Clio Kelly et l'éveil de la gardienne

datent d’une semaine !
    — Tu veux parler de ce type qui a manqué de te tuer ?! s’exclama Hermès, en la regardant, médusé.
    — Lui-même, répondit-elle d’une voix absente.
    — Tu ne vas quand même pas…
    Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que Clio se levait déjà d’un bond et se dirigeait vers sa chambre. Elle enfila trois pulls et mit un pantalon de jogging par-dessus son jean. Puis elle sortit une veste doublée de fausse fourrure de sa penderie.
    — Où comptes-tu aller, habillée comme ça ?
    — À la bibliothèque municipale, répondit Clio en attrapant une paire de bottes.
    — Dois-je te rappeler l’état dans lequel tu es arrivée ? s’écria Hermès, absolument horrifié.
    — Il le faut bien.
    Prenant le téléphone posé sur la commode, elle composa un numéro. Au moment où elle s’apprêtait à raccrocher, elle entendit une voix rauque à l’autre bout du fil :
    — Bibliothèque municipale, Thomas Vockeur à l’appareil, que puis-je pour vous ?
    — Bonjour Monsieur Vockeur. Pardonnez-moi de vous déranger mais verriez-vous un inconvénient à ce que je travaille dans la réserve aujourd’hui ?
    — C’est toi, Clio ? bougonna Thomas. Mais bien sûr que non ! Dis-moi donc le sujet qui t’intéresse, cela te fera gagner un peu de temps !
    — Je suis sur une histoire de meurtres qui se serait déroulée dans le Gévaudan, expliqua-t-elle. Pourriez-vous me brancher l’ordinateur de la réserve, s’il vous plaît ?
    — Très bien, passe quand tu veux, je te sors tout ça, répondit Thomas.
    — Merci, à tout de suite !
    Raccrochant le téléphone, Clio posa son regard sur Hermès. Celui-ci s’était muré dans de sombres pensées. Connaissant son petit compagnon à poils, elle leva les yeux au ciel et se laissa tomber sur le canapé.
    — Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle d’une voix lasse.
    — Je ne suis pas tranquille de te savoir seule dans les rues, avec un temps pareil, à la recherche d’informations sur un dossier remis par un type des plus louches ! s’exclama Hermès. Je viens avec toi !
    — Les animaux ne sont pas admis à la bibliothèque, Hermès !
    — Dans ce cas, je n’aurais qu’à t’accompagner en tant qu’humain !
    Avant que Clio ne puisse émettre la moindre protestation, une étrange lueur enveloppa le petit renard gris et l’animal s’allongea, ses pattes avant laissant place à des bras, ses pattes arrière à de longues jambes humaines. Petit à petit, le corps de l’animal se modifia pour devenir celui d’un humain.
    — Alors, qu’en penses-tu ? lui demanda Hermès tout se moquant de sa mine hébétée. Ne suis-je pas le plus bel homme que tu aies jamais vu ?
    Beau était un mot bien faible par rapport à la réalité : Hermès était superbe. Grand, les cheveux d’un blond paille se dressant en épis à l’arrière de son crâne, ses yeux gris étaient devenus d’un bleu azur d’une incroyable pureté. Tatoué au niveau de son cou, un étrange symbole représentait une longue baguette d’olivier surmontée d’une paire d’ailes et entourée de deux serpents entrelacés. Après avoir fouillé sa mémoire, Clio se rappela avoir déjà vu cette marque.
    Lui adressant un sourire dévoilant une dentition d’une blancheur étonnante – qui pourtant avait gardé sa forme pointue, souvenir de son apparence animale – Hermès lui demanda :
    — Tu admires mon Athanor ?
    — Ton quoi ? s’écria-t-elle.
    — L’Athanor est un symbole propre à chaque dieu ou déesse. Pour Janus, par exemple, il s’agit de deux clefs croisées sur son mollet droit.
    — Et pour toi, il s’agit du Caducée, symbole utilisé par les médecins.
    Clio regarda avec attention le tatouage.
    — Vas-y, tu peux m’appeler « beau gosse »...
    — Toi ! Un beau gosse ? s’exclama Clio, tout en se mordant la lèvre inférieure pour ne pas éclater de rire. Toujours aussi modeste à ce que je vois !
    — Pourquoi, je l’étais déjà sur l’Olympe !
    La jeune femme se tut. Elle ne se rappelait pas tellement sa vie antérieure. Certes, elle faisait souvent d’étranges rêves mais elle ne parvenait toujours pas à séparer songe et réalité.
    Son regard se posa sur le reflet que lui renvoyaient les carreaux de la fenêtre. Une boule se forma soudain dans sa gorge. Elle tenta de se remémorer son passé mais aussitôt, comme dans ses cauchemars, elle se vit couverte de sang. Serrant les dents, elle inspira