Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
diplomatie ne l'a pas fait. L'armée se tient droite, les diplomates font des courbettes. »
    Pour détourner l'algarade, je l'interroge sur ses allusions : « Vous avez dit que si des éléments menaçants s'installaient à Bizerte, nous savons ce qu'il nous resterait à faire. Qu'est-ce à dire ?
    GdG. — Eh bien, vous n' avez pas compris ? Nous aurions tôt fait de liquider Bizerte avec une petite bombe. »
    C'était donc bien ça qu'il avait voulu me dire il y a six mois et que je n'avais pas voulu croire. Le pense-t-il vraiment ? En disant : « une petite bombe », il fait comme s'il prenait une pincée de sel entre le pouce et l'index.

    « Nous sommes à l'abri d'une attaque nucléaire »
    Salon doré, 22 janvier 1964. Après le Conseil, où Messmer a décrit la défense opérationnelle du territoire, je m'enhardis à demander :
    « Comment les choses vont-elles se passer, si une guerre se déclenche ? Force de dissuasion, unités de combat au front, défense du territoire sur place, je vois mal l'articulation. »
    C'est quitte ou double. Ou il vous met à la porte, ou il est patient. Aujourd'hui, il est toute patience.
    GdG : « D'abord, la force de dissuasion. Elle est faite pour empêcher la guerre. Et ce sera le cas. Nous allons avoir quarante bombes, chacune puissante comme trois fois la bombe d'Hiroshima, chacune portée par un Mirage ultra-rapide. Certes, nous n'avons pas la certitude que toutes atteindraient leur objectif, mais beaucoup le feraient. Elles infligeraient aux Russes des dégâts sans commune mesure avec l'avantage de conquérir notre sol.
    AP. — Mais ils pourraient écraser nos propres villes et nos grandes industries, bref nous vitrifier.
    GdG. — Quel bénéfice ? Ils peuvent être sûrs qu'il ne resterait plus une pierre sur l'autre à Moscou, Leningrad, etc., et que tous leurs combinats, leurs barrages, leurs centrales électriques seraient pulvérisés. D' ailleurs, Khrouchtchev m'a dit que Lénine montrait qu'il était de l'intérêt de l'Union soviétique de maintenir intacte l'industrie d'Europe occidentale. Face aux États-Unis, qui seraient ensuite leur seul adversaire, ils auraient tout avantage à profiter du potentiel de l'Europe en le gardant intact. Et aussi, à garder intactes les villes et industries de Russie !
    « Donc, ils ne commettront jamais la folie de nous attaquer avec leurs bombes atomiques. Ce serait suicidaire. Depuis que nous possédons notre propre force nucléaire, c'est totalement exclu. Jusque-là, c'était tout à fait incertain. Car rien ne permettait de penser que les États-Unis déclencheraient le feu nucléaire pour autre chose que pour se protéger eux-mêmes. Risquer de provoquer l'anéantissement de leurs centres vitaux, simplement pour protéger un territoire étranger à 6 000 kilomètres de leurs côtes, ça n'est pas de l'ordre du raisonnable ; alors que riposter à mort si on est soi-même agressé à mort, c'est de l'ordre de l'inéluctable.

    « Peut-être mon successeur s'installerait-il à la Martinique »
    AP. — En revanche, nous ne sommes pas à l'abri d'une attaque conventionnelle ?
    GdG. —Évidemment pas. Mais dans cette hypothèse, l'usage de notre force de frappe en représailles n'est nullement exclu. Bien au contraire.
    AP. — Même si le territoire allemand est le seul attaqué par les Soviétiques ? Allons-nous couvrir le territoire allemand par notre garantie atomique ? Mourir pour Berlin, ou pour Bonn ?
    GdG. — Nous n'avons pris aucun engagement. Je l'ai proposé à Adenauer. Ça n'a pas pris forme définitive. Mais ce n'est pas exclu. Ça fait partie des hypothèses plausibles auxquelles les Russes doivent penser.
    AP. — Et si les troupes soviétiques s'avancent en Allemagne fédérale sans que le feu nucléaire soit déclenché ?
    GdG. — Les troupes allemandes seront au contact, ainsi que l'armée française d'Allemagne et les contingents américain et anglais.
    AP. — Le commandement sera américain ?
    GdG. — Il serait plus indiqué qu'il soit allemand. Les Allemands connaîtront mieux le terrain, seront plus prêts à faire de grands sacrifices. Les meilleurs défenseurs d'une nation, ce sont les nationaux.
    AP. — Et si les Soviétiques pénètrent sur notre sol ?
    GdG. — Sur notre sol, le commandement sera français.
    AP. — Dans ce cas, déclenchons-nous le feu nucléaire ?
    GdG. — Ce n'est pas exclu, c'est même probable. Mais nous donnerons sans doute un coup de semonce préalable.
    AP. — Et

Weitere Kostenlose Bücher