surmonter une mauvaise tradition par une bonne. »

    19 novembre 1964. Vinogradov me confirme l'invitation du gouvernement soviétique. Je fixe la date de mon voyage aux premiers jours de janvier.
    Le Général m'a dit : « Si vous n'avez pas un délégué interministériel qui vous soit personnellement rattaché, qui soit pleinement responsable sous votre autorité, qui ne fasse rien d'autre que de penser à ça toute la journée et de joindre tous les fils, ça nemarchera jamais. » Couve, à qui j'ai demandé du renfort, me propose notre ministre-conseiller à Moscou, François de Laboulaye, diplomate chevronné qui va quitter son poste.

    « Que votre voyage accroche la négociation au sommet »
    Salon doré, 16 décembre 1964. Cette négociation avec les Russes enchante le Général. Pompidou et Couve viennent de le faire renoncer à l' « alliance de revers » à laquelle il songeait pour sauver le Concorde d'une défection anglaise. Mais la télévision en couleurs est jouable, sans crise occidentale majeure. Il se méfie pourtant de son propre entraînement et multiplie les conseils inquiets :
    GdG : « Méfiez-vous des Russes. Si vous ne les convainquez pas, ils feront le marché avec les Américains.
    AP. — Nous savons que les ministères techniques à Moscou sont en train de négocier avec les Américains.
    GdG. — Il faudrait que votre voyage puisse accrocher la négociation au sommet, pour que nous ne soyons pas doublés par les ministères techniques. Mais êtes-vous sûr que notre procédé est au point?
    AP. — Pour l'émission, oui. Pour la réception, c'est-à-dire la fabrication des téléviseurs, pas encore. On devrait être prêt dans deux ou trois ans. Les Américains ont une forte avance sur nous. Et ils en font une affaire politique. L'ambassadeur des États-Unis à Rome est allé dire à Saragat que les États-Unis considéreraient comme inamical que l'Italie adopte le procédé français.
    GdG. — Eh bien, pourquoi ne faites-vous pas dire par l'ambassadeur de France à Rome que la France considérerait comme inamical que l'Italie adopte le procédé américain, tant qu'elle n'aura pas examiné de près le procédé français ? Les Italiens sont-ils européens, oui ou non ? »
    1 National Television System Committee.
    2 Phase Alternative Line.
    3 SEquentiel Couleurs A

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