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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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tournent les uns contre les autres.
    AP. — Peut-on proclamer que nous restons neutres ?
    GdG. — Il ne faut rien proclamer du tout. Et d'abord, c'est faux ! Nous aidons les Marocains en leur fournissant des armes. Nous aidons les Algériens en mettant à leur disposition notre aérodrome de Colomb-Béchar. Nous les aidons à s'entre-tuer. Pourtant, il faut bien faire comme si nous étions neutres.
    « Et puis, il n'y a jamais eu de vraies frontières dans le Sud marocain et le Sud algérien. Il fallait bien qu'ils essaient de se chaparder un peu de sable. »

    « Ils ont la manie de la fantasia »
    Salon doré, 6 novembre 1963 , je demande au Général : « Pensez-vous que le cessez-le-feu qui vient d'être conclu entre le Maroc et l'Algérie va durer ?
    GdG. — Mais non, il ne va pas durer ! Ils aiment les fusils, ils aiment s'en servir, de préférence sans se faire trop de mal. Ils aiment tirer en l'air. Ils ont la manie de la fantasia. Ces postes pris et repris, Figuig, Hassi Beida, Tindouf, c'est de la fantasia. Jugez donc les événements à l'échelle du monde. Ce n'est pas plus qu'un petit accident de train dans un tunnel.
    AP. — Peut-être que Cuba et Moscou vont s'immiscer ?
    GdG. — Non, tout ça, c'est de la frime. Les Cubains en ont bien assez avec leurs propres problèmes. Et les Russes se sont aperçus que l'Afrique était un fameux guêpier, où il valait mieux ne pas trop se faire piquer. »

    Salon doré, 29 janvier 1964 :
    AP : « L'opinion française ne comprend pas que Ben Bella installe le castrisme en Afrique avec notre argent.
    GdG. — C'est de la foutaise. Si les Algériens font du castrisme, ils seront les premiers à s'en mordre les doigts. Castro a un puissant levier : les Américains, en lui mettant des bâtons dans les roues, suscitent la haine qui lui donne le moyen d'entraîner les Cubains derrière lui. C'est pourquoi nous n'avons aucun intérêt à provoquer le ressentiment des Algériens contre nous. Nous nous gardons de toute ingérence et nous restons sereins. »

    « Je n'irai pas en Algérie »
    Salon doré, 3 mars 1964.
    GdG : « La seule chose positive que les dirigeants algériens puissent mettre à leur bilan, c'est la coopération avec la France. Tout le reste est un fiasco. De tous les slogans, de toutes les promesses, au nom desquels ils se sont battus pendant huit ans, il ne reste absolument rien ! Des mythes, du vent.
    AP. — On parle d'un voyage que vous feriez en Algérie.
    GdG. — Ben Bella m'a invité. Je n'irai pas en Algérie.
    AP. — Vous seriez obligé d'aller aussi au Maroc et en Tunisie ?
    GdG. — Dans quelques jours, je vais recevoir secrètement Ben Bella dans la région parisienne. Mais je n'irai pas en Algérie. Je ne dis pas que je n'irai jamais au Maroc ; je ne dis pas que je n'irai jamais en Afrique noire. Ce n'est pas inconcevable. Il est inconcevable que j'aille en Algérie, dans une période aussi hystérique. »
    Ce refus, il me l'a redit plusieurs fois. N'a-t-il pas eu tort ? Je me prends à rêver de ce qu'aurait pu être son voyage en Algérie, de ces foules immenses qui seraient venues voir et entendre l'homme par lequel l'indépendance était venue. Il aurait su trouver le ton et les mots propres à exorciser le passé, comme il l'avait si bien fait en Allemagne. Il aurait pu rétablir entre les Algériens et la France une relation positive. Ben Bella avait osé lancer l'invitation. De Gaulle n'a pas osé l'accepter. Sur l' Algérie, il était trop noué. Et ce nœud, qui nous étreignait tous, il nous étreint toujours, si longtemps après.

    Pointe-à-Pitre, 20 mars 1964.
    Le Général me raconte son entretien avec Ben Bella au château de Champs-sur-Marne : « Il ne m'a pas fait mauvaise impression. Il a de l'assurance, mais sans jactance.
    « Il m'a dit avec humour que sa position personnelle était assurée grâce à son incarcération, qui lui a évité de s'user dans les grenouillages du Caire et de Tunis et a fait de lui le Combattant suprême. Mais il m'a dit aussi qu'il a été par la suite traité avec honneur dans une forteresse, et non plus dans une cellule de prison, et il sait à qui il l'a dû.
    « Il déborde d'éloges à l'égard des coopérants et notamment des instituteurs. Ah, si tous les colons s'étaient comportés ainsi, au lieu de faire suer le burnous ! (Est-ce bien Ben Bella qui parle, ou le Général ?)
    AP. — Pourtant, la guerre a commencé par un assassinat d'instituteurs, et non de colons. »
    Le

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