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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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Et que me veut le roi ?
    - Il craint que vous ne puissiez me trouver un successeur avant votre département pour l'Italie, et il n'aimerait pas que vous soyez sans écuyer en ce longuissime voyage. Pour cette raison, il a demandé aux mousquetaires de me détacher auprès de vous pour la durée de la campagne.
    - Ma fé ! dis-je, je suis infiniment touché qu'ayant présentement tant de choses à faire, Louis ait pensé à mes commodités. Je suis et je serai fort aise, en effet, Nicolas, de
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    t'avoir à mes côtés en ce prédicament. Car pour te le dire àla franche marguerite, je te regrette fort. Un mot encore, Nicolas, as-tu dit à Madame d'Orbieu la raison de ta présence céans ?
    - Fallait-il le lui cacher ? dit Nicolas, une patte en avant et l'autre déjà sur le recul.
    - Tout le rebours ! J'aime autant ne pas avoir à lui faire moi-même cette annonce. Comment l'a-t-elle prise ?
    - Monseigneur, précisément comme vous pensez qu'elle l'a fait.
    - C'est-à-dire ?...
    - Fort trémulante, et une larme au bord des cils, laquelle aura plus d'une sueur, si j'en crois celles qu'Henriette a versées en cette même occasion.
    Et en effet, dès qu'elle me vit, Catherine se leva de sa couche o˘ elle sanglotait son ‚me, et se jetant contre moi, elle m'étreignit comme si elle noulait me jamais laisser départir, et cela sans mot piper et mouillant mon cou de ses larmes. Cette brassée dura une bonne minute. Après quoi, se déliant de moi et essuyant ses yeux d'un petit mouchoir brodé, elle se redressa toute et me dit d'une voix o˘ l'ire l'emportait sur le chagrin
    - Monsieur, vous êtes un méchant! ¿ peine m'avez-vous mariée que déjà vous m'abandonnez.
    - M'amie, dis-je, fort déconforté de ce ton, je ne vous abandonne pas. Le roi m'a ordonné de le suivre en sa campagne d'Italie. M'allez-vous reprocher de lui obéir ?
    - Mais vous n'êtes pas soldat!
    - Ce n'est pas en cette qualité que je dois accompagner Sa Majesté, mais comme interprète d'italien et comme diplomate.
    - Et croyez-vous, dit-elle, que le boulet ennemi va choisir entre un soldat et un interprète ?
    - M'amie, ledit boulet n'aura pas lieu de choisir: je ne me trouverai jamais ès lieux périlleux, n'ayant pas t‚che de monter aux assauts.
    - Monsieur, dit-elle sans transition, ôtez-moi d'un doute.
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    Ne m'aviez-vous pas dit un jour que vous aviez appris au bec à bec avec des belles les langues étrangères dont vous vous paonnez ?
    - En effet.
    - Ne serait-il pas dès lors tentant, Monsieur, dit-elle, ses yeux mordorés jetant de dangereux éclairs, qu'une fois en Italie, et loin, bien loin de moi, vous ne t‚chiez de perfectionner votre italien au bec à bec avec une personne du gentil sesso ?
    - Madame, je n'en aurai ni l'occasion ni le désir.
    - Et si vous en aviez l'occasion, en auriez-vous le désir ?
    - Mais point du tout! Madame, vous déformez mes paroles de la plus captieuse façon! Ma phrase veut dire que, si même j'en avais l'occasion, je n'en aurais pas le désir.
    - Et en aurez-vous l'occasion ?
    - Cela importe peu, Madame, que j'en aie l'occasion, puisque je n'en aurai pas le désir.
    Mais cette irréfutable logique fut perdue pour Catherine.
    - Vous voudrez bien me concéder cependant, Monsieur, que votre phrase était passablement malheureuse.
    - Elle n'était malheureuse que pour des oreilles qui noulaient entendre ce qu'elle dit.
    - Monsieur ! dit-elle très à la fureur, vous me parlez là bien vertement, il me semble.
    - M'amie, dis-je d'une voix douce et grave, si dans mon ton et mes paroles vous avez trouvé quoi que ce f˚t qui vous donn‚t à penser que je fus impertinent, je vous prie du bon du coeur de m'en bien vouloir excuser.
    Lecteur, je me permets de te recommander ici la méthode dont je viens d'user: dès que dans une querelle une dame avec quelque dureté te malmène, demande-lui pardon. Elle te sera gré de lui présenter les excuses qu'elle aurait d˚ te faire.
    Et en effet, la bonace succédant à la tempête, le regard de ma belle s'adoucit, elle rentra les griffes, et son ton redevint doux et délicieusement féminin.
    - Ah! mon ami, dit-elle, pardonnez à ma folle imagination, mais depuis que j'ai appris avec dol et tristesse l'affreuse nouvelle de votre département, je vous ai vu mort, mutilé ou infidèle.
    Si j'avais eu à choisir entre ces trois perspectives, j'aurais, je le crains, préféré la troisième, mais la remarque, si je l'avais faite, e˚t été aussi mal accueillie que

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