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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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seulement nous la connaissions. Bien, je dois écrire à Sa Majesté, ajouta vivement Berenguer. Même si, le ciel m’en est témoin, je n’ai nul désir de le faire.
    — Sa Majesté sera-t-elle fâchée ? demanda Isaac.
    — Oui. Il faut soit convaincre ce garçon de se montrer plus prudent, soit lui donner les moyens de se défendre seul. Peut-être lui faudrait-il un garde, dit l’évêque d’un ton léger.
    — Il lui mènerait la vie dure, intervint son secrétaire.
    — Vous avez tout à fait raison, Bernat. C’est déprimant, vous avez toujours raison… Bien, vous pouvez nous laisser en attendant que je rédige cette lettre. Nous avons à bavarder.
    — Votre Excellence m’a l’air remarquablement peu troublée par cette situation, constata Isaac.
    — C’est exact. Et comme vous l’avez vous-même précisé, c’est remarquable. J’ai fort bien dormi le reste de la nuit et je me suis levé en pleine forme. Je crois sincèrement que c’est parce que cette satanée coupe a disparu avec tous les problèmes qu’elle engendrait. Elle est maintenant loin de mon diocèse et elle tourmentera quelqu’un d’autre.
    — J’imagine qu’elle est en effet assez loin à l’heure qu’il est. Et son gardien aussi.
    — Son gardien ? Ah, vous faites allusion à Joaquim. Je suppose qu’il se sent investi de ce titre. C’est un étrange personnage. Saviez-vous qu’il avait peur de la lune ? demanda Berenguer.
    — Vraiment ?
    — La première fois qu’il a quitté l’abbaye sans permission, il a déclaré aux frères venus le chercher qu’il était heureux de les revoir parce qu’il avait faim et que la lune l’effrayait. J’ai trouvé cela bien curieux pour un enfant des montagnes.
    — Je pense que l’on a dû être méchant avec lui, raisonna Isaac. Il préfère maintenant voyager sous le couvert de la nuit, quand la lune n’est pas pleine. Nul doute que le ciel nocturne est empli de signes qu’il sait déchiffrer, et je puis vous assurer qu’il est à même de repérer un adversaire avant que celui-ci ne le voie. C’est un innocent, Votre Excellence. L’âme même de l’innocence.
    — Innocent, maître Isaac ? Trop innocent pour tuer un homme, voulez-vous dire ?
    Isaac réfléchit un instant.
    — Oui. À moins que ce ne soit pour protéger autrui.
    — Le sergent est un homme sage et expérimenté, dit Berenguer. Le jeune Daniel est un brave garçon, et Marc le Fauve était un individu détestable. Si l’on devait choisir entre eux…
    — Le Seigneur nous épargne une telle épreuve, Votre Excellence.
    — Et je l’en remercie.
    L’évêque parut hésiter.
    — Si je faisais apporter l’échiquier, disputeriez-vous une partie contre moi ?
    — Avec grand plaisir, Votre Excellence.
     
    Dans la cour d’Isaac, Raquel s’intéressait aussi aux événements de la nuit. Elle était occupée à appliquer un baume sur les poignets de Yusuf et à les entourer de linges doux.
    — Ce fut une vraie chance que tu te trouves non loin de nous, dit-elle.
    — J’ai fait de mon mieux pour conduire maître Sebastià le plus près possible, vous avez ainsi pu nous voir. Ou nous entendre.
    — Comment savais-tu que nous étions là ? Nous avons fait tout notre possible pour garder le silence. Ou plutôt, disons que papa a réussi et que j’ai échoué.
    — Je n’ai rien entendu, si ce n’est un faible murmure qui pouvait indiquer des voix. Non, ce n’est pas cela. J’ai senti vos cheveux. Le jasmin de vos cheveux.
    — Je ne suis pas la seule femme à porter du jasmin, tu sais. Et si ç’avait été quelqu’un d’autre ?
    — Je serais reparti. Il fallait que je l’emmène quelque part, en tout cas, ajouta Yusuf. Il avait l’air persuadé que je savais où aller.
     
    Au cours de la même matinée, un contingent de gardes vint fouiller la maison de maître Sebastià. Les serviteurs les aidèrent avec enthousiasme : dès qu’ils avaient appris la nouvelle de l’arrestation de leur maître, ils avaient compris qu’il était de leur intérêt de se débarrasser des vestiges de loyauté qu’ils pouvaient encore avoir à son égard. La cuisinière et la fille de cuisine évoquèrent une pièce secrète dans les combles – une pièce si bien fermée qu’aucune clef n’avait jamais réussi à l’ouvrir, et Dieu sait si les tentatives avaient été nombreuses !
    Voyant là l’occasion d’attirer sur elle la renommée et même la fortune, la petite

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