Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Chronique d'un chateau hante

Chronique d'un chateau hante

Titel: Chronique d'un chateau hante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Magnan
Vom Netzwerk:
votre jambe
emportée vous sera d’un grand secours.
    —  J’ai assez donné à la guerre, même si je pouvais je n’aurais plus
servi !
    — Soit !
Mais n’en faites pas un article de foi. Sa Majesté pourrait le trouver mauvais.
Aussi bien n’est-ce pas de cela qu’il s’agit. Je veux vous faire dépositaire
d’un mystère qui est dans notre famille depuis plusieurs siècles et dont il ne
subsiste qu’un seul élément : le cartulaire que j’ai actuellement caché
dans le rabat de mes manchettes et que je glisserai tout à l’heure dans les
vôtres en vous embrassant et en vous serrant sur mon cœur. Il y a eu de grands
malheurs encore en Provence au siècle dernier. La peste de 1631 a décimé notre
famille, dont nous ne sommes plus que les seuls représentants. Entendez-vous le
latin ?
    — Hélas
non.
    L’archevêque
murmura un « tsitt, tsitt » désapprobateur.
    — J’ai
toujours pensé que votre mère, janséniste, vous avait bien mal élevé !
C’est fâcheux que vous n’entendiez pas le latin. Mais qu’à cela ne tienne. Je
vais vous raconter l’histoire et vous en faire le résumé. Voici : il y a
bien longtemps, au XIII e siècle, il y avait à Manosque une seigneurie
issue des croisades, une communauté religieuse nommée les Hospitaliers de
Saint-Jean de Jérusalem. La peste noire de 1348 survint qui causa la mort de
plus des trois quarts de la population provençale. Cette communauté possédait
en les souterrains de sa forteresse un… objet. Un objet dont sauf le grand
prieur de l’ordre nul ne connaissait la nature. Tout ce que nous savons, c’est
que le grand prieur d’alors, voyant mourir les donats autour de lui comme des
mouches, décida que l’objet n’était plus en sécurité au château.
    — Qu’est-ce
que c’était les donats ?
    — Les
hommes d’armes de la communauté. Ceux qui étaient dispensés, par nécessité,
d’un certain nombre d’obligations de l’ordre. Ils pouvaient par exemple être
armés, se défendre et attaquer.
    — Et
tuer ?
    — Bien
évidemment. Comment croyez-vous qu’on ait délivré le tombeau de Jésus ?
    —  C’étaient des infidèles !
    —  L’Église a eu malheureusement à considérer, par la suite, certains
chrétiens comme infidèles. Les jansénistes d’aujourd’hui par exemple. Bref. Ne
m’interrompez plus.
    —  Qu’est-ce que c’était cet objet ?
    —  Nul ne le savait et encore aujourd’hui personne ne le sait.
    —  Est-ce que ce n’est pas une légende ?
    —  Non. Puisque le cartulaire que je vous remettrai tout à l’heure précise
en latin sa nature probable ! « Cette œuvre d’art constitue une
preuve vivante de la véracité des Saintes Écritures. »
    —  Une preuve vivante ? répéta Palamède incrédule.
    — Vivante ou irréfutable. Le manuscrit est vieux, rédigé sur un parchemin
qui à l’époque était déjà un palimpseste, c’est-à-dire utilisé pour la deuxième
fois et par conséquent mal lisible. Il semble que le grand prieur d’alors ait
jugé que l’objet, par ces temps troublés, n’était pas en sécurité au château de
Manosque, d’autant que le coseigneur, un certain Guigues, avait affranchi ses
sujets par dépit contre l’ordre qui contestait certains de ses privilèges. Il
semble que le prieur ait fait transporter son trésor en un lieu moins exposé et
qu’il ait choisi pour cela notre fief, où nos aïeux avaient permis qu’on élevât
au fond de leur parc un monastère des filles de Sainte-Claire. C’est en tout
cas dans les ruines de ce dernier que le cartulaire, un jour, fut retrouvé. Ce
couvent eut un triste sort : les filles de Sainte-Claire y furent
enfermées et l’on tira au canon sur le monastère pendant un jour et une nuit.
Les gens de Forcalquier qui entendirent la canonnade toute la nuit crurent à
une bataille. Ils allèrent au matin ensevelir les nonnes qui n’avaient pu
échapper au massacre. Ce sont les troupes d’un suppôt de Lesdiguières, huguenot
notoire, qui détruisirent au canon le monastère, vieux de trois siècles. Au
matin, il n’en restait plus pierre sur pierre. Il faut dire que ces martyres de
la foi leur avaient joué un bien méchant tour : les empoisonnant avec de
la ciguë et achevant les mourants à coups de gourdin. Ce fut une histoire
terrible qui reste ancrée dans le souvenir des gens de Mane et de Forcalquier.
    — Mais
que prétendez-vous me voir faire avec ce

Weitere Kostenlose Bücher