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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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dangereuse petite lueur dansant dans ses yeux mordorés, vous pouvez, certes, vous paonner d'un cr‚ne plus gros que le mien, mais ce n'est pas à dire que ma cervelle soit moins agile. La croyez-vous occupée uniquement à des affiquets, des attifures et des pimplochements ?
    - De vous, m'amie, pas plus que d'aucune autre représentante de votre gentil sesso, je n'ai jamais conçu une si pauvre opinion. Ma remarque avait un sens tout autre, car après tout, dans un lit vous n'êtes pas sans vous ramentevoir qu'on ne fait pas que rêver et dormir.
    ¿ ouÔr cela, Catherine passa si vite de l'ire au rire que j'entendis bien, en effet, combien sa cervelle était plus agile que la mienne.
    - Mon ami, dit-elle s'adoucissant à chaque mot qu'elle prononçait et me caressant la joue de sa menotte, vous êtes attendrissant de gentillesse, mais il se trouve, hélas, que ce matin que voici, je ne suis pas de force forcée accessible àvos enchériments. Votre leçon d'histoire n'est donc pas déplacée. De gr‚ce, poursuivez-la. Nous parlions de CharlesEmmanuel de Savoie, petite souris ducale qui se voulait aussi grosse qu'un roi.
    - Oyez donc l'histoire de cette souris. La seule annexion qu'elle fit et qui fut réussie, fut la première, celle du marquisat de Saluces. Henri II de France, pour dire la vérité, le lui avait volé et notre duc le reprit en 1588 fort astucieusement au moment o˘ Henri III était contraint d'abandonner Paris aux mains du duc de Guise. Et ce n'est certes pas ce pauvre roi sans pécunes et sans capitale qui pouvait courir sus ànotre duc.
    Le voilà donc heureusement engraissé du marquisat de Saluces.

    - Mon ami, peux-je quérir de vous o˘ se trouve le marquisat de Saluces ?
    - Borné au sud par le comté de Nice, il est fort proche au nord-ouest de notre Barcelonnette. Toutefois, ayant conquis ce joli morceau, CharlesEmmanuel ne s'arrêta pas là et, en sa folle imprudence, il s'attaqua à
    Genève qui le repoussa, et plus étourdiment encore, à Grenoble. Mon amie, avez-vous bien ouÔ ? Henri IV régnant, invincible, sur notre douce France, Charles-Emmanuel Ier de Savoie attaque Grenoble ! que se passe-t-il à votre avis ? Le tigre français rugit de stupeur à sentir cette petite souris savoyarde lui taquiner les narines. Il lui envoie Lesdiguières qui, en un tournemain, occupe son duché.
    < quand tout est fini, Henri IV survient, goguelu et débonnaire, mais l'oeil sur ses intérêts. II reconnaît à CharlesEmmanuel la possession du marquisat de Saluces, mais exige en compensation qu'il lui cède la Bresse, le Bugey, le Valromey et le pays de Gex. Ayant ainsi arrondi la terre de France de quelques jolis lopins, et voyant le pauvre duc déconsolé, le Vert Galant lui promet, s'il reste, d'ores en avant, son plus fidèle allié, de l'aider à s'emparer du duché de Milan, et dès que cela sera fait, de le reconnaître comme roi. Par cette offre généreuse qui ne lui co˚te rien, il rebiscoule l'humeur de Charles-Emmanuel, et Henri départi, notre duc, plus heureux de sa future dignité que marri de ses pertes territoriales, vogue sur un petit nuage, d'o˘ il tombe brutalement àterre en 1610, quand le couteau de Ravaillac, en mettant fin aux jours d'Henri, met fin aussi à ses propres espoirs.
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    - Tout ceci, mon ami, est fort intéressant et même -s'agissant de CharlesEmmanuel - passablement comique. Mais que vient faire là-dedans Casal et le marquisat de Montferrat ?
    - J'y viens, mon ange, et vais meshui déverser de merveilleux faits dans votre mignonne oreille. Le vingt-six décembre 1627, Louis et Richelieu étant fort occupés depuis trois mois à assiéger La Rochelle, le duc Vincent de Mantoue meurt sans autre héritier que le duc de Nevers, prince français.
    M'amie, quelle pierre dans la mare italienne !...
        quant àl'Espagne, Don Gonzalve de Cordoue, gouverneur du Milanais, est plongé dans des perplexités et des angoisses qui ne peuvent se dire, mais qu'il dit néanmoins, et de la façon la plus véhémente, par lettre, à
    Olivares, ministre de Philippe IV d'Espagne : que si un prince français s'installe àl'est, à Mantoue, et à l'ouest, dans le marquisat de Montferrat, il lui sera loisible de prendre en tenailles le Milanais espagnol et de