Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
Vom Netzwerk:
Cruilles, évêque de Gérone, était assis dans son lit. Il semblait connaître un état d’irritation extrême.
    — Un rêve, Isaac, voilà ce que c’était. Un rêve, et ce sot de Bernat a paniqué et vous a tiré de votre lit. Il est censé être mon secrétaire, pas ma nourrice.
    — Quelle sorte de rêve, Votre Excellence ? s’enquit Isaac.
    — À quoi bon parler de mes rêves ? fit l’évêque avec impatience.
    — Cela aide parfois.
    — Bernat, vous pouvez regagner votre lit. Il y a beaucoup à faire demain matin, et je ne veux pas que vous soyez dans le brouillard alors que vous devez être vigilant.
    — J’ai bien dormi, Votre Excellence, répondit calmement le secrétaire. Je demeurerai ici un instant. Le médecin peut avoir besoin d’aide.
    — Comparée à vous, Bernat, une mule est un modèle de coopération. Fort bien, ajouta l’évêque, résigné. Restez si vous le voulez.
    Isaac prit le poignet de Berenguer. Le médecin ne s’était pas inquiété de l’état de son patient jusqu’à ce qu’il prononçât ces derniers mots. Le souci lui faisait maintenant plisser le front. Une vigoureuse opposition, voilà comment Son Excellence réagissait habituellement à toute offre d’aide – surtout de la part de ses subordonnés. Cette résignation avait quelque chose d’alarmant.
    — Je rêvais d’un énorme mastiff dans la maison de mon père, dit brusquement l’évêque. Une bête qui me terrorisait lorsque j’étais enfant. La tristesse que j’éprouvais en quittant la maison pour le cloître s’apaisa quand je découvris que les chiens des moines étaient de douces créatures et qu’il n’y en avait aucune aussi féroce que celle-ci.
    — Qu’est-il arrivé dans ce rêve ? le questionna Isaac. Ou l’apparition de cette bête en constitue-t-elle la substance ?
    — Oh non, il y a bien d’autres choses. Le mastiff est monté sur mon lit et s’est couché sur moi, me clouant à ma couche et m’interdisant tout mouvement, dit l’évêque avant de reprendre son souffle. C’est sans aucun doute une chimère démoniaque, soupira-t-il, qui a pris cette forme pour me distraire alors que je dois me préparer à la réunion agitée prévue pour demain matin.
    — Je n’ai nul désir d’instruire Votre Excellence dans les choses de l’esprit, mais j’envisage pour votre rêve d’autres causes que des démons. Si Votre Excellence me le permet, j’aimerais écouter votre poitrine.
    — Mais ma poitrine n’a rien du tout, murmura Berenguer en dénouant le cordonnet de sa chemise.
    Isaac appliqua son oreille sur le torse de l’évêque et écouta attentivement, d’un côté du corps d’abord, puis de l’autre.
    — Ce n’est pas vrai, Votre Excellence, dit-il enfin. Il y a là de la congestion – un grand excès de phlegme. Vous devez garder le lit et renoncer à cette réunion. Je vous laisserai une préparation à base de plantes. Buvez-en un bol dès à présent et un autre quand la cloche sonnera tierce. Votre voyage et trop de travail et de soucis à votre retour vous auront affaibli. Vous devez vous reposer.
    — Comment le pourrais-je ? Je suis un peu las, je l’admets, mais je me sens en parfaite santé. Même si beaucoup ont tendance à le croire, le diocèse ne s’administre pas tout seul.
    — Faites venir vos musiciens. Demandez que quelqu’un pourvu d’une voix plaisante vous fasse la lecture. Oubliez le diocèse et ses problèmes. Et dormez.
    Il se tourna vers le serviteur, qui attendait discrètement dans le coin le plus reculé de la chambre.
    — Apportez d’autres oreillers à Son Excellence pour faciliter sa respiration tant que la congestion n’aura pas disparu, et veillez à ce qu’il ne soit pas dérangé.
    — Oui, maître Isaac.
    — Je reviendrai avant dîner voir comment vous vous portez, Votre Excellence.
    La porte de la chambre de l’évêque s’ouvrit brusquement. Le sergent et Francesc Monterranes, le plus fidèle chanoine de l’évêque, entrèrent.
    — Votre Excellence, dit le sergent, pardonnez-moi cette intrusion, mais nous avons trouvé un homme mort sur les marches du palais.
    — Vous n’avez qu’à l’enlever, répondit Berenguer avec lassitude. Et prendre des mesures pour savoir de qui il s’agit.
    — C’est ce qui a été fait, Votre Excellence.
    — Dans ce cas, pourquoi me dérangez-vous…
    — Il s’agit de Gualter Gutiérrez, dit Francesc. Il est mort d’un coup de couteau en pleine

Weitere Kostenlose Bücher