C'était de Gaulle - Tome II
concurrence des syndicats représente un avantage, puisqu'on peut jouer de leurs divisions ; mais aussi un inconvénient, puisqu'ils se livrent à une surenchère. De toute façon, c'est à l'État d'exercer le rôle d'arbitre, qui est inaliénable.
« C'est une nouvelle épreuve. Il s'agit pour l'autorité de l'État de l'emporter. Comme ce fut le cas il y a deux ans pour la grève des mineurs. Mais essayons cette fois d'éviter des maladresses.
« Il faut faire comprendre que la psychologie de l'État-patron n'est pas acceptable. L'État, c'est l'intérêt général. Ce n'est pas unpatron parmi d'autres : s'il se réduisait à cela, il représenterait un intérêt particulier parmi d'autres. La notion et le terme même d'État-patron doivent être rayés des esprits. »
La France a fini par admettre sa logique : ou l'État n'est pas patron comme les autres, et il faut privatiser. Ou il est l'État, et il faut en tirer les conséquences : ce n'est pas une entreprise comme une autre.
« L'État c'est l'intérêt général, les syndicats c'est un intérêt particulier »
« On parle d'un dialogue. Naturellement! Quand on donne la parole, il y a dialogue. Il faut qu'il y ait dialogue. Mais ce n'est pas un dialogue d'égal à égal (bis).
« L'État, c'est l'intérêt général. Les syndicats, c'est un intérêt particulier. On ne peut pas faire de comparaison entre deux intérêts qui ne sont pas du même ordre.
« L'essentiel, c'est la politique des revenus. Elle s'étend à tout. En réalité, nous avons à choisir entre plusieurs politiques économiques et sociales. Le capitalisme libéral, le "laisser-faire laisser-passer", les secousses économiques et sociales, ça a eu sa vertu, mais quels inconvénients! Le système économique de contrainte, de totalitarisme, ça entraîne des résultats, mais à quel prix ! Même pas la satisfaction des besoins.
« Nous avons choisi une voie qui n'est ni celle du libéralisme, ni celle du communisme, mais celle de la politique des revenus. C'est une politique en vertu de laquelle nous voulons conserver l'esprit d'initiative et d'entreprise, mais en veillant à sauvegarder son caractère humain.
« La politique des revenus, ça contrarie les syndicats, qui ont l'habitude du libéralisme »
« Mais il ne faut pas que des catégories sociales soient écrasées et laissées exsangues sur le talus. Nous voulons les associer à l'expansion. La machine accélère ses effets. Il y a des hauts et des bas. Mais en gros, la production ne cesse d'augmenter et le revenu national aussi, de manière irrégulière mais continue.
« Il faut contenir, régulariser, diriger l'effort national. Que la productivité s'accroisse. Que la puissance de la collectivité s'accroisse de manière aussi régulière, aussi peu saccadée que possible. Cela s'applique à la distribution de l'accroissement du revenu national.
« Ça contrarie les patrons, qui sont toujours dans l'état d'esprit du libéralisme économique sans limite qui leur est naturel.
« Ça contrarie les organisations syndicales, qui ont l'habitude du libéralisme, qui le combattent pour en empêcher les abus, mais qui ont besoin de ses abus, parce que l'indignation qu'il soulève par ces abus donne du tonus à leurs troupes.
« Tout ça ne cadre pas avec notre politique des revenus.
« Plus nous ferons le Plan, moins les syndicats auront leur mot à dire. Les choses seront réglées automatiquement par le Plan. D' où la mélancolie des syndicats.
« Voilà la réalité. Nous allons faire face à cette épreuve. Nous ne devons y sacrifier ni l'autorité de l'État, ni la politique des revenus. »
« Il est capital d'augmenter la participation des travailleurs à la vie des entreprises »
Au Conseil du 24 février 1965 , Grandval présente un texte sur la réforme des comités d'entreprise, institués en 1945 par le gouvernement du général de Gaulle. Il s'agit de leur donner un nouvel essor : des informations plus poussées sur la marche de l'entreprise, la discussion des questions de formation professionnelle ; une consultation préalable en cas de réduction d'activité.
Pompidou. — C'est un avant-projet modeste, mais c'est néanmoins une tentative pour redonner vie et valeur aux comités d'entreprise, qui sont cantonnés actuellement dans les arbres de Noël. »
Le Général conclut : « Il est capital d'augmenter la participation des travailleurs à la vie des entreprises. »
Au Conseil du 21 avril 1965 ,
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