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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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pays africains associés. La France demande, conformément au traité de Rome, à être soulagée des surprix qu'elle paie à ces pays africains pour favoriser leurs produits tropicaux par rapport au cours mondial. Mais elle est isolée. »

    « Nous sommes les seuls à vouloir que l'Afrique s'en sorte »
    À l'issue du Conseil, le Général me dit :
    « Nos partenaires pratiquent l'égoïsme sacré. Nous sommes les seuls à vouloir que les Africains se développent, en les faisant échapper aux variations catastrophiques du cours mondial des matières premières et des produits tropicaux. Nous sommes les seuls à vouloir que l'Afrique s'en sorte.
    « L'association de l'outre-mer était le seul avantage réel que nous tirions du traité de Rome, avec la perspective du Marché commun agricole, à condition de la transformer en réalité.
    « II n'y a que trois solutions. Ou bien, accepter que s'effondrent les recettes des Africains. C'est inacceptable, ce serait les vouer à la misère et pour certains à la famine. Ou bien, continuer à verser des surprix, mais alors renoncer au Marché commun, où nous ne serions pas à armes égales avec nos partenaires. Ou encore, obtenir de nos partenaires que la Communauté européenne accepte desoutenir les productions de ces pays au-dessus du cours mondial. Ce serait la meilleure solution. Si nos partenaires continuent de se défiler, il faudra se résigner à sortir du Marché commun. Je ne suis pas sûr que ce soit un grand malheur. »

    « Il ne faut jamais compter sur la gratitude des gens à qui on a rendu les plus grands services »
    Au Conseil du 27 juin 1962, Gorse, contrairement au pessimisme de sa dernière communication, fait état de l'accord intervenu in extremis pour l'association des pays africains.
    GdG : « Ce résultat est important. Par les chiffres obtenus, 780 millions de dollars pour les cinq années 1963-1967. Parce que les pays associés sont surtout dans notre mouvance française. Parce que les obstacles venant de nos partenaires ont été levés.
    « Les choses n'avancent que parce que nous les faisons avancer. Et on dit que nous ne sommes pas européens ! »

    Au Conseil du 11 juillet 1962, Gorse fait un compte rendu calamiteux des réactions des Africains, profondément déçus du compromis européen.
    GdG : « Allons donc ! Ils ne se priveront pas des 780 millions de dollars qu'on leur assure ! Mais il ne faut jamais compter sur la gratitude des gens à qui on a rendu les plus grands services. »

    « On n'a pas laissé aux Noirs le temps de mûrir »
    Au Conseil du 25 juillet 1962, Giscard, sur la zone franc : « Le 10 mai, nous avons conclu un accord de coopération avec l'Union monétaire africaine. Mais le Mali a décidé de ne pas le ratifier. Modibo Keita 3 a déclaré solennellement: "La souveraineté est incomplète sans le droit de battre monnaie." Des commerçants, inquiets, ont manifesté devant notre ambassade à Bamako pour demander que la France ne permette pas cette folie. La troupe a tiré. On déplore deux morts et de nombreux blessés. »
    Giscard ajoute, pince-sans-rire : « C'est la première fois dans l'histoire que des hommes meurent pour la défense du franc.
    Gorse. — Ce n'est pas seulement le Mali, ce sont tous les États africains qui revendiquent chacun leur monnaie.
    Pompidou. — L'Union monétaire date de mai. Attendons avant de l'enterrer ! Il faut lanterner ! Laissons se dérouler l'expérience de Sékou Touré 4 . Beaucoup d'Africains commencent à sentir quela politique guinéenne est suicidaire et contraire aux intérêts de toute l'Afrique.
    GdG. — Il faut penser à ceux qui restent avec nous. Il faut donc les traîner en longueur. » (Il ne dit pas : « faire traîner ».)

    Après le Conseil, le Général me dit : « On n'a pas laissé aux Noirs le temps de mûrir. Ce sont encore de grands enfants. Il faut leur parler comme on parle aux grands enfants : en respectant leur dignité et en se faisant respecter d'eux. C'est le seul moyen de garder leur confiance. »
    Le Général est très détendu. J'en profite pour lui raconter ce que m'avait dit le docteur Schweitzer 5 , auprès duquel, en août 1959, j'avais passé quatre jours à Lambaréné dans son village de paillotes appelé « hôpital » : « De Gaulle se trompe. Pourquoi veut-il décoloniser si vite ? Il veut traiter les nègres comme s'ils étaient des Blancs. Pourquoi veut-il les mettre dans des bureaux ? Ce sont des chasseurs, des pêcheurs, à

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