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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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viennois sont un plaisir unique ! Tant qu’à venir ici, autant que ce ne soit pas que pour s’entre-exterminer. Ce n’est pas ce que je veux dire... La guerre, c’est autre chose...
    Elle interrompit enfin son long discours. Elle avait parlé sans interruption, voulant étouffer les réticences de Margont sous des flots d’arguments, si bien qu’elle avait fini par perdre le fil de ses propos et s’était emmêlé les pieds dedans.
    — J’accepte, mademoiselle. J’irai trouver ce Relmyer dès la fin des combats.
    Luise Mitterburg se confondit en remerciements.
    Margont s’empressa de traverser le grand pont avant que celui-ci ne s’effondre à nouveau. Il s’interrogeait au sujet de cette Autrichienne. Était-il amoureux d’elle ? Il n’aurait su le dire. Il ne croyait pas aux coups de foudre, trop inexplicables, trop soudains. Certes, elle le troublait. Il lui semblait être sous l’effet d’un envoûtement. Il pressentait qu’il existait une raison à cela, mais il ne parvenait pas à exprimer celle-ci clairement. Il se dit que, lorsqu’il arriverait à percer ce mystère, le charme se dissiperait et il serait alors libéré de cette emprise.
    Margont, fatigué par la perte de sang, somnola durant plusieurs heures. Faute de soins, les blessés périssaient en masse. D’autres continuaient d’arriver, qu’on allongeait entre cadavres et agonisants. Les rares chirurgiens n’en finissaient pas d’amputer. On empilait les membres dans des charrettes qui les emportaient loin des yeux. Vers quatorze heures, le fracas des tirs d’artillerie devint assourdissant, semblant déchirer l’air. Les soldats s’asseyaient quand ils en avaient la force, plissant les yeux en direction des combats, essayant de deviner la cause d’un tel vacarme. On apprit que les Autrichiens avaient placé en batterie, en première ligne de leur centre, deux cents canons – deux cents, parfaitement ! – et tiraient sans relâche sur les troupes du général Oudinot qui, lui, n’en alignait péniblement que quatre-vingts. Peu après, le petit pont fut à nouveau réparé, mais aucun renfort ne put passer, car une foule de blessés et de déserteurs paniqués se rua sur l’île de Lobau. Le temps de mettre de l’ordre, ce pont s’effondra une fois de plus.
    Finalement, peu après quinze heures, l’archiduc Charles, à court de munitions et inquiet des pertes autrichiennes, renonça à écraser ces Français qui lui tenaient tête avec l’énergie du désespoir. Ses adversaires étaient battus à défaut d’avoir été anéantis : il jugea ce résultat satisfaisant et fit cesser ses attaques. Napoléon ordonna alors aussitôt l’abandon de la rive est et ses troupes se replièrent dans Lobau et sur la rive ouest. Chaque armée avait perdu plus de vingt mille hommes, tués, blessés ou faits prisonniers. Napoléon, violemment repoussé, venait de subir son premier revers militaire personnel. Grisé par les succès des semaines précédentes – dont les conséquences les plus spectaculaires avaient été le recul de l’armée ennemie et la prise de Vienne –, il avait sous-estimé la combativité des Autrichiens. Voulant agir vite, il avait progressé avec précipitation. Les projectiles flottants avaient constitué l’élément imprévu qui avait fait voler en éclats l’impétueuse avancée des Français. Napoléon et son Empire avaient failli être renversés par quelques troncs d’arbres, des barges enflammées et des moulins. Mais cet échec n’était que partiel. Avec seulement vingt-cinq mille combattants le premier jour de la bataille et cinquante-cinq milles le lendemain, l’Empereur avait miraculeusement réussi à résister à cent mille ennemis, échappant de justesse à un désastre total. Désormais, Napoléon n’avait plus qu’une seule idée en tête : effacer cette défaite en pulvérisant les Autrichiens.
    À peine la nouvelle de la retraite française fut-elle connue que toute la ville de Vienne retentit de l’écho de ses cloches, relais étrange du tonnerre des canons qui se calmait enfin. La capitale, bien qu’occupée par les Français, manifestait sa joie. Un grenadier étendu près de Margont lança :
    — Pour sûr, ils nous ont bien sonné les cloches !

 
    CHAPITRE V
    Malgré une bonne nuit de sommeil, Margont se sentait encore fatigué. Sa blessure demeurait propre et la douleur s’était atténuée, passant de l’aigu mordant à une démangeaison. Jean-Quenin

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