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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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rapidement que tout homme doté de la vue – plus rapidement, même, par une nuit très sombre. Mais cela l’aidait d’avoir avec lui quelqu’un qui pût lui décrire l’apparence du malade. Non qu’il crût un seul instant que maître Sebastià fût souffrant.
    Son patient était assis dans son lit, buvant délicatement du vin coupé d’eau et mordant dans un gâteau au miel.
    — Oh, maître Isaac, je suis soulagé de vous voir ici.
    — Qu’est-ce qui vous perturbe, maître Sebastià ?
    — J’ai des vertiges…
    — Depuis combien de temps ? s’enquit le médecin.
    — Bien avant le coucher du soleil, répondit l’autre avec impatience. Et puis j’entends mal à cause du tintement dans mes oreilles. Je me suis réveillé, en proie à une terrible panique, à peine capable de respirer, et je vous ai envoyé quérir à l’instant.
    — Un moment, trancha Isaac. Ne dites plus rien avant que j’aie fini de vous examiner. J’en saurai alors un peu plus.
    Quand il eut terminé, il se retira dans un coin avec son apprenti.
    — Dis-moi à quoi il ressemble, Yusuf.
    — Il a l’air tout à fait bien, seigneur.
    — Sois précis, mon garçon. Fais comme Raquel.
    — Je vous demande pardon, seigneur. Son teint est un peu sombre, pas trop rubicond, mais il n’a rien de pâle. Ses lèvres sont rouges et d’allure saine. Il n’a pas l’air malade, ajouta-t-il dans un chuchotement.
    — Emporte ceci à la cuisine. Et fais-le tremper dans l’eau chaude. Beaucoup d’eau chaude.
    — Oui, seigneur, répondit le garçon.
    — Votre apprenti est très intelligent, dit Sebastià dès que Yusuf fut sorti de la pièce.
    — C’est vrai, convint Isaac. Je l’apprécie beaucoup même s’il n’en est qu’au début de ses études.
    — J’ai entendu dire qu’il était très versé dans les traditions orientales. Est-ce vrai ?
    — Je crains que cela ne soit que l’un des contes échafaudés par ceux qui cherchent à donner du piment à leur existence. Il n’en sait pas plus que n’importe quel enfant de son âge. Il était très jeune quand il a quitté sa terre natale.
    — J’aimais mieux la façon dont en parlaient les commérages, avoua Sebastià.
    — C’est souvent ainsi pour nombre de choses, n’est-ce pas ? Bon. Maître Sebastià, je crois que vous n’avez rien de bien sérieux pour le moment. Vous devriez malgré tout prendre soin de vous. Certaines personnes sont très affectées par la chaleur. Je suspecte que c’est ce qui se cache derrière cette panique et ce manque de souffle.
    — Certains peuvent s’offrir des bosquets ombragés, des fontaines où se rafraîchir et de vastes maisons destinées à les tenir à l’écart de la canicule. Que peut donc un pauvre homme tel que moi ?
    — Vous lever tôt, maître Sebastià. Et vaquer à vos occupations dans la fraîcheur du matin, dit rapidement le médecin qui avait choisi de le prendre au mot. Buvez des liquides qui n’échauffent pas le sang et évitez les plats riches au dîner. Je vous ai laissé une préparation à base de simples. Elle doit être plongée dans un pichet d’eau chaude jusqu’à ce que le liquide prenne une couleur brune. Laissez-la refroidir avant de la boire. Vous verrez, elle vous aidera à garder votre corps calme et frais. Vous pouvez en boire autant que vous en éprouvez le besoin.
    — Mais où est donc votre adorable fille ? demanda Sebastià. J’avais espéré l’entrevoir. Non que je n’apprécie la présence de ce jeune garçon : il m’a l’air tout à fait vif.
    — Oh, oui ! s’amusa Isaac. Mais comme tous ses semblables, il est parfois un peu trop prompt à disparaître quand on a précisément besoin de lui.
    — Ah, les garçons ! De délicieuses créatures, mais terriblement peu fiables, j’en conviens.
    — Raquel travaillant très dur durant la journée, je préfère la laisser dormir la nuit et emmener Yusuf à la place.
    — Maître Isaac, il se peut que je n’aie bientôt plus besoin des services d’un médecin. Et je ne vous dérangerai plus en pleine nuit.
    — Je suis certain que vous vous remettrez très vite, maître Sebastià. Et que vous vivrez très vieux.
    — Je l’espère de tout cœur, dit le patient qui semblait remarquablement joyeux.

CHAPITRE II
    Lundi 2 juin 1354
     
    C’est seulement quelques nuits plus tard qu’Isaac fut tiré d’un sommeil profond et paisible aux côtés de son épouse par de lourds coups frappés au

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