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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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de l'opinion. Ce n'est pas terrible, il faut le reconnaître, et pour vingt-quatre heures cela ne vaut pas la peine de perdre son sang-froid. »
    « Vous » : est-ce moi, ou nous tous ? C'est assez ambigu pour me faire comprendre que, confident de ses plaintes, je ne suis pas exonéré de l'action. Ce « vous » ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd.

    « Les grèves improvisées, c'est fini»
    Après le Conseil du 27 novembre 1963, je questionne le Général à propos des grèves 1 : « L'agitation syndicale continue. Elle a un effet psychologique nuisible.
    GdG. — Nuisible pour qui ? Nuisible pour les syndicats ? Ces grèves, je ne suis pas fâché qu'elles se fassent. Les grèves sont de plus en plus impopulaires.
    « Chaque fois que les travailleurs ne travaillent pas, ça coûte de l'argent à qui ? À ces pauvres types, qui ne récupèrent pas, comme ils disent. D' ailleurs, les syndicats auraient voulu une grève générale, mais ça n'a pas pris.
    AP. — En tout cas, tout ça est la preuve que notre loi sur l'exercice du droit de grève n'empêche pas les grèves.
    GdG. — Peut-être, mais elle a été bien utile quand même. Elle a interdit la grève tournante, la grève sans préavis, inattendue, qui affecte tantôt un train, tantôt l'autre, sans qu'on puisse savoir lequel, et qui introduit une insécurité chez tous les voyageurs. Les grèves improvisées, c'est fini. Ça a été dur, mais ça aura remis de l'ordre dans les têtes. »

    « Il ne faut pas traîner pour annoncer une augmentation qui, de toute façon, sera faite »
    Au Conseil du 2 décembre 1964, Pompidou commente une nouvelle vague de grèves : « Nous avons droit à une manifestation aujourd'hui, et à une grève générale de la fonction publique annoncée pour le 11 décembre. Pourtant, l'année 1964 dans l' ensemble est extrêmement bénéfique pour le secteur nationalisé. L'augmentation de la masse salariale dépasse 5 %, hausse des prix déduite. Justement, les cadres syndicaux sont irrités parce qu'ils sentent que leurs troupes ne sont pas mécontentes. Leur existence ne se justifie pas, dès lors que les progrès se font tout seuls. D'où la grève du vendredi 11 décembre. Les pronostics sont qu'elle sera largement suivie. »
    Il s'étend ensuite sur les mesures pratiques prises pour y faire face. GdG : « Il ne faut pas traîner pour annoncer les augmentations que nous avons décidées et qui seront faites de toute façon! Si on tarde, on donnera l'impression de ne les faire que parce que les grèves nous y auront forcés.
    (Lui qui est si long à se décider, pour garder jusqu'au bout sa liberté d'appréciation, il veut qu'on exécute en trombe.)
    Bokanowski. — Si les syndicats arrivent devant leurs adhérents avec quelque chose de substantiel, ils annuleront peut-être la grève.
    GdG. — La décision des syndicats étant prise, ils pourront difficilement revenir dessus. Ils perdraient la face.
    (Il y a des règles élémentaires du rapport entre des chefs et leurs troupes. Les syndicats, organes de combat, doivent se conduire avec une certaine logique de la lutte, comme il le ferait à leur place.)
    Pompidou (avec un temps de retard, accuse réception du message du Général). — Il faudra que les décisions prises en faveur des travailleurs soient annoncées avant la grève.
    Frey. — Les syndicats veulent tâter la combativité de leurs troupes. Elle n'est pas très grande. Mais les états-majors vont essayer, tout au long de l'année 1965, année politique par excellence, de mobiliser leurs troupes.
    GdG (qui refuse l'idée que 1965 ne soit pas une année ordinaire). — Ouais... c'est à bien longue échéance, vous leur prêtez de bien longues vues. »

    « Les postiers, ils pourront courir pour leurs étrennes »
    Salon doré, 9 décembre 1964.
    AP : « On va me questionner sur la grève d' après-demain.
    GdG. — Il ne faut pas que le gouvernement ait l'air d'ignorer la grève alors que les Français n'ont plus d'électricité. Qu'on ne disepas que le gouvernement s'en fout. Il faut dire que la question de la rémunération des services publics et de la fonction publique avait été traitée en temps utile par le gouvernement, que des décisions avaient été prises.
    « Il faut marquer une sérénité totale. Je suis fixé maintenant sur la psychologie de toute cette affaire syndicale. Dans l'agriculture, l'enseignement, les entreprises nationales, les syndicats, au fond, n'existent plus que dans la

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