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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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coup d'État a été manipulé par les Russes ou les Chinois ?
    GdG. — J'en ai eu un moment l'idée. Plutôt, par les Russes. Pour empêcher la conférence qui doit se tenir à Alger à la fin du mois et que Ben Bella annonçait avec fanfaronnade comme la seconde conférence de Bandung. Mais finalement, j'en doute. Non. Ça a été une opération algérienne. Un règlement de comptes, comme pour Khrouchtchev en Russie. C'est un type dont on a assez. Alors, un complot se monte contre lui. Et on le liquide froidement.

    « Ils feraient monter le prix du tapis ! »
    AP. — Que vont-ils faire de Ben Bella ?
    GdG. — Ils ne peuvent pas le zigouiller, étant donné que Nasser et compagnie ont dit à Boumedienne : "Si vous le tuez, je ne viens pas." Boumedienne ne le fera pas. La conférence ne pourrait pas se tenir dans une ville où le cadavre de Ben Bella serait encore chaud.
    AP. — Nous-mêmes, nous n'intervenons pas pour le sauver ?
    GdG. — J'ai fait dire que ce serait moche de le tuer. Discrètement, puisque nous ne voulons pas nous immiscer. Mais on l'a dit quand même et ça a porté.
    AP. — Vous ne pensez pas que l'opinion française va se dire : " Ils ne valent pas la peine qu'on leur donne de l'argent ! Ils ne sont capables que de se déchirer. Laissons-les tomber" ?
    GdG. — L'opinion à courte vue dira ça. L'opinion à plus longue vue comprendra qu'au fond, l'Algérie ne peut pas sortir de la pagaille sans la France, et que c'est tout avantage pour la France qu'elle en sorte.
    AP. — N'est-ce pas l'occasion de dire que la coopération avec l'Algérie représente pour la France un intérêt permanent, indifférent aux personnes ?
    GdG. — Mais non ! Ne dites jamais que c'est un intérêt pour nous ! Ils s'en prévaudraient contre nous, ils y verraient la preuve que nous faisons du néo-colonialisme ! Ils feraient monter le prix du tapis ! Non ! Il faut simplement dire que les raisons qui commandent notre coopération subsistent, et ne sont nullement modifiées par la mise à l'écart de Ben Bella. »

    Au Conseil du 21 juillet 1965, Jean de Broglie présente la conclusion des pourparlers franco-algériens sur le pétrole. Ils aboutissent, après deux ans, à un traité — qui sera signé le 29 juillet.
    « La France s'assure un ravitaillement de quarante millions de tonnes payables en francs. Nous restons les seuls associés de l'Algérie pour l'essentiel des découvertes à faire au Sahara. L'Algérie renonce à sa prétention initiale de décrocher de l'économie française pour son industrialisation : c'est l'inverse qui va se produire. »
    Pompidou tient à préciser qu'il a suivi de près ces négociations. « Les Algériens avaient une volonté têtue de revenir sur ce qu'ils nous avaient concédé dans les accords d'Évian. Cet accord nous permet d'amortir tout l'argent investi ; et l'accord sur l'industrialisation de l'Algérie devrait marcher.
    GdG. — Dans l'ensemble, c'est déjà beaucoup qu'un accord si précis et si complet ait pu être négocié. Les intérêts français durables sont sauvegardés. Ce traité constitue un fondement essentiel des relations particulières entre la France et l'Algérie. »

    « La passion ne pardonne pas »
    Après le Conseil, le Général : « Dites-en le moins possible. Si vous mettez l'accent sur ce qui nous est favorable, les Algériens s'estimeront roulés. Si vous soulignez ce qui est avantageux pour eux, on dira que nos négociateurs se sont fait avoir. Mais entre nous, c'est tout de même assez satisfaisant pour nous. Il ne s'agit pas seulement, comme à Évian, de mettre fin à une guerre, mais de travailler dans la paix après trois ans d'expérience de la coopération. C'est satisfaisant qu'on puisse signer ça, alors qu'on avait tellement dit que la xénophobie reprendrait le dessus, que les Algériens nationaliseraient tout d'un seul coup d'un seul, qu'on verrait ce qu'on verrait. Mais la passion ne pardonne pas. »
    Que veut-il dire ? Que la passion ne lui pardonne pas, il le sent bien. De son côté, il s'efforce de maintenir le couple passionnel France-Algérie entre les garde-fous de la raison. Il s'acharne à croire, souvent contre son pessimisme instinctif, parfois contre l'évidence, qu'une relation positive pourra, d'une façon ou d'une autre, se construire peu à peu entre les deux pays.

Chapitre 6
    « SI LE ROI LIQUIDE OUFKIR, ÇA IRA »
    Au Conseil du 3 novembre 1965, Couve annonce que Moulay Ali, à la fois cousin germain,

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