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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Centre d'essais ne peut passer inaperçu. Si nous n'en parlons pas, d'autres en parleront à notre place, et de façon moins pertinente. »

    « Notre bombe est pacifique ! »
    Après le Conseil du 3 juin 1964, où a été relatée une visite de Couve à Madrid, le Général me dit : « Soulignez bien que nous entrons avec l'Espagne dans la voie de la coopération pratique, y compris nucléaire. Enfin, pas pour qu'ils fassent des bombes, mais de l'électricité.
    AP. — Bien sûr, c'est du nucléaire pacifique.
    GdG (sévèrement). — Ne parlez donc pas de nucléaire pacifique ! Ce sont nos adversaires qui disent ça, pour faire croire que notre bombe est belliqueuse ! Notre bombe est pacifique ! C'est ce qu'on a inventé de plus pacifique depuis que la France existe ! Elle rend une guerre contre la France impossible ! Dites donc civil, par opposition à militaire. »

    « Y a-t-il quelqu'un qui en soit mort ? »
    Au Conseil du 14 août 1964, Pompidou rend compte de l'inspection qu'il vient de faire en Polynésie :
    « L'économie marche, la population autochtone travaille. Le maire de Papeete, Poroï, est d'un gaullisme effervescent. Mais il y a des éléments sensibles à la tentation de l'indépendance ; travaillés en sous-main par des Français d'Europe, surtout des enseignants, dont beaucoup sont communistes ou progressistes.
    « L'information et la culture françaises sont très insuffisantes. Il est indispensable que M. Peyrefitte aille sur place prendre des dispositions pour installer la télévision à Papeete et à Nouméa.
    GdG. — Dans le cas de la Nouvelle-Calédonie, aussi bien que dans celui de la Polynésie, il ne peut pas y avoir de question quant à notre souveraineté ! Leur situation n'a aucun rapport avec les territoires que nous avons affranchis.
    « En Calédonie, tout a été fait par la France. Les Français d'origine représentent la moitié de la population. Il faut s'acheminer vers un statut analogue à celui des départements d' outre-mer.
    « La Polynésie, c'est 70 000 habitants. Le développement, l'information, la scolarisation, la pratique du français doivent être le corollaire de l'installation du Centre et demeurer après lui. »
    Pompidou insiste sur les précautions du Commissariat en matière de sécurité, qu'on n'a jamais prises ailleurs.
    GdG : « Depuis qu'on fait des expériences atomiques, y a-t-il quelqu'un qui en soit mort ? Qu'on nous foute la paix ! (Il est rarissime qu'il emploie en Conseil les expressions triviales qui lui sont familières dans le tête-à-tête.) Après la masse énorme d'explosions en mégatonnes, il n'est jamais rien arrivé.
    Couve; — Sauf à Bikini, où on n'avait pas pris les précautions nécessaires. »

    « Que les Polynésiens vivent en français »
    Après le Conseil, le Général me donne ses instructions :
    « Puisque vous allez en Polynésie et en Calédonie, la télévision ne doit pas traîner ! Il faut que les Polynésiens vivent en français, avec des nouvelles de Polynésie, de métropole et du monde en français. Il faut qu'ils baignent dans la France. C'est un cadeau que nous leur devons avant (il insiste) les campagnes de tirs. »

    Après le Conseil du 9 septembre 1964, j'interroge le Général à propos de la conférence de Genève sur l'utilisation de l'énergie atomique :
    GdG : « La recherche atomique, c'est un tout. Les puissances nucléaires surclassent de loin, pour les applications civiles de l'atome, les nations qui ont renoncé à la bombe. La bombe, donc la sécurité, nous est donnée en premier lieu ; et l'électricité par surcroît. En lançant nos scientifiques dans la course à l'atome, nous avons fait d'une pierre deux coups. »
    Conseil du 21 octobre 1964.
    Je fais une communication sur mon inspection en Polynésie : le projet de télévision ; mais aussi les chantiers de Tahiti et Mururoa. L'Eglise protestante est hostile au Centre d'essais. L'Église catholique est très loyale, mais beaucoup moins bien implantée. Les pasteurs tahitiens rencontrent des pasteurs anglais et américains qui les excitent contre la France, et des pasteurs des îles du Pacifique, Samoa, Fidji, Cook, Tonga, avec lesquels ils se montent mutuellement la tête.
    Le Général pique une colère, parle d'expulser les pasteurs étrangers, d'assigner à résidence les pasteurs polynésiens. « Il y a centvingt ans que l'affaire Pritchard 1 s'est produite, et ces querelles sont toujours aussi vives ! Le monde change à toute

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