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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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oncle et beau-frère du roi Hassan II, va être remplacé comme ambassadeur du Maroc à Paris, bien qu'il ne soit ici que depuis un an, par Laghzaoui, ancien directeur de la Sûreté de Mohammed V. Il laisse entendre que ce remplacement inopiné est « surprenant ».
    GdG : « Un ancien chef de la Sûreté ? Enfin... Il faut espérer que les affaires Ben Barka ne vont pas se multiplier. »
    Première allusion à l'affaire Ben Barka, dont les journaux parlent depuis trois jours 1 .
    Frey saisit la balle au vol : « Cette affaire Ben Barka est troublante. Il y avait quatre cents personnes devant le café. Aucun témoin ! L'enlèvement a été connu avec vingt-six heures de retard. Un étudiant marocain a disparu en même temps.
    GdG. — Il ne faudra pas s'en tenir là. »
    C'est lâché sur un ton très ferme, qui veut dire à la fois : « Tenez-vous-en là pour aujourd'hui, puisque l'enquête ne fait que commencer, mais il faudra aller beaucoup plus au fond des choses la prochaine fois. »

    « Ce n'est pas tolérable, à aucun point de vue »
    Après le Conseil, je demande au Général :
    « Que s'est-il vraiment passé ?
    GdG. — N'en dites pas un mot ! C'est une affaire bizarre. Le ministre de l'Intérieur marocain, Oufkir, y est mêlé. Mais il semble qu'il ait été aidé par des Français. Ce qui est sûr, c'est qu'il faudra établir la vérité et en tirer toutes les conséquences. Si les journalistes vous interrogent, dites qu'on n'en a pas parlé.
    AP. — Mon général, il peut toujours y avoir un collègue qui dira qu'on en a parlé. Si je mens, ne serait-ce qu'une fois, je perds mon crédit. J'aime mieux répondre que je n'ai rien à dire. »
    Le Général s'incline, comme chaque fois qu'il voit qu'on est déterminé et qu'on a de bonnes raisons de l'être.
    Au Conseil du 10 novembre 1965, Couve traite l'affaire :
    « Le porte-parole de l'opposition de gauche marocaine, "Union nationale des forces populaires " (UNFP), a été enlevé à Paris le 29 octobre. L'affaire n'a été connue qu'avec un jour de retard. La police a reçu aussitôt de votre part instruction de faire toute la lumière, sans aucun ménagement. Elle a vite découvert l'ensemble de l'opération, dont l'inspirateur est le ministre de l'Intérieur, le général Oufkir. On n'a pas encore établi si Ben Barka est mort ou vivant. Nous avons marqué au gouvernement marocain qu'il n'était pas tolérable qu'une opération soit menée sur le territoire français par un ministre étranger. Notre ambassadeur a vu le roi. Nous n'avons aucun intérêt à détériorer nos relations. La suite dépendra des décisions du roi. »
    Frey complète, très fier : « Nous avons pu identifier les quatre cinquièmes de ceux qui ont participé à l'opération.
    GdG. — Le gouvernement marocain, en tout cas son ministre de l'Intérieur, a monté cette affaire avec l'aide de Français. Ce n'est pas tolérable, à aucun point de vue. Le problème de nos rapports avec le Maroc est posé. On verra. Si le roi liquide Oufkir, ça ira. S'il ne le liquide pas, nos rapports vont se détériorer. »

    « L'enlèvement d'Argoud ? Rien de commun avec Ben Barka »
    Après le Conseil, le Général me donne ses instructions pour la presse : « Le gouvernement marocain est au courant de ce que la justice française est saisie et poursuivra l'affaire jusqu'à son dénouement.
    AP. — On fait un rapprochement entre ce rapt et celui d'Argoud en Allemagne. »
    Il me répond vivement, mais avec des détails qui montrent qu'il a mûrement réfléchi à ce parallèle :
    « Argoud ? Rien de commun avec Ben Barka ! (Il tape du plat de la main sur son bureau.)
    « 1. Argoud avait été condamné pour crimes ; pas Ben Barka.
    « 2. Argoud faisait l' objet d' un mandat d' arrêt international, pas Ben Barka.
    « 3. Nous avions demandé en vain l'extradition d'Argoud à l'Allemagne ; le Maroc n'a pas demandé celle de Ben Barka.
    « 4. L'Allemagne n'a pas été en mesure de retrouver Argoud, alors que nous aurions été en mesure de retrouver Ben Barka.
    « 5. La présence de l'armée française en Allemagne donne des droits à la France en Allemagne, justement dans ce cas, du fait qu'Argoud était caché par des éléments militaires français en Allemagne. Il n'y a pas d'armée marocaine en France, que je sache.
    « Donc, il n'y a aucun rapport entre ces deux affaires.
    AP. — Croyez-vous que Ben Barka est mort ?
    GdG. — Plus les jours passent, plus c'est vraisemblable.
    AP. —

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