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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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même pas l'indécence. Le cardinal était là, et moi à ses côtés quand le roi reçut la lettre-missive dévergognée qui contenait cette proposition. Tout sévère et austère qu'il f˚t, elle fit rire le roi.
    - Cinquante mille écus pour un équipage ! dit-il. C'est payer cher un cheval et son harnachement ! qu'en pensezvous, Monsieur le Cardinal ?

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    - Sire, dit gravement Richelieu, Monsieur le duc d'Orléans est par le rang le deuxième personnage de l'…tat. Il est aussi difficile de lui refuser ce commandement qu'il est impossible de le lui accorder.
    - je vais pourtant le lui refuser, dit Louis. Mais comment ?Voilà le hic.
    Car je vois bien qu'il y faudra mettre quelque ménagement.
    - Sire, dit Richelieu, la seule façon courtoise que vous ayez de refuser à
    votre frère cadet ce commandement, c'est de l'assumer vous-même.
    - Mais c'est bien ce que je comptais faire, dit Louis, fort satisfait d'être poussé à une décision qu'il aspirait à prendre, sans être encore résolu à la faire connaître.
    - Cependant, dit Richelieu, vous pourriez, ce faisant, demander à Monsieur le duc d'Orléans d'être votre brillant second dans cette campagne.
    - je ne sais si je le dois, dit Louis avec un soupir. C'est qu'il pourrait bien accepter.
    ¿ quoi le cardinal se permit un discret sourire, et moi aussi, et Louis, le rire le plus franc. Il fallait que ce f˚t un jour béni des Dieux, et que Louis f˚t très heureux, pour qu'il se permît, à l'idée de redevenir le roisoldat, deux rires dans une même journée.
    - Sire, dit Richelieu, n'ayez pas la crainte que Monsieur le duc d'Orléans accepte cette proposition. Si, comme je crois, cette campagne d'Italie consacre votre gloire, Monsieur le duc d'Orléans ne voudra pas en recevoir un reflet, à son gré, trop p‚le.
    Et en effet, quelques jours plus tard, le cardinal sut par ses espions que Gaston avait rejeté l'idée de prendre part à la campagne d'Italie, arguant que sa présence ne serait pas utile, Richelieu accompagnant le roi, ce qui voulait dire, qu'il saurait tout et qu'il ferait tout... Belle fléchette qui avait des chances, en retombant, de blesser son aîné autant que le cardinal.
    - je ne saurai pas tout, dit Richelieu en commentant ce méchant propos devant moi, mais je ferai beaucoup, et dans
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    l'ombre et sans gloire, puisque je me suis donné pour t‚che d'assurer l'envitaillement en viandes et en munitions, les séjours aux étapes et le paiement des soldes.
    C'est-à-dire, lecteur, une t‚che surhumaine, o˘ jusque-là les intendants du roi avaient donné peu de satisfactions, sauf à leurs propres boursicots.
    Le quinze janvier 1629, Louis quitta Paris pour l'Italie avec trente mille soldats et cinq mille cavaliers : grandissime armée, comme on voit, aussi nombreuse que celle avec laquelle en 1627 il avait investi La Rochelle, le but étant de frapper l'ennemi de terreur par le nombre, afin de ne pas avoir besoin d'engager le fer.
    Pour.commander cette armée, Louis emmena avec lui, outre le cardinal - qui devait jouer le rôle " humble ", mais importantissime que l'on sait -, les maréchaux Schomberg, Bassompierre, d'Estrées et Créqui. Lecteur, je ne sais pas quel fut ton grade dans les armées o˘ tu servis, cependant, même, et surtout s'il fut modeste, j'espère que tu éprouveras quelque contentement à
    renverser les rôles et à passer en revue avec moi ces quatre maréchaux.
    Des deux premiers, j'ai déjà beaucoup parlé dans les tomes de mes Mémoires précédant celui-ci, et ce que j'en dis ici n'est pas inconnu de ceux qui les ont lus. je commence par Schomberg, parce que la vertu étant sans histoire, il suffit de quelques mots pour en rendre compte : Schomberg était vaillant, discipliné, compétent, consciencieux, et, tant au roi qu'à
    son épouse, d'une adamantine fidélité. Chose digne d'être noté, la Cour (et par ce mot j'entends les caquets et caquettes qui foisonnent en ce lieu clos) ne trouva jamais rien à dire à son détriment.
    Fils d'un père lorrain et d'une mère française, Bassompierre était de son côté un étonnant mélange de grandes qualités et de défauts qui n'étaient pas petits, qualités et
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    défauts dont je laisserai au lecteur le soin de décider lesquels étaient français, et lesquels germaniques. Bassompierre avait beaucoup lu, sans que cela l'e˚t rendu pédant. Il connaissait fort bien le métier des armes. En outre, il était gai, souple, charmant et plein d'esprit,

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