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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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1951, 46,5 % ; en janvier 1956, 52 % ; en novembre 1958, 43 % ; en 1962, 40 % ; et maintenant 32 %. Cette chute, c'est de mon fait et non du fait de Lecanuet.
    « Je ne veux pas être l'expression d'une fraction. Je ne suis pas l'UNR. Je ne me confonds pas avec elle. Je ne divise pas les Français, je veux les rapprocher en leur donnant quelque chose de commun. Il faut manœuvrer en conséquence.
    « Je ne suis pas là pour vaincre la gauche et la droite, mais pour les rassembler. »

    « Je vois, vous voudriez que je parle aux Français en pyjama »
    Après le Conseil.
    AP : « Mon général, vous allez bénéficier de deux heures de télévision et d'autant de radio. Vous ne pouvez pas vous permettre, cette fois-ci, de ne pas les utiliser. Le second tour est un duel. Toute minute que vous n'utiliserez pas donnera l'impression d'être concédée à l'adversaire. À la télévision, à la radio, vous pourriez faire passer votre message en quatre heures, en variant les modes de présentation.
    GdG (sèchement). — Si j'emploie une partie de mon temps, en tout cas, je ne l'emploierai pas deux fois différemment. Rayez ça de vos papiers. Le même enregistrement servira pour la radio et pour la télévision.
    AP. — La radio et la télévision sont deux vecteurs très différents... Enfin, renonçons à cette idée. Puis-je vous en proposer une autre ? Vous avez l'habitude de parler aux Français en chef qui oriente la Nation. Puisque vous avez accepté de vous présenter, vous êtes un candidat, en position de concurrence. Vous avez déjà éliminé quatre adversaires sur cinq. Reste à éliminer le dernier. Le ton du Président parlant ex cathedra n'est pas le meilleur pour ce genre de joute. Il vaudrait mieux un langage familier.
    GdG. — Je vois, vous voudriez que je parle aux Français en pyjama. »
    Je ne peux m'empêcher de rire — et il a failli me désarçonner. Mais je reprends : « Je n'en demande pas tant. Je suggère simplement le ton "coin du feu" (je ne mentionne ni Roosevelt, inventeur de la formule, ni Pompidou qui l'a reprise : il ne supporterait pas que je les lui donne en modèles). Le ton de tous les jours, celui que vous avez dans le tête-à-tête.
    « Ce serait bien si vous vous faisiez interroger par un journaliste. Avec Burin des Roziers, nous avons passé en revue les noms des interlocuteurs envisageables. Michel Droit serait très bien. Il a dutalent, il est gaulliste, il saura vous renvoyer la balle sans être complaisant. »
    Il conclut par un très louis-quatorzien : « Je verrai. »
    Jeudi 9 décembre 1965.
    Il a vu. Et il fait ce que nous lui suggérions. Burin m'en informe. Nous sommes aussi soulagés l'un que l'autre.

    « La France, c'est plus que les Français du moment »
    Lundi 13 décembre 1965. Dans ce Salon Murat, j'ai déjà assisté à bien des enregistrements. Jamais à un comme celui-là.
    Pour la première fois de sa longue vie, le Général se fait « interviewer ». Il ne délivre pas d'en haut son message au peuple. Il passe par la médiation d'un interlocuteur. Michel Droit est très à son aise. En revanche, Burin, Galichon, Pérol 5 et moi sommes tendus. Nous sentons bien que le Général joue son va-tout. Les techniciens ont l'air moins dévots que naguère. Ce sont les mêmes qui se sont occupés des autres candidats. De Gaulle n'est plus que l'un d'eux, parmi d'autres. Il est banalisé. L'empreinte du sacré a disparu.
    A mesure que l'entretien se déroule, nous avons l'impression d'une mécanique bien huilée. Le Général est en forme. Au bout de trois quarts d'heure, il demande à continuer. On enchaîne donc, et il va jusqu'au bout du temps dont il dispose ; il enregistre trois entretiens sans avoir soufflé. Plus il avance, plus nous avons l'impression qu'il a trouvé son vrai style de communication. Pourquoi diable ne l'a-t-il pas utilisé plus tôt ? Les formules jaillissent, comme d'elles-mêmes (bien qu'il les ait, évidemment, peaufinées à l'avance) : « Et les Français ? Eh bien, c'est eux qui font la France. Mais la France, c'est plus que les Français du moment », «La démagogie, c'est très commode, c'est vulgairement commode », « Ce n'est pas la peine de raconter des histoires », « À qui le dites-vous ! » Dans le deuxième entretien, il se laisse même aller à la mimique : « On peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant : "L'Europe ! " », et ainsi de suite trois fois. Il est tel que nous le connaissons, tel qu'il sait nous

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