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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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matois. Il voulait jouer au plus fin. C'était un homme d'Unilever. Il s'appuyait sur les Anglais. Il avait grandi dans l'opposition à la France. Une fois arrivé au pouvoir contre nous, il avait affecté de ne pas vouloir d'accord avec nous. Puis, voyant que ça lui était difficile de se maintenir sans notre aide, il a voulu un accord, mais sans en avoir l'air. Il lui fallait tromper tout le monde.
    « Naturellement, il a été puni par où il a péché. Il a cru, à la différence de toutes les autres Républiques africaines, que ça irait beaucoup mieux sans les Français. Si les troupes françaises avaient été là, il serait encore au pouvoir, et en vie. Là où nous avons quelques troupes, tout va bien. Là où notre armée a disparu, il peut arriver n'importe quoi.
    « Enfin, tout ça fait partie de l'évolution africaine.
    « Ce qui compte, c'est que nous puissions réagir immédiatement. Nous avons pris des mesures militaires immédiates, extrêmement limitées mais immédiates. Cela suffit pour peser d'une façon décisive sur l'évolution des événements. Nous avons envoyé deux petits avions à Cotonou, et du coup, Grunitzky 3 s'est décidé à quitter Cotonou pour aller à Lomé recevoir le pouvoir. Ce Grunitzky est très buvable pour nous, mais il n'est pas très énergique.
    « Notre ambassadeur au Togo non plus. On lui avait donné un poste radio pour qu'il puisse être en communication avec Paris à tout instant. Il a cru bon de demander la permission à Sylvanus Olympio. Naturellement, Olympio a refusé. Du coup, on a construit une petite cahute dans la nature, à plusieurs kilomètres de Lomé, pour abriter le poste radio. Résultat, la radio n'était pas dans l'ambassade. Quand on a voulu communiquer avec elle, ça ne marchait pas. Il n'y avait qu'à l'installer dans l'ambassade sans demander la permission à personne. C'est incroyable, cette pusillanimité. »
    Roger Seydoux ne partage pas l'optimisme du Général sur ce « buvable » qui remplace un « imbuvable ». Il m'a confié, hier :
    « L'expérience nous a toujours montré qu'il valait mieux s'entendre avec les durs, symboles et porte-parole de la fierté nationale, qu'avec les francophiles, qui sont des Glaoui et qui préludent à une révolution devant laquelle ils n'offrent qu'un rempart fragile. »

    « Dès qu'ils ont leur armée, elle leur crée des ennuis »
    Salon doré, 24 janvier 1963.
    AP : « Vous m'aviez dit que vous parleriez de l'Afrique dans votre conférence de presse. Vous ne l'avez pas fait. Qu' auriez-vous dit ?
    GdG. — Ça avait déjà duré assez de temps, j'ai arrêté les frais. De toute façon, l'Afrique, c'est réglé. Les Africains devinent leur voie. Ils vont la suivre cahin-caha. C'est celle que je leur ai tracée : l'indépendance dans la coopération. Ils savent qu'ils ne peuvent rien faire sans le pays qui les a colonisés, sauf à revenir à la barbarie, et qu'ils ont besoin de son aide pour développer leur technique, leur culture, leur population. Ils suivront cette direction avec bien des péripéties, mais ils la suivront.
    AP. — Quelles seront les conséquences du coup d'État du Togo ?
    GdG. — Ces pays ne demandent qu'une chose, c'est avoir leurpropre armée indépendante. Aussitôt, elle leur crée des ennuis. Rien ne valait mieux que garder la protection de l'armée française. Ils sont d' ailleurs en train de commencer à le comprendre. Mais c'est moi qui ne veux pas la leur laisser. C'est une source d'ennuis et ça nous coûte cher. Je leur laisserai des troupes dans les endroits stratégiques que j'aurai choisis. Et je répondrai à leurs appels quand il me paraîtra bon de le faire. Sinon, tant pis pour eux. »

    Au-delà de la fierté d'adopter un comportement exemplaire, j'ai l'impression, sinon d'un désintérêt, du moins d'une distance. L'Afrique a ses péripéties, parfois dramatiques. Mais ce n'est plus une tragédie où de Gaulle se sente en jeu.
    Le 13 juillet 1965, au Conseil, il dit encore : « Moins les États d'Afrique ont de militaires, mieux ils se portent. S'ils n'en avaient aucun, ils ne risqueraient pas de se faire renverser. »

    « Houphouët, Senghor et les autres ont tous le complexe du futur Président assassiné »
    Au Conseil du 13 février 1963, Triboulet, qui revient d'Abidjan, raconte une confidence d' Houphouët-Boigny : « Les étudiants sont communistes quand ils reviennent de France. Ils ont des appétits. J'en avais fait des ministres. Ça ne suffit

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