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C'était le XXe siècle T.2

C'était le XXe siècle T.2

Titel: C'était le XXe siècle T.2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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fenêtres ».
    Il est 16 h 15. Le cortège arrive devant la Bourse. Récit de Piollet  : « Face à la Bourse, la voiture royale était obligée de contourner un refuge placé au milieu de la chaussée et de se rapprocher de la foule, à peine contenue. C’est alors que brusquement un individu, tête nue et chauve, sortit de la foule, se précipita vers la voiture royale en passant rapidement sous la tête de ma jument, sauta sur le marchepied  (34) en criant : “Vive le roi !” Armé d’un pistolet automatique, il fit feu à plusieurs reprises en se penchant dans la direction du roi, puis de Barthou et du général Georges. Surpris, et avant les coups de feu, je pensai : “Ah ! encore un photographe !” »
    C’est Vlada qui a bondi. Vlada qui, s’étant hissé sur le marchepied, tire à bout portant sur Alexandre. Le général Georges veut s’interposer. L’assassin tire sur lui. L’agent Galy accourt. Vlada se retourne vers lui, l’abat d’un coup de feu. Récit de Piollet  : « Réalisant le drame, instantanément ma décision fat prise, mon objectif était un coup précis pour abattre l’assassin sans risquer d’atteindre le roi. Comme je tenais sabre au clair dans la main droite, la pointe en l’air, je ne pouvais frapper sur ma gauche par-dessus la tête du cheval ; je fis l’espace d’un éclair virevolter ma jument d’un quart de tour et assenai de toutes mes forces un premier coup de sabre sur la tête du régicide qui, touché, chancela. Il n’en dirigea pas moins son arme dans la direction d’où (le coup) semblait être venu… Pendant ce court instant je continuai à faire virevolter la jument afin d’assener un deuxième coup de sabre, ainsi la balle qui m’était destinée est allée se loger dans une plaque de la façade d’une banque qui se trouve à l’angle du square où elle est encore sans doute… Une fois à terre, mourant, l’assassin ne tira plus aucun coup de feu, il était sans connaissance… Il n’a pas été scalpé par mes coups de sabre comme cela a été écrit. Il avait sur le crâne chauve deux fentes provenant des deux coups de sabre et se prolongeant l’une l’autre. Le juge chargé de l’enquête, présent à l’autopsie, me félicita de la précision de mes coups ; ces coups, je les avais en effet assenés avec un sabre d’infanterie, simple objet de parade sans tranchant. Si j’avais, au lieu de cela, possédé un sable de cavalerie à lame aiguisée, le régicide aurait eu la tête tranchée en deux. »
    Les policiers accourent de toutes parts. Ils se mettent à tirer, dans tous les sens, de la façon la plus désordonnée du monde. À quoi bon puisque l’assassin gît à terre ! Il est criblé de balles. Ce tir sans objet va atteindre dans la foule plusieurs personnes. Il y a des blessés, des morts. Récit de Piollet  : « Aussitôt après les coups de feu de l’assassin, la police, semble-t-il affolée, se mit à tirer sans discernement dans toutes les directions. Je vis alors plusieurs personnes s’écrouler dans la foule. Les balles sifflaient autour de moi, alors, exaspéré, je hurlai de ma voix forte de commandement : “Nom de Dieu, cessez le feu ! Ligotez-le et emportez-le !” L’assassin gisait sanglant, lynché et criblé de balles par la police qui enfin le traîna dans le kiosque à journaux du square… Le cheval du commandant Vigouroux s’était emballé aux premiers coups de feu et aux cris de la foule ; il avait disparu. Je restai sans ordres, seul sur mon cheval, dominant la situation pendant au moins vingt minutes. »
     
    La voiture a continué à rouler. Elle va passer devant la rue Saint-Ferréol où Krajli attend, ses grenades à la main. Il ne les lance pas. À quoi bon ? Il a entendu les balles, il voit Alexandre évanoui dans la voiture. Alors, à travers la foule, il s’enfuit.
    La Delage vient enfin de s’arrêter. Récit de Piollet  : « Je remarquai que Barthou était descendu de la voiture et semblait chercher quelque chose à terre, sans doute ses lunettes, car il était très myope. Le roi et le général Georges étaient affalés sur les sièges… Le ministre yougoslave vint se pencher sur le roi en pleurant. On emporta le général Georges à l’hôpital militaire où des soins diligents le sauvèrent. Quant à Barthou, il avait une blessure sans gravité au bras mais, ayant l’artère sectionnée, il perdait son sang en abondance. »
    Incroyable tumulte ! Barthou

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