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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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tiens à le rencontrer personnellement.
    — On lui dira vot’message sans rien oublier, pour sûr, renchérit un autre cavalier.
    — Allez-vous finir par me dire où est le lieutenant Relmyer ? s’énerva Margont.
    Le maréchal des logis-chef bomba le torse. Il était coq et voilà qu’un gros volatile venait piailler dans sa basse-cour. Cet oiseau d’infanterie avait de la chance d’arborer une épaulette d’officier, autrement il aurait pris un coup de bec.
    — Mon capitaine, quand le lieutenant Relmyer était maréchal des logis-chef, son lieutenant lui a crié après pour une histoire d’uniforme non réglementaire. Le ton a monté. Relmyer a insulté son lieutenant qui l’a provoqué en duel ou vice versa et tchac ! Le lieutenant à terre, l’épaule fendue. Maintenant, ce pauvre bougre a un bras mort qui pendouille et il sert dans le train des équipages. Il compte les charrettes...
    Le sous-officier avait prononcé ces derniers mots avec tristesse. Pour lui, il valait mille fois mieux être un hussard – même mort – qu’un « bureaucrate de l’intendance ».
    Margont écarquilla les yeux.
    — Relmyer a blessé son officier ? On l’a jeté aux arrêts, au moins ?
    — Le capitaine Lidoine voulait le faire fusiller, mais le chef d’escadron Batichut l’a promu lieutenant à la place du lieutenant. Vous comprenez maintenant pourquoi on n’est pas pressés de vous envoyer à notre lieutenant ? On sait jamais, des fois qu’il voudrait passer capitaine...
    Lefine recula instinctivement. Il ne fallait pas tourner autour des duellistes. Ceux-là distribuaient la mort comme d’autres les accolades. Le maréchal des logis-chef haussa les épaules et indiqua des saules proches.
    — On vous aura prévenu... Vous ne pouvez pas le manquer, il sabre le vent par là-bas.
    Margont se dirigea vers le bosquet. Lefine s’attarda, fixant le dolman du maréchal des logis-chef. Il eut une sorte de vision. Il vit le sang coagulé s’humidifier, se liquéfier à nouveau. Les taches luirent sous le soleil avant de se mettre à couler, traçant de grandes lignes verticales sur le vêtement. Le maréchal des logis-chef tira une bouffée sur sa pipe avant de froncer les sourcils en le toisant.
    — Eh bien toi, t’attends la mi-carême ? N’insiste pas, tu n’auras pas de tabac !
    Lefine s’éloigna en se répétant que c’était à cause du soleil, de la chaleur... Cette hallucination l’épouvantait. Cette histoire sentait la mort. N’avait-on pas déjà assez à faire avec la guerre ?
    Effectivement, impossible de ne pas repérer Relmyer. En manches de chemise et couvert de sueur, il se démenait contre des assaillants invisibles. Il se fendait, piquait, parait, esquivait pour mieux contre-attaquer, feintait... Il semblait que le nombre des ennemis fût intarissable. À moins qu’il ne s’agît toujours du même qu’il ne parvenait pas à terrasser. Margont n’était pas une fine lame. Tout juste connaissait-il quelques bottes qu’il maîtrisait approximativement. Il pouvait cependant constater que Relmyer était très doué.
    — Ce Relmyer a des comptes à régler, murmura-t-il à Lefine.
    — Dans ce cas, je n’aimerais pas être à la place de celui qu’il veut trucider.
    — Cet adversaire doit être bien effrayant pour déclencher une telle rage chez un homme.
    Relmyer se tourna dans leur direction, les salua du sabre et les rejoignit en s’épongeant le front. Son physique était déroutant. Quel âge avait-il ? Vingt ans ? Ses manières, assurées sans être arrogantes, évoquaient celles d’un homme expérimenté. En revanche, ses lèvres rosées, son expression naïve et ses traits légèrement infantiles le rattachaient encore à l’adolescence. Ainsi, il paraissait à la fois plus jeune et plus vieux que son âge.
    — Puis-je m’enquérir du motif de votre visite, mon capitaine ?
    Son accent autrichien trahissait ses origines.
    — Lieutenant Relmyer ? Je suis le capitaine Margont et voici le sergent Lefine, un ami. Nous sommes venus vous faire savoir que Mlle Luise Mitterburg désirait vous voir.
    Relmyer se barricada aussitôt dans sa forteresse intérieure, emprisonnant ses sentiments pour les empêcher de s’exprimer.
    — Bien sûr. Mais plus tard.
    — Nous nous sommes rencontrés par hasard, Mlle Mitterburg et moi. Je l’ai aidée à chercher un certain Wilhelm...
    Cette phrase porta un coup imparable à Relmyer. Un air dur se peignit sur

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