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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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d'accord. Si vous allez jusqu'à faire un projet de loi, il faut en profiter pour régler la question au fond. Il faut assurer l'indépendance de la direction par rapport au conseil d'administration. Sinon, rien ne sera changé !
    Pompidou (répète patiemment). — Ce que vous demandez, mon général, c'est de bouleverser la gestion des caisses.
    GdG. — Je demande à revoir ce texte. Il faut que les directeurs soient indépendants des conseils d'administration. Puisque vous voulez faire une loi, pourquoi vous gêner ?
    Pompidou. — La disposition dont vous parlez, on ne peut pas la glisser subrepticement. C'est une énorme transformation, une révolution. »
    Le Conseil est surpris que le Général soit aussi agressif pour une simple question de gestion administrative. C'est que pour lui, l'État ne doit pas aliéner ses devoirs, il doit pouvoir imposer sa politique. L'an dernier, l'attitude du Général sur l'ORTF avait été la même : il a exigé que le directeur général soit nommé par le gouvernement, non par le conseil d'administration.
    Il conclut: «Le vrai patron, le directeur général, ne doit dépendre que du gouvernement. Il ne faut pas organiser la dérobade. Il ne faut pas abandonner la responsabilité à des organismes irresponsables. »
    Pourtant, si résolu que se soit montré le Général, il finira par se rendre aux arguments de la prudence — et l'occasion ne sera pas saisie...

    « Le peuple français est anarchique, il faut bien qu'on le dirige »
    Au Conseil du 13 octobre 1965, Grandval fait une communication sur une réforme des services du Travail et de l'Emploi : mais derrière cette réorganisation, se profile une politique de l'emploi, que le Général résume.
    GdG : « Il faut que la gestion soit décentralisée, mais que le contrôle soit centralisé, pour qu'il y ait une impulsion et une politique définies par le gouvernement.
    Pompidou (marquant ses prérogatives). — Le ministre du Travail n'a fait qu'exposer la tendance dans laquelle sont orientées ses pensées, et non pas des décisions. L'examen aura lieu auprès de moi. »
    Il tient d'autant plus à superviser l' affaire, qu'il a une crainte :
    « Cette communication ne peut pas vouloir dire qu'on irait vers une politique autoritaire de l'emploi. Nous ne sommes plus dans lasituation de 1945, celle d'une France en désarroi. Les services de l'emploi doivent surveiller et contrôler, mais on ne doit pas retomber dans le dirigisme de l'emploi.
    GdG. — Le Premier ministre ne veut pas du terme "dirigisme de l'emploi". Mais nous y sommes, et de plus en plus ! Pour l'industrie, puisque nous voulons des reconversions. Pour aménager le territoire, puisque, si nous ne nous y appliquons pas, rien ne se fera tout seul. Pour l'Éducation nationale, puisque nous voulons aller vers l'orientation et la sélection. Le peuple français est indiscipliné et anarchique, il faut bien qu'on le dirige. On ne peut s'abandonner au mouvement naturel des choses. Il faut indiquer une direction.
    Pompidou. — Oui, mais ça doit se faire dans le respect de la liberté des individus. Sans quoi, je demanderais au ministre du Travail de prendre les mineurs de Decazeville et de les transporter ailleurs, il nous rendrait un grand service.
    GdG. — C'est la différence entre la planification et la collectivisation. »
    À fleurets mouchetés, c'est sur le fond que s'opposent Pompidou et de Gaulle. Pompidou m'a confié que le débat risquait de se faire plus vif sur l'orientation scolaire et la sélection à l'entrée de l'université, pour lesquelles le Général est de plus en plus pressant ; alors que Fouchet, appuyé par Pompidou, considère qu'il faut gagner du temps, pour éroder sa détermination.

    « Quoique Pompidou n'aime pas le terme, le dirigisme est nécessaire, puisqu'il nous faut bien diriger »
    Après le Conseil.
    GdG : « L'idée générale de Grandval, qui est de diriger l'emploi plus qu'on ne le faisait jusqu'à présent, elle est bonne. Bien que le Premier ministre n'aime pas le terme, le dirigisme est nécessaire ! Il nous faut bien diriger ! Prévoir quels emplois il faudra pourvoir. Par conséquent, diriger la formation professionnelle et même, dans une certaine mesure, les orientations de l'Éducation nationale. D'autre part, prévoir les reconversions, les transformations, qu'il s'agisse des mines, des chantiers navals, de n'importe quoi. Alors qu'on passe son temps à faire des mutations d'industries en catastrophe. Une

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