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Comment le jeune et ambitieux Einstein s'est approprié la Relativité restreinte de Poincaré

Comment le jeune et ambitieux Einstein s'est approprié la Relativité restreinte de Poincaré

Titel: Comment le jeune et ambitieux Einstein s'est approprié la Relativité restreinte de Poincaré Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Hladik
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réponses des scientifiques sont
souvent très semblables et sont publiées pratiquement en même temps. Il devient
alors très difficile d’attribuer la paternité d’une théorie à l’un plutôt qu’à
l’autre.
    Regardons, sur l’exemple de la gravitation de Newton, comment
s’est effectuée l’élaboration d’une théorie historiquement importante.
La théorie de la gravitation d’Isaac Newton
    L’ouvrage de sir Isaac Newton (1642-1727), Philosophiae
naturalis principia mathematica, constitue le document qui permet d’attribuer
à Newton la paternité de la théorie de la gravitation. La première édition
parut en 1687. Cet ouvrage a été traduit en français, Principes
mathématiques de la philosophie naturelle, par la marquise du Chastellet, et
publié à Paris en 1759, avec « approbation et privilège du roi ». Une
reprise de cette traduction est disponible aux éditions Jacques Gabay [Ne 1].
    C’est dans le livre troisième des Principes, intitulé Du système du Monde, que Newton fonde sa théorie de la gravitation. Celle-ci
peut se résumer en la fameuse formule donnant la force d’attraction qui s’exerce
entre deux planètes, et plus généralement entre deux masses quelconques. Cette
force est proportionnelle aux masses en présence et inversement proportionnelle
au carré de la distance qui sépare leurs centres. Voyons quelles sont les idées
à l’origine de cette formule.
     
    Hypothèse de l’attraction gravitationnelle
    Il faut tout d’abord supposer que les masses puissent avoir
une action à distance, ce qui n’était pas une idée évidente à cette époque, et
qu’elles s’attirent entre elles. C’est Johannes Kepler (1571-1630) qui
entrevoit le premier l’origine de la force qui fait décrire aux planètes leur orbite.
Dans la préface de son Commentaire sur la planète Mars, il parle d’un
pouvoir attractif, et il va même jusqu’a dire que les marées sont dues à l’effet
de la gravité de l’eau vers la Lune. Kepler n’a pas tiré de ce principe les
conséquences qu’en déduira Newton. Mais, ainsi que le remarque très justement
Madame la Marquise du Chastellet :
    Une des choses qui avait empêché Kepler de tirer du
principe de l’attraction toutes les vérités qui en sont une suite, c’est l’ignorance
où l’on était de son tems des véritables loix du mouvement. M. Newton a eu
sur Kepler l’avantage de profiter des loirs du mouvement établies par Hughens, &
qu’il a poussé beaucoup plus loin que lui.
     
    Développement de la mécanique
    Effectivement, les travaux d’une pléiade de savants vont
permettre de développer la mécanique à partir de la fin du XVI e siècle.
Galileo Galilei, dit Galilée (1564-1642) est le fondateur de la mécanique ;
ainsi que nous le verrons par la suite, il est le créateur d’une certaine « Relativité
restreinte ». René Descartes (1596-1650) considère que le mouvement
rectiligne est le seul « naturel » et que les déviations d’un mobile,
par rapport à la ligne droite, doivent être le résultat de quelque « action »
appliquée à ce mobile.
    Christiaan Huygens (1629-1695) est amené à définir la « force
centrifuge » qui, comme toute autre force, est génératrice d’accélération.
Elle peut se combiner à une autre force, pour maintenir une planète sur son
orbite, qui est le « poids » d’une planète dans le système solaire. L’idée
de la force centrifuge se répand dans le monde des savants, et Giovani Alfonso Borelli
(1608-1679) applique la formule de Huygens pour la force centrifuge à un
mouvement circulaire des planètes. Il en conclut que ce mouvement est dû à l’attraction
par le Soleil. Cependant Borelli ne verra pas la similitude avec la force
attractive créée par la Terre lors du mouvement d’un mobile terrestre, et il
faut attendre les travaux de Robert Hooke (1635-1703) pour aboutir à l’idée de
l’attraction universelle.
     
    Les hypothèses de Hooke
    Dès 1674, treize ans avant les Principes de Newton, Hooke
avait proposé l’idée d’attraction entre tous les corps célestes, et la
correspondance entre Hooke et Newton a certainement beaucoup fait pour l’avancement
des idées de ce dernier. Dans la traduction des Principes, la marquise
du Chastellet rappelle les propos du livre de Hooke :
    Alors j’expliquerai un système du Monde qui diffère à
plusieurs égards de tous les autres & qui répond en tout aux règles
ordinaires de la

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