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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Paris. Ils nous demandent d' intervenir dans leurs affaires. Mais pourquoi écarterions-nous tel homme, préférerions-nous telle orientation ? Ne nous en mêlons pas ! Les intrigues de l'un, les complots de l'autre, en quoi ça nous regarde ?
    AP. — Vous n'êtes pas préoccupé par une détérioration rapide ?
    GdG. — Le déroulement des révolutions comporte trois temps, plus ou moins étalés : d'abord Danton, bientôt Robespierre, qui à son tour est éliminé par les thermidoriens. Ben Bella, c'est Danton. Boumedienne, c'est Robespierre 3 . Il y a un temps de terreur. Puis vient le jour des thermidoriens. Tout ça est encore très mouvant et le restera longtemps. »

    Au Conseil du 19 juin 1963.
    Broglie fait le point : « Nos interlocuteurs se plaignent de l'effondrement des rentrées fiscales. Ils s'aperçoivent que Borgeaud était à lui seul un État-providence. Ils se rendent compte que la socialisation est ruineuse.
    « Ils exigent un quitus fiscal pour les Français qui repartent. Ils s'emparent au passage d'impôts de 1960 ou 61, qui sont dus à laFrance et non à l'Algérie. Ils demandent que nous acceptions de poursuivre les Français qui n'ont pas payé. »
    Giscard bondit : « Ce serait désastreux pour nous ! Assurer le recouvrement avec des saisies ! Alors qu'il s'agit de spoliés !
    Pompidou. — Cette façon brutale d'empêcher les Français de quitter l'Algérie est inacceptable ! »
    Le Général, qui semble souvent d'une inépuisable indulgence pour les Algériens, se rallie quand même au point de vue de Pompidou : « Cette mesure est trop sommaire pour que nous l'acceptions. Est inacceptable, aussi, la déclaration de Ben Bella en faveur des Français qui ont aidé le FLN et qui sont en prison chez nous. C'est l'affaire de la France et non la sienne.
    Grandval. — Les Algériens veulent être seuls maîtres des mouvements de migration entre l'Algérie et la France et en France même, comme si les Algériens de France bénéficiaient d'un droit d'exterritorialité. »
    Le Général, très ferme : « Ce serait inacceptable ! L'arrivée et le départ de ces pauvres immigrants ne doivent pas être à la discrétion d'Alger. Monsieur le Premier ministre, je vous demande d'y veiller. »

    « Il n'y a plus que le pétrole et les essais qui comptent »
    Salon doré, mardi 1 er octobre 1963.
    GdG (placide) : « Ben Bella, le pauvre diable, il se débat comme il peut. Il nous a avertis de la nationalisation des propriétés des colons français. Il n'en restera pas un. Il faut en faire son deuil. Il s'est passé trop de drames en Algérie pour qu'il n'en soit pas ainsi.
    AP. — Ça provoque une grande irritation dans l'opinion.
    GdG. — Après sept ans et demi de guerre, après surtout que l'OAS s'est conduite comme elle l'a fait, avec l'appui de la masse des pieds-noirs (il répète ces mots), il était inévitable que ce mouvement de départ des colons se précipite. Ben Bella lui-même a toujours proclamé que la coopération entre la France et l'Algérie supposait d'abord le départ des pieds-noirs, et l'arrivée de techniciens français venus avec leurs valises, mais n'estimant avoir aucun droit sur le pays. On ne peut pas l'accuser d'avoir changé d'avis.
    AP. — Vous attendiez-vous à des spoliations si rapides ?
    GdG. — Peut-être pas. Ben Bella est enfermé dans sa logique révolutionnaire. Il est obligé de hurler avec les loups. Et puis, ce qui se passe en Kabylie 4 l'inquiète et il veut montrer qu'il fait du vrai socialisme. Alors, il met les bouchées doubles.
    « Mais, du même coup, il risque d'accroître le chaos économique et d'enlever ses chances à la coopération avec la France. Il est sur le fil du rasoir. Le désordre qu'il institue en précipitant le mouvement peut profiter à ses adversaires. Alors, il est capable de tout, par démagogie. De tout.
    «Au fond, maintenant que presque tous les pieds-noirs sont partis, il n'y a plus que le pétrole et les essais qui comptent. Là, nous ne pouvons pas reculer et nous le lui avons dit. Mais les colons, les journaux de l'époque coloniale, que voulez-vous y faire ? »

    « Les Algériens ne sont pas sortis de l'auberge. Nous, si, heureusement »
    Au Conseil du 9 octobre 1963, il est encore question des nationalisations de terres agricoles :
    GdG : « Il faut être très pragmatique. Le premier mouvement de Ben Bella est de barboter tout ce qu'il peut. C'est un terrain où la démagogie est facile. Ils ne laisseront aucun

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