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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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mesure où on les met en valeur. L' audience dont ils disposent, c'est celle qu'on veut bien leur conférer. »
    Il reprend son souffle. Il veut visiblement « vider » la question :
    « Ils cherchent à s'arroger un monopole de représentation. Ils tâchent de faire croire à leur personnel qu'ils sont seuls en mesure de faire valoir ses droits auprès du pouvoir, qui ne songerait qu' à les gruger. Toute la question, pour les syndicats, c'est de paraître forcer le pouvoir. Si on ne les reçoit plus, eh bien, ils n'ont plus d'action sur le pouvoir.
    « Mais si, je vous assure. (Ai-je eu l'air dubitatif ?) C'est ça la vérité. Je ne dirais pas la même chose si nous étions dans un régime réel d'injustice et de misère. Jadis, les syndicats, c'était le cas avant la guerre, représentaient la misère, et luttaient pour plus de justice. Les malheureux qui étaient syndiqués, ou même ceux qui, sans l'être, suivaient les syndicats, le savaient et le croyaient. Mais aujourd'hui! Il n'y a personne qui croie qu'ils sont affamés et opprimés. Leurs syndicats, pour eux, c'est le moyen d'arracher aux pouvoirs publics quelque chose de plus, toujours plus.
    « L'essentiel sera de bien montrer au public que cette grève n'aura rien obtenu du tout, qu'il n'en sortira rien. Veillez-y. Non seulement il ne faut pas accepter quoi que ce soit, mais il ne faut absolument pas que le public ait cette impression. C'est une question d'information.
    « C'est une position qu'ils ne peuvent pas supporter longtemps. C'est impossible. Déjà, les gens disent, à propos des postiers: ils pourront toujours courir pour leurs étrennes.

    « Dans l'association capital-travail, les syndicats peuvent jouer un rôle considérable »
    AP. — Si vous faites un jour l'association capital-travail, si vous allez plus loin dans le sens de la participation, les syndicats ne serviront plus à rien, vous leur retirerez le pain de la bouche.
    GdG. — Au contraire! Les syndicats peuvent enfin devenir utiles à ce moment-là. À condition de se transformer radicalement, et de devenir ceux qui conseilleront le personnel dans la rédaction des contrats d'association. Mais pour ça, il faut qu'ils changent complètement leur état d'esprit d'aujourd'hui.
    « C'est pour ça qu'il faut enlever les prétextes à revendication enadoptant une procédure régulière d'amélioration des rémunérations. Il faut ôter aux syndicats leur domaine revendicatif et, au contraire, leur ouvrir le domaine constructif. À condition qu'ils veuillent bien s'y engager. Alors là, ils peuvent reprendre une très grande importance et une très grande valeur.
    « Malheureusement, ils n'en sont pas là ! Quand on leur propose de coopérer, ils refusent. Ça se voit, par exemple, au Conseil économique. Ça se voit dans l'affaire de la politique des revenus. Ils refusent de coopérer. Il y a pourtant parmi eux des éléments qui voudraient entrer dans ce domaine constructif. Mais jusqu'à présent, l'état d'esprit des syndicats s'y oppose. Ils restent figés dans la revendication, comme si, automatiquement, l'employeur dans le secteur privé, et l'État dans le secteur public, c'était l'ennemi.
    AP. — Ils sont tellement habitués à considérer que le moteur de l'histoire, c'est la lutte des classes.
    GdG. — C'est pour ça qu'il faut que l'efficacité des syndicats dans le domaine de la revendication devienne nulle. D' ailleurs, l'état d'esprit des personnels n'est absolument pas révolutionnaire, ils sont devenus des bourgeois maintenant ; alors ils ne marcheront plus, ils ne suivront plus, ça ne les intéressera plus.
    « À partir de ce moment-là, on peut espérer que les éléments valables des organisations syndicales se tourneront vers ce qu'on leur offre, c' est-à-dire vers la coopération, vers l'association, vers la participation.
    AP. — C'est encore loin d'être le cas. Vous pensez à remplacer le Sénat par le Conseil économique et social. Mais il est bien pire que le Sénat! Le patronat et les ouvriers font chorus contre le gouvernement, c'est leur seul point commun.
    GdG. — Oui. Les patrons et les ouvriers sont tous pour l'inflation. C'est ça la question. »
    (Curieux renversement de l' « association capital-travail » : elle ne se fait, dans la pratique, que contre l'intérêt national.)
    Pour le Général, partis, syndicats, assemblées, ce sont des écrans qui masquent, des prismes qui déforment : seul ne trompe pas, seul en définitive doit

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