La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon

AVERTISSEMENT
    Nombreux sont les lecteurs qui connaissent l’ouvrage de Christiane Desroches Noblecourt, « Toutankhamon, vie et mort d’un pharaon {1}  ». Ce livre, magnifiquement illustré en couleurs, et dont le mérite essentiel est de présenter non seulement une remarquable reconstitution de la vie et du règne du grand roi, mais d’offrir aussi un incomparable inventaire des trésors d’art mis au jour par Carter, fait aujourd’hui autorité dans le monde de l’archéologie.
    En revanche, et inexplicablement, les Mémoires du véritable auteur de cette découverte capitale n’avaient jamais été publiés dans notre pays. C’est pour combler cette surprenante lacune que nous nous sommes attachés à proposer ici le récit, inédit en France, de cette extraordinaire aventure, écrit par celui qui, il y a plus de cinquante années, la vécut « en direct ».
    Dans leur édition originale anglaise ces souvenirs d’Howard Carter comportaient trois volumes. Mais seuls le premier tome et un chapitre du deuxième, évoquant l’ultime ouverture du sarcophage royal, relataient les différentes péripéties historiques et pratiques de la découverte. Ils répondaient donc pleinement à notre propos. Ce sont ces pages que nous avons décidé de publier, nous abstenant volontairement de reproduire les deuxième et troisième tomes essentiellement consacrés à la description des objets. Ce sujet, nous venons de le dire, a été magistralement et définitivement traité par Christiane Desroches Noblecourt. Son livre, à cet égard, demeure inégalé.
    Différent et complémentaire à la fois nous apparaît le passionnant récit de Howard Carter. Authentique témoignage d’un homme ayant vécu en personne l’événement, il restitue avec une émotion intense les moments les plus exaltants de l’aventure. Rapporté de la manière la plus vivante, il permet au lecteur de participer directement à chacune des phases de la prodigieuse « résurrection » de Toutankhamon – résurrection qui, sans Carter, n’aurait peut-être jamais eu lieu.
    Les É DITEURS

Avec l’adhésion totale de mon collaborateur, M. Mace, je dédie ce récit de la découverte de la tombe de Toutankhamon à la mémoire de mon très estimé ami et collègue,
    Lord CARNARVON
    mort à l’heure de son triomphe
     
    Sans sa générosité inlassable et ses constants encouragements, nos travaux n’auraient jamais pu être couronnés de succès. Son entendement de l’art ancien a rarement été égalé. L’histoire honorera éternellement les efforts qu’il a déployés pour enrichir nos connaissances de l’égyptologie. Quant à moi, je chéris à jamais sa mémoire.
    H. C.

1
LE ROI ET LA REINE
    Toutankhamon ! Le monde entier connaît à présent le nom de ce jeune pharaon. Pourtant, que savons-nous de lui ? Il était le gendre de ce souverain égyptien qui a fait couler tant d’encre et dont on a probablement surestimé l’importance, le roi hérétique Akhénaton. Mais, en ce qui concerne sa parenté directe, nous en sommes réduits aux hypothèses. Peut-être était-il de sang royal et avait-il ainsi certains droits au trône. Peut-être n’était-ce qu’un simple roturier. Cela importe peu puisque son mariage avec la fille d’un roi en faisait automatiquement, selon les lois de succession égyptiennes, l’héritier présomptif du royaume d’Égypte. Position particulièrement délicate à cette époque de l’histoire du pays.
    À l’extérieur, l’Empire, fondé au XV e siècle avant notre ère par Thoutmosis III et préservé avec difficulté par les monarques successifs, s’était rétréci comme une peau de chagrin. À l’intérieur, le mécontentement grondait. Les prêtres de l’ancien culte, qui voyaient leurs dieux méprisés et leur propre existence compromise, n’attendaient que le moment propice pour rétablir leur autorité. L’armée, mortifiée d’être condamnée à l’inaction, était prête à se lancer dans n’importe quelle aventure. Le harem, qui regroupait les étrangères introduites en grand nombre à la cour depuis les guerres de conquête, était devenu un véritable ferment d’intrigues. Les commerçants et les marchands, devant le déclin du commerce avec l’étranger et la restriction des débouchés sur le marché intérieur, étaient d’humeur morose. Le peuple, refusant le changement, s’affligeait de la perte de ses anciens dieux et attribuait le moindre de ses malheurs à