Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
magister rabrouant ses écoliers, rappelait sèchement les jaseurs attardés à l'ordre.
    - Messieurs, dit le roi d'une voix froide et bien articulée, j'ai voulu ce jour vous ramentevoir que tout ce qui est dit au Conseil des ministres comme au Grand Conseil du roi, fait de vous les dépositaires de secrets d'…
    tat de grande conséquence, et que vous ne devez, ni en partie ni en totalité, les répéter à personne, sous peine d'attenter à la s˚reté de l'…
    tat et du roi. Tout oubli de cette règle sera d'ores en avant sanctionné
    impitoyablement.
    Louis promena alors son regard sur l'assemblée et l'arrê-tant sur Ch‚teauneuf, il lui dit d'une voix à la fois courtoise et coupante
    - Monsieur de Ch‚teauneuf, je vous prie de me rendre les sceaux.
    Ch‚teauneuf, blanc comme linge, et trémulant en sa démarche, s'avança.

    Aussitôt, les ministres et les conseillers qui se trouvaient sur son chemin s'écartèrent de lui comme s'il e˚t été atteint de la peste, sans lui faire l'aumône d'un regard.
    C'est en trébuchant que le malheureux monta les deux degrés qui le menaient au roi, lequel mit fin à son supplice en demandant à l'huissier de recevoir les sceaux. Mais il fallut encore que Ch‚teauneuf se dessaisît de la clef qui fermait les coffrets et qu'il portait, comme la loi l'y obligeait, au bout d'une chaînette qui entourait son cou. La restitution de cette clef prit du temps, car Ch‚teauneuf ne pouvait maîtriser le tremblement de ses mains tandis qu'il essayait d'ouvrir le fermoir. Il y parvint enfin, et tendit à l'huissier ce qui avait été jusque-là son devoir et sa gloire.
    Mais il n'était pas au bout de son humiliation. Monsieur de Gordes, capitaine aux gardes, s'avança alors vers lui et très à la militaire, d'une voix inutilement forte, il dit
    - Monsieur de Ch‚teauneuf, j'ai l'ordre de vous arrêter.
    - Je suis à votre disposition, Monsieur, dit Ch‚teauneuf, essayant de rassembler autour de lui comme il pouvait les lambeaux de sa dignité.
    Belle lectrice, vous n'avez pas laissé d'observer que Monsieur de Ch
    ‚teauneuf fut le deuxième garde des sceaux que Louis disgracia. Le premier, Monsieur de Marillac, fut arrêté et exilé en 1630. …tant pieux et pour donner quelque sens à sa vie recluse, il s'attacha alors à la traduction des Psaumes. Mais, en toute apparence, il n'y trouva pas de raison suffisante pour vivre, et mourut deux petites années plus tard en 1632.
    416
    Monsieur de Ch‚teauneuf, lui, fut exilé un an plus tard en 1633, et relégué
    au ch‚teau d'Angoulême. Il fut, comme son prédécesseur, bien logé, bien nourri et bien servi, quoique àses frais. Cependant, sa passion pour le gentil sesso le sauva. Il ne manqua pas, en effet, de tomber amoureux d'une fraîchelette fille qui, en qualité de chambrière, l'habillait le matin et le déshabillait le soir. En cette qualité, la mignote, ayant le coeur tendre, le combla de ses soins attentifs. Dans une captivité si douce, et dirais-je, si caressante, Monsieur de Ch‚teauneuf survécut fort bien, et à
    la mort de Louis XIII, dix ans plus tard en 1643, il revint à la Cour, frais comme un gardon. Mon père fit observer à cet égard qu'il avait tout perdu à cause d'une femme et survécu à cause d'une autre. u Comme quoi, conclut-il, parlant en tant que docteur médecin, je dirais que ce qui est venin peut devenir remède.
    >
    Le roi ne fit pas de procès à Monsieur de Ch‚teauneuf pour la raison qu'en fouillant son hôtel on trouva quantité de lettres de Madame de Chevreuse établissant, sans le moindre doute, les indiscrétions du ministre.
    Cependant, quand Richelieu interrogea Ch‚teauneuf, celui-ci ne parut pas aussi troublé qu'on e˚t pu croire : "Je m'accuse, dit-il, tant qu'on voudra d'avoir trop aimé les dames, mais pour le reste ce ne sont que folies de femmes et badineries. " Le plus extravagant de l'affaire, c'est que, sur ce point du moins, il avait raison, car à part le duc de Lorraine qui, aimant la chevrette, tenait compte et tirait parti de ses indiscrétions, aucun des souverains ennemis de la France ne les prit au sérieux, venant d'une femme, et en particulier le dédaigneux Mirabel, ministre espagnol, qui, au reçu d'une lettre de notre chevrette, remarqua que pas un de ces Français n'avait <
    un mark 1 de plomb dans la tête " . quant à cette mujer, si elle apprenait un jour qu'elle était folle, cuidant être sage, elle se cacherait la tête sous son

Weitere Kostenlose Bücher