Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
Vom Netzwerk:
nourrisse la guerre.
    Il prit un caillou et le lança en cloche.
    — « Boum ! » plaisanta-t-il quand celui-ci retomba sur le sol.
    « Cela ne marche pas avec tous. Certains se marient et reprennent l’affaire ou les terres de leur nouvelle famille, d’autres changent de région en espérant changer de vie... Mais un certain nombre deviennent soldats. C’est dans cet orphelinat que j’ai rencontré Luise.
    Margont croyait demeurer impassible, mais Lefine tourna la tête vers lui, comme s’il avait débusqué un sentiment grâce à on ne sait quel changement d’expression. Le visage du sergent s’éclaira. Il venait de découvrir la clé d’un mystère.
    — Elle a été abandonnée quand elle avait deux ans. Quelle pitié ! Elle est à peine un peu plus âgée que moi. Nous avons grandi ensemble. Quand elle eut huit ans, un miracle se produisit. Celui dont nous rêvions tous pour chacun de nous. Elle fut adoptée. Sa mère était belle ! Élégante, attentionnée, souriante... Et son père, moins chaleureux, mais néanmoins content, même s’il ne le manifestait pas en public. Les Mitterburg appartiennent à la riche bourgeoisie viennoise. Ne pouvant avoir d’enfants, ils vinrent à Lesdorf. Ils choisirent Luise après trois visites. Le jour où ils l’emmenèrent, nous étions tous massés autour de l’attelage. Au cas où ils en auraient voulu un deuxième... Excusez-moi, je vous ennuie avec mes souvenirs. Bref, durant longtemps, nous fûmes trois : Luise, Franz et moi. Puisque nous n’avions pas de famille, nous nous en étions composé une nous-mêmes. Franz était notre petit frère, petit surtout à cause de sa taille, car il ignorait sa date de naissance. Nous passions notre temps ensemble. Après son départ, Luise revenait régulièrement nous voir. Ou ses parents acceptaient de nous recevoir, quand elle avait insisté jusqu’à les rendre fous. Tout a été brisé un jour d’avril 1804... J’avais quinze ans à l’époque.
    Son corps se raidit. Il nageait dans des eaux douloureuses.
    — Franz et moi, nous nous promenions en forêt. Nous nous amusions à... à je ne sais plus quoi.
    Il s’en souvenait, en fait, mais ces puérilités l’excédaient désormais.
    — Nous jouions à cache-cache sans savoir que quelqu’un jouait lui aussi à cache-cache avec nous. J’ignore depuis combien de temps cet homme nous observait. Quelques instants ? Une heure ? Plusieurs jours ? Plusieurs semaines’ ? Nous venions souvent dans les bois. Peut-être nous épiait-il depuis longtemps, ayant repéré nos heures de liberté. À moins qu’il n’ait croisé notre route par hasard. Si vous ne connaissez pas les environs de Vienne, il faut vous préciser que l’on a défriché de vastes zones pour les cultures. Cependant, les forêts subsistent en maints endroits. C’était le printemps, les feuillages dissimulaient le soleil. Le regard ne portait pas loin et ceux qui quittaient les chemins se perdaient facilement. Je venais de débusquer Franz derrière un fourré et je lui avais sauté dessus. Nous nous amusions à faire la guerre...
    Relmyer frémit.
    — J’y joue encore aujourd’hui, d’une certaine façon... L’homme a jailli de nulle part. Il venait de la forêt, pas du sentier. Je l’ai brièvement vu. Il nous menaçait avec un pistolet. Il nous a ordonné de nous retourner. Je croyais que c’était un voleur, qu’il allait nous laisser, car nous n’avions rien. Mais non. Il nous a entraînés dans les bois. Nous le précédions et il nous guidait. Il a volontairement compliqué le trajet. Nous avons fini par arriver dans une ferme en ruine très isolée. Le chemin qui y conduisait autrefois avait disparu sous les branchages et les buissons. Les murs écroulés étaient couverts de lierre. Il nous a amenés dans l’un des anciens bâtiments. Il y avait une trappe qui ouvrait sur une cave. Il nous y a fait descendre, il a retiré l’échelle et il est parti. Il nous a abandonnés là, enfermés dans cette maudite pièce comme deux oiseaux dans une cage !
    Margont se sentit oppressé. L’enfermement – même en imagination – lui était presque intolérable.
    — Franz et moi, nous sommes restés là durant des heures, sans boire ni manger. J’ai appris plus tard que nous avions disparu pendant deux jours. On n’y voyait quasiment pas, la trappe était impossible à atteindre et, de toute façon, l’homme avait tiré le verrou. Nous avons crié, raclé les

Weitere Kostenlose Bücher