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C'était le XXe siècle T.2

C'était le XXe siècle T.2

Titel: C'était le XXe siècle T.2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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Marseille, d’ailleurs ? Pourquoi ne pas avoir débarqué à Toulon, par exemple ? Marseille reste le réceptacle traditionnel des mauvais garçons de l’Europe. Les inquiétudes les plus vives, c’est la municipalité de Marseille qui les ressent. Sur la foi d’informations apportées par des indicateurs, les policiers marseillais se déclarent persuadés que des oustachis se trouvent à Marseille. Paris n’a pas cru devoir consulter les autorités de Marseille !
     
    Pour le moment, on doit se contenter d’examiner les photos de vingt terroristes croates qui viennent de parvenir dans la capitale phocéenne. Une des épreuves noir et blanc représente un homme « aux yeux de fauve ». Ce n’est autre que Vlada Kerim – que nul ne reconnaîtra quand il arrivera à Marseille.
    D’ores et déjà, la visite d’Alexandre est programmée heure par heure. Le roi arrivera à 16 heures, débarquera aussitôt, se rendra en voiture au monument des poilus d’Orient où il déposera une gerbe, assistera à un goûter à la préfecture préparé par Mme Jouhannaud. Après quoi il gagnera le train spécial qui, dans la nuit, le conduira à Paris.
    Quelles sont les précautions « techniques » prises par Sisteron ? Sur le parcours du cortège, il a décidé de placer, faisant face à la foule, un agent tous les deux mètres. En fait – selon les témoins que j’ai interrogés – on n’en trouvera qu’un tous les cinq à sept mètres. Qui plus est, au moment du passage du roi, ils se retourneront presque tous pour regarder le cortège !
    Primitivement, la voiture devait être entourée d’un peloton d’agents cyclistes destinés à faire écran. M. Sisteron a pensé que cela manquerait d’allure, ce qui n’était pas faux. On y a renoncé. On dispose d’un détachement de gardes mobiles à cheval : va-t-on s’en servir pour envelopper la voiture ? Non, car on ne verrait plus le roi. La préoccupation essentielle des autorités est de faire un succès de ce voyage. Si possible un triomphe. Donc les cavaliers seront groupés devant la voiture.
    On a désigné en outre au tout dernier moment une garde d’honneur, composée de deux hommes : le colonel Piollet, du 141 e régiment d’infanterie alpine, et le commandant Vigouroux, des gardes républicains. Je dois à l’obligeance de Mme Piollet la communication du récit inédit laissé à cet égard par le colonel son époux. Celui-ci était rentré de manœuvres dans la soirée du lundi 8 octobre : « Vers la fin de la matinée du mardi 9 octobre 1934, je me rendis au quartier pour reprendre mon service, selon l’usage après une absence. Je me présentai au colonel Galy pour lui rendre compte des résultats des manœuvres. Je n’avais pas eu le temps de lire les journaux et n’étais donc pas au courant des derniers événements politiques. Ma surprise fut totale et brutale lorsque, après l’échange des propos d’usage, le colonel Galy m’apprit que le roi Alexandre I er de Yougoslavie débarquait l’après-midi même à 16 heures au vieux Port.
    « Il y avait un problème de garde d’honneur et aussi de sécurité ; tout cela avait été étudié à une réunion tenue à la préfecture le matin même vers 11 heures (je n’y fus pas convié). J’y avais été désigné pour faire partie de l’escorte d’honneur du roi en compagnie du commandant Vigouroux qui commandait les gardes républicains. L’ordre m’était donné de prendre les dispositions nécessaires à l’exécution de cette mission. Le colonel me congédia en disant : “Et s’il y a une bombe, elle sera pour vous !” Cette réflexion m’avait glacé. Je saluai et partis. Il y avait de quoi être surpris par la manière brutale de m’informer de ma mission et des ordres qui en découlaient. Le règlement à ce sujet était formel : le service d’honneur d’un roi doit être assuré par un général de cavalerie (il y en avait un à Marseille) et si ma désignation n’était pas intervenue au dernier moment, j’aurais dû être convoqué pour assister à cette réunion préparatoire. »
     
    À Aix-en-Provence, Kerim et Krajli se sont levés tôt. Ils ont pris un petit déjeuner : café noir et cognac. Après quoi ils ont commandé des pastis. Vlada, qui ne fait jamais les choses à moitié, en a bu cinq. Un peu avant 13 heures, les deux hommes sont allés chercher dans leur chambre les armes et les grenades. À la patronne, Krajli a

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