Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
s'il ne roule pas. Et puis, leur seule carte, ce sont nos bases au Sahara. Ils se disent : "Dans deux ans, les Français nous diront zut." »

    « L'Algérie s'engage sur le chemin du sous-développement »
    Au Conseil du 5 février 1964, après une communication de Jean de Broglie, le Général : « L'Algérie s'engage sur le chemin du sous-développement. Les dirigeants sont prisonniers de leur phraséologie et incapables de conclure.
    « Le petit Blanc n'a plus sa place en Algérie. La coopération doit évoluer. Nous avons là-bas des cadres utiles à l'Algérie, et c'est à encourager. Nous devons sauvegarder nos grands intérêts et nous adapter à l'évolution. »

    Après le Conseil, le Général me dit : « Nous ne pouvons pas prendre en charge leurs frais de révolution, mais nous leur apportons une aide, qui est d'un grand poids. Malgré leurs mythes, ils commencent à s'en rendre compte, même s'ils ne l'avouent pas. »
    1 Secrétaire d'État chargé des Affaires algériennes.
    2 Aide libre : le pays aidé en fait ce qu'il veut. Aide liée : le pays aidé achète du matériel français.
    3 Ben Bella est Premier ministre depuis la proclamation de la République algérienne, en septembre 1962. Boumedienne, ministre de la Défense, vient d'être promu, le 17 mai 1963, premier vice-président du Conseil. Ben Bella a pris en avril la direction du FLN, succédant à Khider.
    4 Une dissidence armée s'est déclarée en Kabylie le 29 septembre. Elle ne sera réduite qu'en novembre. Le 3 octobre, Ben Bella suspend la Constitution et prend les pleins pouvoirs.
    5 Béchir Boumaza, ministre du Travail, puis ministre de l'Économie de septembre 1963 à décembre 1964.

Chapitre 4
    « CE SONT DES HISTOIRES D'ARABES»
    Au Conseil du 3 juillet 1963 , le Général commente la visite de Hassan II à Paris : « Le roi se soucie beaucoup pour l'Algérie. Il la compare à une poule qui a couvé un canard, dans la personne de Ben Bella. Ce n'est pas qu'il ait peur de Ben Bella, mais il voudrait s'affirmer face à lui. C'est une affaire de prestige. Il souhaiterait que nous apparaissions comme l'appuyant contre Ben Bella.
    « Il faut que le Maroc sache que nous ne le laisserons pas tomber. Mais ce n'est pas le moment de nous éloigner de l'Algérie. La personnalité du roi s'affirme dans la bonne direction. Il a fait des progrès. Il a trente-cinq ans. Quand il en aura quarante-cinq, ce sera un monsieur. Il n'y a pas de raison qu'il n'y arrive pas. »
    Chacun comprend qu'il y a, au contraire, quelques raisons qu'il n'arrive pas à cet âge, et que, s'il y arrive, il aura montré qu'il était « un monsieur » en effet...

    « Ils essaient de se chaparder un peu de sable »
    Salon doré, 15 octobre 1963 , le Général me dit : « Le Maroc veut prendre Tindouf. Le roi veut recouvrer les frontières qui étaient celles du Maroc avant 1912. Dans les confins algériens, il y a des bandes. De fil en aiguille, Hassan II est entraîné à s'étendre. Il a la nostalgie de la Mauritanie. Il profite des ennuis algériens. »
    Salon doré, 23 octobre 1963.
    Le conflit armé entre le Maroc et l'Algérie se développe. J'interroge le Général sur la tentative de médiation du Négus, qui a échoué.
    AP : « Vous pourriez le remplacer comme médiateur.
    GdG. — Une médiation ne peut pas réussir. Pourquoi me mettrais-je en avant et offrirais-je une conciliation dont personne ne veut ? Ce serait la meilleure manière de les réconcilier sur mon dos ! Je ne bouge pas. »
    Le Général reste silencieux quelques instants. Son regard se perd dans les arbres jaunis. Peut-être pense-t-il aux premières médiations de notre histoire, celles de Saint Louis, voici sept cents ans...
    GdG : « Ce sont des histoires d'Arabes ! Le Maroc voudrait Tindouf, pour faire tomber la Mauritanie. Notre intérêt est au contraire dans le statu quo des frontières, de manière que la Mauritanie tienne le plus longtemps possible. Mais, en un autre sens, nousne souhaitons pas que Ben Bella fasse le coup à Hassan II de susciter la révolution dans son pays.
    AP. — C'est un affrontement d'idéologies inconciliables ?
    GdG. — Vous voulez rire ! Il faut qu'ils se chamaillent, les Égyptiens avec les Syriens, les Syriens avec les Kurdes, etc. Il y a bien deux mille ans que c'est comme ça. Quand nous étions là en force, nous avons pu imposer le silence ; puis ils se sont tournés contre nous. Maintenant que nous ne pouvons plus être le bouc émissaire, ils se

Weitere Kostenlose Bücher