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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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la phrase, en effet, malvenue sur "
    l'occasion et le désir ". Je fus sage, et je me tus.
    Dans les jours qui suivirent et précédèrent mon département, je t‚chai de persuader Catherine - et y réussis, je crois - que je n'allais courir aucun danger en cette campagne. Cependant, je me gardai de toute promesse de lui garder ma foi, car cela même lui aurait mis en pensée des doutes. Alors même que j'avais pris en mon for la plus adamantine décision, en me cuirassant à l'avance, contre les charmes et les sortilèges du gentil sesso italien.
    Bien qu'on ne sache à quel aune l'absence et le déconfort puissent se mesurer, je ne laissais pas, en fait, de p‚tir autant que Catherine de notre séparation, et maugré tant de choses intéressantes, tragiques et nouvelles que je me flattais de vivre et voir en cette belle Italie, au cours de cette campagne, dès que le jour, en campagne, laissait place à la nuit et que je gagnais seul ma couche, ma vie me paraissait fade, insipide, sans matière ni raison, et comme étrangère àmoi-même.
    Avant que de départir, je t‚chai du moins que Catherine ne f˚t pas exposée, pendant mon absence, aux périls et incommodités de la solitude. Non sans raison, elle regrettait sa belle ville de Nantes o˘ une fraîche brise, venue de la mer océane, balayait quand et quand ciel et terre. Elle voyait, disait-elle, en Paris une villasse sale et malodorante, les rues fort embrennées et, au surplus, si encombrées de tant de coches, de carrosses, de litières, de cavaliers et de piétons qu'on ne pouvait avancer qu'au pas au milieu des querelles, hurlades et claquements de fouet des cochers. Ces mêmes rues étaient, de reste, infestées la nuit par des bandes de mauvais garçons, coupeurs de bourses, casseurs de trognes, 52
    forceurs de filles et, à l'occasion, ne faisant pas plus cas de la vie d'un homme que de celle d'un poulet. Ce n'étaient que bruit et noise insufférables, et à peine s'endormait-on, qu'à la pique du jour les deux cents églises de la capitale se mettaient à carillonner toutes en même temps pour appeler les dévots aux m‚tines. Lesdites cloches, à peine tues, étaient relayées par les cocoricos à l'infini des dix mille ou vingt mille coqs de la capitale, les Parisiens ayant la manie et folie d'élever des poules, f˚t-ce même dans leurs caves, pour avoir des neufs frais.
    Certes, mon hôtel de la rue des Bourbons était bien remparé, se trouvant clos par un lourd portail de chêne aspé de fer, flanqué de murs fort hauts, garnis de fortes pointes en leurs sommets, gardé par un herculéen portier et quatre dogues allemands qui, rien qu'à les envisager, vous faisaient dresser le poil.
    Mais l'audace des coquarts parisiens étant sans limites, je jugeai que ces défenses se trouvaient insuffisantes pour la sécurité de ma belle, et qu'elle les perdrait en fait tout àplein, dès qu'elle voudrait saillir hors des murs en sa carrosse pour courir les boutiques et acheter ses affiquets.
    Je retournai la chose en mon esprit pendant une journée, et en fin de compte, je décidai d'envoyer ledit Nicolas au capitaine Hôrner pour le prier de me venir visiter dès lors qu'il le pourrait. Et dès qu'il fut là, et il fut là en un battement de cils, je le reçus en le cabinet o˘ j'écris mes lettresmissives, le fis asseoir à une petite table ronde, et partageai avec lui un flacon de mon vin de Moselle accompagné de quelques friandises de gueule.
    - Also, Herr Hôrner ! dis-je. Wie geht es Ihnen ? Sie sehen etwas abgemagert aus.
    - Das stimmt 1 ! dit Hôrner, sa large face, d'ordinaire 1. - Eh bien, Monsieur Hbrner, comment allez-vous ? Vous paraissez quelque peu amaigri.
    - C'est cela (all.).
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    rouge comme un jambon, me paraissant bien p‚lie. Je suis, en effet, bien amaigri, dit-il, et mes hommes aussi. Depuis que, le siège fini, nous vous avons escorté de La Rochelle àParis, nous n'avons pas trouvé un autre engagement. Et comme un malheur ne vient jamais seul, la campagne d'Italie va achever de nous ôter le pain de la bouche.
    - Et pourquoi donc ? dis-je.
    - Mais, Monseigneur, il n'est pas de gentilhomme de bonne maison qui ne veuille servir en cette occasion dans l'armée du roi, ne serait-ce que pour s'en paonner ensuite devant sa belle. Et comme ces gentilshommes sont à
    l'ordinaire ceux qui nous emploient, nous voilà ruinés. que faire pourtant ? La campagne d'Italie ne peut pas durer moins de quatre mois (par bonheur,

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