C'était de Gaulle - Tome II
Anglais ! Ce machin a été inventé par les Américains pour nous ficeler. »
Salon doré, 10 mars 1965.
AP : « Le texte de l'accord sur la télévision en couleurs a été paraphé hier à Moscou. Le voici. »
Il le prend et le lit soigneusement.
GdG (du ton du regret) : « Alors, finalement, vous n'avez pas mis "un système franco-soviétique" de télévision en couleurs, mais "un système commun de télévision en couleurs".
AP. — Oui, ce sera plus facile d'étendre à d'autres un système commun qu'un système franco-soviétique. »
« Ce sera une sorte de "Concorde" franco-russe »
Salon doré, 31 mars 1965.
AP : « À la conférence de Vienne sur la télévision en couleurs, les Allemands jouent complètement avec les Américains. Ils se passent le ballon. Ils se sont mis d'accord pour débiner le SECAM.
GdG. — Le pire qui puisse arriver, c'est que notre procédé ne soit repris que par les Russes. C'est déjà satisfaisant, à condition que les satellites des Russes tiennent bon.
(Le Général vient de célébrer en Conseil l'esprit d'indépendance qui souffle sur les "satellites". Et le voici qui espère leur soumission aux ordres du Kremlin. Sur le moment, je ne m'aperçois pas de la contradiction : comme lui, je suis emporté par l'idée de réussir dans notre entreprise.)
AP. — Il y a un petit doute à propos de la RDA, qui aurait pris des contacts secrets avec l'Allemagne occidentale.
GdG. — Il ne tient qu'aux Russes d'obliger la RDA à marcher droit. Ils n'ont qu'à le faire ! Ça sera une humiliation pour les Allemands de l'Ouest, qui vont être ridiculisés dans leur servilité américaine.
AP. — On s'achemine vers un report de la décision à l'an prochain, à Oslo, du fait qu'aucun des trois procédés ne pourra s'imposer à l'unanimité. On pourra reparler avec les Allemands.
GdG. — Pourquoi ne peut-on pas commencer tout de suite des fabrications avec les Russes ? Il faudra le faire. Ce seraune sorte de "Concorde" franco-russe, au lieu d'être franco-anglais. »
A défaut d'un vrai Concorde franco-russe 2 ...
Salon doré, 7 avril 1965.
GdG : « Alors, à cette conférence de Vienne, une large majorité s'est dessinée parmi les pays de la zone européenne en faveur du procédé français, la minorité étant elle-même divisée entre les deux autres procédés en compétition. Et pourtant nos représentants, d'après ce qu'on me dit, étaient encore en train de fléchir ? Bon sang, mais qu'est-ce qu'on leur a fait à ces gens du Quai d'Orsay ? Ils ne peuvent pas admettre que la France gagne !
AP. — Ils ont peut-être été pris par la tentation du compromis.
GdG. — Quel compromis ? Alors qu'il s'agissait de nous couillonner ! Il n'en est pas question ! Ils sont lamentables. Les Allemands, ce n'est pas la peine de les ménager. »
« Nous n'allons pas honorer à titre exceptionnel un administrateur de sociétés ! »
Salon doré, mardi 13 avril 1965.
AP : « Pour exploiter le succès de cette conférence de Vienne, je vous ai suggéré de donner la Légion d'honneur à Henri de France à titre exceptionnel, comme vous l'avez fait pour Tabarly.
GdG. — Mais j'ai vu qu'il se déclarait "administrateur de sociétés". Ça fait moche ! Nous honorons à titre exceptionnel un inventeur, non un administrateur de sociétés !
« On me dit qu'il y a eu des flottements dans notre délégation ?
AP. — Oui, des techniciens, des polytechniciens de l'ORTF ont été séduits par les dernières améliorations du PAL. Les Allemands ont réussi une synthèse du procédé américain et du procédé français, avec ce qui est le plus original dans l'invention d'Henri de France : la juxtaposition d'un signal immédiat et d'un signal retardé de quelques microsecondes, ce qui donne de la profondeur à la couleur.
GdG. — Mais les Allemands la connaissaient, cette invention ?
AP. — Oui, et ils seront obligés de payer les brevets à de France, sinon ils ne pourraient pas passer à l'exploitation.
GdG (qui voit immédiatement le défaut de la cuirasse allemande). — Alors, il n'y a pas de procédé PAL, s'il a besoin duprocédé français pour exister ! Il faut donc le leur refuser ! Il le faut, et comment !
« Vous avez des types qui n'ont qu'une idée en tête, c'est qu'il faut s'arranger avec les Allemands. Ils ont tout fait pour ça. Alors que le procédé allemand n'existe que si nous voulons bien qu'il existe ! C'est une manie de ce sacré Quai d'Orsay.
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