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Clio Kelly et l'éveil de la gardienne

Titel: Clio Kelly et l'éveil de la gardienne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Angélique Ferreira
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horreur ? Comment deux femmes avaient-elles pu commettre pareil meurtre ?
    Après l’avoir refermé, Morgan le rendit au policier resté avec lui pour s’assurer qu’aucune preuve ne serait enlevée. Il fit des photocopies et rangea les feuilles dans son porte-documents. Heureux d’en avoir enfin fini, il s’en retourna à la gare, espérant attraper un train, rentrer au plus vite à Paris et remettre le fruit de ses recherches à Mathilde pour qu’elle puisse boucler son article.
    Il s’installa dans un des compartiments, retira sa veste et posa sa sacoche à côté de lui. À l’intérieur, il avait rangé son appareil-photo et le fameux attaché-case.
    Baillant à s'en décrocher la mâchoire, il avait deux heures de trajet devant lui. Il allongea ses longues jambes, ferma les paupières et s'endormit presque aussitôt. Cette fois-ci encore, il fit cet étrange rêve qui le hantait presque toutes les nuits depuis deux semaines.
    Il se tenait au milieu d'un champ de bataille. Les corps de créatures mythiques étaient dispersés sur le sol, plongés dans une gigantesque mare de sang. Des hommes et des femmes aux visages fermés l'entouraient. Chacun avait dans le dos de longues paires d'ailes blanches ; certaines étaient brisées, arrachées, tordues, voire couvertes de sang.
    Morgan contemplait cette vision d’horreur sans la moindre peine, sans aucun sentiment de culpabilité bien que se sachant en partie responsable de cette tuerie : dégoulinante de sang, l’épée qu’il tenait serrée dans sa main en était la preuve formelle.
    À côté de lui se trouvait un grand cheval noir, ailé lui aussi ; son compagnon, dont le nom était Ezra. Il caressait les naseaux de l’animal en regardant le carnage avec un sourire au coin des lèvres.
    Marchant parmi les cadavres, il entendait un chant étrange d’une profonde tristesse, mais d’une telle beauté... Il n’en avait jamais entendu de semblable auparavant. Guidé par cette voix, il arriva devant l’entrée d’une caverne. Sa monture émit un hennissement et piaffa comme pour mettre en garde son maître.
    Enserrant la garde de son épée, Morgan s'engouffra à l'intérieur. Au fond de la grotte se trouvait une jeune femme dont les cheveux blonds étaient enveloppés d’une lumière blanche qui se répandait sur le sol autour d’elle. Lorsqu'elle leva la tête vers lui, Morgan vit la peur dans son regard. Sa main toujours sur son arme il s’avança vers elle...
    Soudain, il se réveilla en sueur, la respiration coupée, le cœur martelant sa poitrine comme s’il venait de parcourir un cent mètres ; chaque partie de son corps était endolorie et l’odeur du sang semblait s’être incrustée dans ses sinus.
    — Ce rêve te revient de plus en plus, Gabriel, susurra une voix.
    Assis sur la banquette en face de lui, un homme tenait un livre ouvert entre ses mains ; Morgan fut surpris par son allure. Habillé comme un aristocrate, il portait les cheveux jusqu'aux hanches, telle une femme, d'un blanc qui n’avait rien de naturel ; ses grands yeux d’un bleu vif brillaient d’une lueur moqueuse.
    En se redressant, Morgan constata que l’étranger avait un corps plus efféminé que masculin.
    — Jézabel ! s’exclama Morgan avant que son cerveau ne se rende compte de ce qu’il venait de dire.
    Sursautant comme s’il venait de se brûler, le photographe ne comprit pas comment il connaissait le nom de cet homme alors qu’il ne l’avait jamais rencontré. Une colère inexplicable l’habita d’un coup puis retomba aussitôt. Tandis qu’il s’apprêtait à s’excuser auprès de cet étrange personnage, celui-ci reprit :
    — Je suis heureux que tu te rappelles de moi, Gabriel.
    — Je m’appelle Morgan ! tonna celui-ci sans comprendre la raison de sa colère.
    — Si tu le dis... répondit l’autre en haussant les épaules. Personnellement, je préfère garder mon nom, Jézabel, Serviteur de Dieu.
    Sans savoir pourquoi, le jeune homme se sentit bouillonner de rage. Une haine comme jamais il n’en avait ressentie envahissait chaque partie de son être et ses poings se serraient d’eux-mêmes. Amusé, Jézabel reprit :
    — Calme-toi Gabriel, un Serviteur de Dieu ne doit en aucun cas haïr, ni éprouver de colère...
    Tout en ricanant, l’inconnu tourna son visage vers la fenêtre du compartiment. Durant quelques secondes, il fixa la neige tomber puis murmura :
    — C’est si humain ! Nous valons mieux que ces êtres

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