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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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frisquette, ne me relègue d'ores en avant dans les faubourgs de votre " bon plaisir
    >, comme vous aimez à dire.
    - Ma duchesse, Madame, ne me fera jamais oublier mes amies, et jamais je ne refuserai mon oreille à vos pertinentes questions.
    - Puisque vous m'y encouragez, les voici donc sans tant languir. Pourquoi, Monsieur, cet "emploi du temps épique
    > que Richelieu dresse pour le roi (de prime Votre Majesté lève le siège de Casal, ensuite Elle réduit les huguenots du Languedoc) vous laisse si béant et si admiratif ?
    - Justement, Madame, parce qu'il est épique. Vous saisissez au vif dans ces façons de faire et de dire la finesse du
    1. <4 Droles " en oc désigne de jeunes hommes et ne prend pas d'accent circonflexe.
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    cardinal. D'abord, il convainc Louis par des raisons : tout est dit et bien dit, avec force et en peu de mots. Mais il ne suffit pas de convaincre le roi. II faut aussi le persuader. D'o˘ le calendrier guerrier. Pour de bonnes raisons, mais est-il besoin de les répéter ? Louis n'aime pas sa mère ; en revanche il chérit son père. II connaît par coeur ses campagnes et ses victoires. Il aspire à lui ressembler. Et tout soudain, voilà que le succès du siège de La Rochelle lui a apporté cette possibilité enivrante.
    Il vaincra puisqu'il a vaincu à La Rochelle, il ne s'arrêtera pas là, il ajoutera à la gloire de ses armes. Il redeviendra, comme son père, le roisoldat, si l'intérêt du royaume l'exige, et il partira à la tête de ses armées, et en hiver et dans la neige, héroÔquement, il franchira les Alpes et ira délivrer Casal...
    Au Grand Conseil du roi rien n'est plus inconnu que le vote, et le roi, ayant ouÔ ces opinions diverses, choisit et tranche. Le vingt-six décembre, il tranche dans le sens que je viens de dire, et avec une telle alacrité
    que Richelieu s'inquiète de l'effet que cette h‚te à s'embarquer dans une aussi périlleuse entreprise va produire sur les conseillers. Tant est qu'ayant beaucoup poussé le roi dans cette voie, il va à la dernière seconde le freiner, ou plutôt feindre de le freiner: il lui demande de réfléchir encore trois jours avant de se décider. Il se donne, ainsi, les gants de la prudence et à peu de frais, puisqu'il n'ignore pas, connaissant bien Louis et son adamantine fermeté, qu'il ne reviendra mie sur sa décision.
    Comme bien sait le lecteur, ni dans l'‚me, ni dans le fait, je ne suis soldat. Je sers Louis, comme mon père a servi Henri IV, par des missions d'une grande diversité, le plus souvent diplomatiques, assez souvent secrètes, plus rarement périlleuses : comme le fut néanmoins, lors du siège de La Rochelle, une marche nocturne à travers les marais de la ville pour reconnaître la porte de Maubec, et qui fut d'autant plus nauséeuse et inquiétante que je dus la faire en la seule compagnie du pi˘ emerito furfante della creazione, comme aurait dit la reine-mère.
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    J'étais donc bien loin de m'attendre à ce que Louis quit de moi de l'accompagner en Italie. La raison qu'il voulut bien m'en donner fut que je savais bien l'italien, et que, par conséquent, je lui pourrais être fort précieux dans ses négociations avec le tortueux duc de Savoie, dont il doutait qu'il consentît, par peur de l'occupant espagnol en Milanais, à le laisser traverser ses …tats pour atteindre Casal et délivrer la ville.
    De retour à mon hôtel de la rue des Bourbons, je fus béant d'y trouver Nicolas qui, dès la fin du siège de La Rochelle, avait d˚ cesser auprès de moi ses fonctions d'écuyer et rejoindre les mousquetaires du roi, comme il avait été prévu qu'il ferait dès ses maillots et enfances, son frère aîné
    Monsieur de Clérac étant un des capitaines de cet illustre corps.
    Je fus fort aise de le revoir, ayant gardé de lui la meilleure remembrance, et lui donnai à l'étouffade une forte brassée, laquelle il me rendit sans lésiner, me considérant comme le maître et mentor de ses vertes années, et n'ayant pas eu de père, nourrissant pour moi, qui n'était pourtant que de dix ans son aîné, une quasi filiale gratitude.
    - Nicolas, dis-je, que te voilà bellement attifuré en ton neuf uniforme de mousquetaire! Et comment se fait-il que je te voie céans, alors que déjà
    tes camarades, clos en leur quartier, astiquent leur uniforme, fourbissent leurs armes et bichonnent leurs chevaux pour suivre Louis en Italie ?

    - Monseigneur, je suis céans précisément sur l'ordre de Sa Majesté.
    -

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